Quand le nouveau coach d’Équipe Canada à Gatineau parle six langues

Le nouvel entraîneur-chef de l'équipe canadienne de volley-ball masculin à Gatineau, Tuomas Sammelvuo.

La discussion avec le nouvel entraîneur-chef de l’équipe canadienne de volleyball masculin tirait à sa fin. Elle était à la fois fascinante et rafraîchissante.


«C’est fou comment le monde est parfois petit», a fini par avouer Tuomas Sammelvuo en ce mercredi matin tranquille au centre sportif de Gatineau.

Le géant scandinave ne faisait pas référence à son gabarit de six pieds quatre pouces. Cet ancien joueur étoile, qui a été capitaine de la Finlande, est plus grand que la moyenne des gens en Outaouais.



C’est que Sammelvuo retrouve des visages familiers dans le giron de Volleyball Canada.

«Je regardais une vidéo YouTube l’autre jour d’un match quand j’étais joueur. Sur une des séquences, je bloque une attaque de Dan Lewis», dit-il.

Lewis était une vedette de l’équipe canadienne durant les années 2000. Le voilà maintenant un des instructeurs au centre national d’entraînement, à Gatineau.

Tuomas Sammelvuo a mené la Russie à la médaille d'argent aux derniers Jeux olympiques.

Ajoutez que le capitaine de l’édition actuelle, Nicholas Hoag, est le fils d’un homme devenu un de ses bons amis. Le Gatinois Glenn Hoag a aidé Sammelvuo à ses débuts comme coach en 2013.



«J’ai fait le saut directement comme entraîneur à ma retraite comme joueur. Tout était nouveau. J’avais un grand désir d’apprendre, mais j’avais besoin d’aide.»

Ce dernier a contacté Hoag qui était déjà un des meilleurs instructeurs au monde.

«Il m’a donné tout son matériel de coach. Ça m’avait aidé à bien partir. Glenn avait posé le geste sans hésitation et sans attendre rien en retour. Je demeure reconnaissant de son geste. J’ai même encore tout son matériel en ma possession.»

Une décennie plus tard, Sammelvuo est devenu à son tour un réputé entraîneur. Partout où il passe, ses équipes connaissent du succès.

Sous sa gouverne, la Russie a gagné la médaille d’argent aux derniers Jeux olympiques. Puis il y a une dizaine de jours, sa formation professionnelle polonaise, le Zaksa Kedzierzyn-Kozle, a été couronnée championne de la Ligue des champions.

Ce qui explique pourquoi Volleyball Canada se frotte les mains. Ça explique pourquoi les joueurs semblent si heureux et motivés à la veille d’une séquence de quatre mois qui mèneront vers le dernier tournoi de qualification olympique.



«C’est un des plus grands coaches en ce moment au monde», note Nicholas Hoag, qui entame sa dixième saison avec Équipe Canada.

«Il a beaucoup de respect. Il fait les choses de façon claire. Il y a déjà une bonne culture d’équipe. Il n’y a pas de favoritisme. Tout le monde est sur la même longueur d’onde. C’est le fun de voir ça.»

Nicholas Hoag est le capitaine et l'unique joueur québécois de l'équipe canadienne.

Ce qui rend le coach attachant aussi? Son ouverture d’esprit. Sa curiosité. Son amour des autres cultures.

Tuomas Sammelvuo a effectué une promesse à son père quand il a quitté son pays natal afin de faire carrière comme joueur dans les rangs professionnels.

«Je lui ai juré que j’allais apprendre la langue de chaque pays où je jouerais», explique celui qui peut communiquer parfaitement en finnois, en anglais, en russe, en italien, en polonais et en français.

«J’ai aussi appris à parler un peu le japonais à la fin de mon année passée là-bas», lance-t-il avec fierté.

«C’est une question de respect pour ton employeur et ta terre d’accueil d’apprendre leur langue et s’intéresser à leur culture. Chaque fois, je m’achetais des livres pour apprendre par moi-même. Si tu y mets le temps et l’effort, tout le monde peut y arriver. Je trouve que ça m’a permis de devenir un meilleur joueur et un meilleur coach. Ça m’a aidé à mieux communiquer avec les joueurs, surtout durant la saison dans les clubs pros.»

Sammelvuo a été embauché en novembre par Volleyball Canada, remplaçant Ben Josephson dont l’aventure à la barre de l’équipe canadienne a duré une seule saison. Une saison durant laquelle la formation nationale a dégringolé au 12e rang mondial après des contre-performances à la Ligue des Nations et les championnats du monde.



Le Canada affrontera le Brésil, jeudi et vendredi, lors de deux matches préparatoires au centre sportif de Gatineau.

Le nouveau coach est débarqué en ville, tôt la semaine dernière, après la fin de la saison de son club pro en Europe. Ses adjoints ont pris la relève durant son absence afin de préparer les joueurs.

Le Canada tentera de se qualifier en vue des Jeux olympiques pour une troisième édition de suite après une cinquième place à Rio et une huitième place à Tokyo.

Sauf que la route pour se rendre à Paris 2024 sera plus ardue que par le passé.

«Le système de qualification a changé. Il n’y a plus notamment de tournoi de la dernière chance», note Nicholas Hoag.

Dans le passé, le Canada a pu profiter d’une telle compétition pour obtenir son laissez-passer. Cette fois-ci, ça se passera à une série de compétitions à la fin de l’été.

Hoag et ses coéquipiers devront terminer parmi les deux premiers pays de leur division pour obtenir leur billet olympique. S’ils échouent, ils pourraient se retrouver quand même aux Jeux si leur classement mondial leur permet.

«C’est pourquoi tous nos matches dans les prochains mois seront importants. Il faut amasser des points», explique Hoag.

«Chaque partie est en quelque sorte une qualification olympique, ajoute Tuomas Sammelvuo. Chaque journée sera importante.»

L'équipe brésilienne a tenu un entraînement mercredi au centre sportif de Gatineau.

Ça commencera la semaine prochaine avec la Ligue des Nations présentée à la Place TD, à Ottawa. Le Canada se retrouvera dans un pool avec les États-Unis, l’Argentine, l’Italie, Cuba, l’Allemagne, le Brésil et les Pays-Bas.

Pour bien s’y préparer, il disputera deux parties préparatoires contre les Brésiliens, médaillés de bronze des derniers championnats du monde, ce jeudi et vendredi, au centre sportif de Gatineau.



«Un adversaire de premier ordre. Affronter une telle équipe nous aidera à mieux évaluer le travail qui reste à faire», note Sammelvuo, qui aime déjà une chose de sa nouvelle équipe.

«Les Canadiens sont reconnus comme des gens qui travaillent forts. En tant qu’entraîneur, j’adore les joueurs qui possèdent une bonne éthique de travail. Il y a un désir ici de travailler sans relâche. Je n’ai pas besoin de dire à un des gars de travailler fort. Ils le font déjà. C’est une des choses qui m’a motivé à me joindre à ce programme.»