Une fois de temps en temps, il arrive qu’une surprise survienne. Un joueur que personne n’avait vu venir parvient à sortir de l’ombre. Par ses performances constantes, lors des matches préparatoires, ce joueur parvient à forcer la main de ses patrons.
À Montréal, la semaine dernière, l’entraîneur-chef du Canadien Martin Saint-Louis a livré un long et divertissant monologue sur les «chaises» qu’il faut parfois voler.
Ceux qui connaissent le langage du sport ont compris.
À 200 kilomètres à l’ouest du complexe d’entraînement de Brossard, on se demande sérieusement si certains attaquants parviendront à voler une chaise.
Ça pourrait même se produire deux fois plutôt qu’une.
Quelqu’un l’a rattrapé
Quand le camp a débuté, on a vite noté que Jirí Smejkal avait l’air d’un joueur de la Ligue nationale. Nous n’avons pas été surpris. La direction des Sénateurs d’Ottawa ne l’avait certainement pas arraché à son club suédois, alors qu’il est âgé de 26 ans, pour le simple plaisir de lui faire découvrir les charmes de Belleville.
Au terme des premiers matches préparatoires, on croyait qu’il était le principal aspirant, sur la liste des recrues qui aspirent à se tailler un poste dans le quatrième trio.
Et puis, dans les derniers jours, quelqu’un l’a rattrapé.
Ce quelqu’un, c’est Roby Järventie. Le centre finlandais n’avait jamais vraiment fait parler de lui pour les bonnes raisons, depuis le jour où les Sénateurs l’ont réclamé au 33e rang, lors du repêchage de 2020. Il demeure tout jeune. On se disait qu’il pouvait encore trouver le moyen de progresser. On ne s’attendait cependant pas à ce que le progrès se manifeste maintenant.
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Lorsqu’il s’est présenté devant les journalistes, après le match de dimanche après-midi au Cap Breton, Järventie semblait parfaitement conscient que sa valeur est en hausse. «Je me sens de plus en plus confiant après chaque partie. Je commence à me familiariser avec notre système de jeu et avec tout le reste. Quand on s’habitue à la vitesse du jeu et qu’on maîtrise le système, ça fait une grosse différence», a-t-il déclaré.
Question de santé
On est peut-être surpris du rendement de Järventie parce qu’on n’a pas complètement fait nos devoirs. Il paraît que son entraîneur Troy Mann l’aimait bien, l’an dernier. Son principal problème, c’était la santé. Il a raté près de la moitié de la saison parce qu’il soignait différentes blessures. Il est difficile, dans le contexte, de se faire voir.
La principale porte d’entrée qui donne accès à la LNH, pour un jeune attaquant, c’est le quatrième trio.
Encore une fois, quand on écoute l’entrevue d’après-match de Järventie, on a l’impression qu’il en est conscient.
Quand les journalistes ont voulu lui parler de sa grosse performance offensive, avec ses deux points, il a répondu qu’il essayait «juste de jouer de façon responsable, dans les deux sens de la patinoire. Je veux juste placer les rondelles dans le fonds du territoire adverse, pour ensuite appliquer un bon échec avant. Les points? C’est facile, quand un gars comme Drake Batherson se trouve dans ton trio...»
La question du quatrième trio doit forcément occuper une bonne partie des discussions, lorsque D.J. Smith croise ses patrons Steve Staios et Pierre Dorion, en cette semaine qui débute dans les Maritimes.
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S’ils souhaitent vraiment mettre un terme à la séquence de six années consécutives sans participer aux séries éliminatoires, les dirigeants des Sénateurs doivent trouver des façons de s’améliorer à tous les niveaux. Et la production des attaquants de quatrième trio d’Ottawa fut particulièrement faible, durant la saison 2022-23.
Trois des cinq attaquants les plus fréquemment utilisés dans ce rôle – Derick Brassard, Dylan Gambrell et Austin Watson – ne sont pas de retour. Il reste Mark Kastelic et Parker Kelly. Ils sont plus jeunes. Ils ont peut-être quelque chose de plus à offrir.
À date, Smith n’a pas l’air convaincu. La semaine dernière, après le match hors-concours perdu à Montréal, il a lancé un message à certains joueurs qui ne pouvaient pas se permettre de livrer trop de contre-performances du genre. On ne peut s’empêcher de penser qu’il s’adressait à eux.
Déjà fatigué?
On pense que Smejkal serait davantage capable de «voler la chaise» d’un vétéran. Il a de l’expérience. Il a lentement gravi les échelons du hockey professionnel européen en se contentant de petits boulots. Le quatrième trio, il connaît ça. Il a toujours réussi à gagner sa vie dans le hockey, en partie, parce qu’il est capable de bien travailler lors des infériorités numériques.
Il n’y a qu’un drapeau rouge, dans son cas.
«Il n’est pas facile de jouer autant de matches en si peu de temps», a-t-il déclaré, après le match au Cap Breton.
On parle ici d’une séquence de quatre matches en six jours. C’est vrai, c’est costaud. C’est le type de séquences qu’on voit, chaque année, dans la Ligue nationale.
En Europe, Smejkal a évolué dans des ligues où les équipes disputent une cinquantaine de matches par saison. Est-il vraiment prêt à s’imposer un marathon exténuant de 82 rencontres? Avec les longs voyages en avion, les courtes nuits de sommeil et tout le reste?
«Je m’habitue rapidement à la vitesse du jeu. Je me sens de mieux en mieux sur la glace, malgré la fatigue. J’imagine que c’est un bon signe», conclut-il.
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Les bobos de Boko
Roby Järventie et Jirí Smejkal ont des chances d’entreprendre la saison dans le quatrième trio des Sénateurs. Doit-on parler de Bokondji Imama?
À défaut de participer au pointage, le Québécois a connu une extraordinaire séquence durant laquelle il a démontré tout son courage, dimanche. Il a bloqué deux lancers à bout portant en l’espace de cinq secondes.
Le premier tir, par l’attaquant des Panthers de la Floride Nick Cousins, l’a probablement frappé sur la culotte. Il n’a peut-être pas trop fait mal. Le second, en revanche, ne lui a donné aucune chance. Un véritable boulet du défenseur Santtu Kinnunen l’a frappé sur une cheville.
Imama s’est relevé immédiatement pour compléter sa présence sur la glace. Il ne voulait rien laisser paraître.
Cette séquence est survenue au milieu de la troisième période, alors que les deux clubs étaient à égalité.
Il y a forcément quelqu’un, dans les gradins, qui prenait des notes.