Les entraîneurs qui œuvrent au sein des programmes d’élite, au hockey masculin, se plaignent souvent qu’il n’y a pas assez de défenseurs de qualité, sur la planète Terre. Le même constat se fait chez les dames, aussi, il faut croire.
En première ronde, on a sélectionné Savannah Harmon, une athlète de 28 ans qui a remporté une médaille d’argent avec l’équipe nationale américaine aux Jeux olympiques de Pékin. On a donc, en quelque sorte, misé sur l’expérience.
En deuxième ronde, on a un peu fait le contraire. Ashton Bell a remporté l’or aux Jeux, avec l’équipe canadienne. Sa simple présence en Chine relevait pratiquement de l’exploit. Elle jouait en défensive depuis environ deux ans. Elle a décidé de changer de position, tout bonnement, au beau milieu de ses années universitaires, avec les Bulldogs de l’Université du Minnesota à Duluth.
« C’était une grosse transition », reconnaît la hockeyeuse droitière qui célébrera son 24e anniversaire de naissance, au début du mois de décembre.
Et, visiblement, une décision difficile à prendre.
« Il a fallu qu’on ait une grosse conversation. À la table, il y avait les entraîneurs des Bulldogs. Il y avait également les entraîneurs qui sont associés au programme de développement national de Hockey Canada. En travaillant ensemble, nous avons fini par nous entendre. Nous avons fini par comprendre qu’un retour en défensive, c’était peut-être la meilleure chose qui pouvait m’arriver. »
On parle ici d’un retour, parce que Bell avait patrouillé la ligne bleue pendant quelques années, quand elle était enfant.
Briller chez les pee-wees, c’est une chose. Tirer son épingle du jeu dans la NCAA, au sein d’un des programmes féminins les plus compétitifs, c’est un tantinet plus complexe.
« Nous étions tous un peu sous le choc lorsque la nouvelle a été annoncée », reconnaît Gabrielle « Gabbie » Hughes.
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Pour les non-initiés, Hughes a porté les couleurs des Bulldogs avec Bell pendant quatre saisons. Aujourd’hui, elle appartient aussi à l’équipe d’Ottawa de la LPHF. Elle joue à l’attaque.
« C’était un choc, mais Ashton a connu un départ fulgurant, continue Hughes. Elle est née pour jouer à la défense ! Ses instincts offensifs sont évidents. Ils lui permettent de réaliser de beaux jeux en zone adverse. Il ne faudrait cependant pas minimiser son impact en zone défensive. Elle est forte ! Elle a réussi sa transition. C’est impressionnant de penser qu’elle a fait ça tandis qu’elle jouait dans les rangs universitaires. Je ne suis pas convaincue qu’une autre joueuse aurait pu en faire autant. »
Et la réussite de Bell, c’est l’histoire d’une jeune femme qui s’est retroussée les manches.
« Ashton, c’est une vraie joueuse d’équipe, souligne Hughes. C’est une vraie bonne personne. Elle veut toujours ce qu’il y a de mieux pour les gens qui l’entourent. Elle va rester sur la patinoire aussi longtemps qu’il faut. À Duluth, quand elle a pris sa décision. Elle pouvait rester sur la patinoire pendant deux heures, après nos entraînements, pour apprendre comment bien patrouiller la ligne bleue. »
« Au fond, ce que cela veut dire, c’est qu’elle va faire tout ce qui est nécessaire pour aider notre équipe, lorsque nos entraîneurs vont lui confier des missions. »
Quart-arrière?
L’entraîneure du club d’Ottawa, Carla MacLeod, a certainement vu les mêmes qualités humaines auprès de sa nouvelle joueuse.
«Elle a très bien fait, en tant que défenseure, dans les rangs universitaires. Ça nous en dit long sur ses capacités athlétiques. Ça nous en dit aussi long sur sa volonté à tenter de nouvelles expériences. Elle était prête à s’investir, mentalement comme physiquement, pour que ça fonctionne. Je crois qu’on aura beaucoup de plaisir à travailler avec elle. Son style de jeu se mariera parfaitement avec le style de toute notre équipe.»
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Le changement de position n’a pas trop ralenti Bell, d’un point de vue statistique, dans les rangs universitaires. À sa première saison à la ligne bleue, en 2019-20, elle a marqué 11 buts et inscrit 32 points en 36 rencontres.
On a donc le droit de penser qu’elle pourrait hériter de responsabilités importantes, au sein des unités spéciales, au sein de la nouvelle ligue professionnelle. Pourrait-elle diriger l’attaque massive d’Ottawa et alimenter ses coéquipières Brianne Jenner? Emily Clark? Gabbie Hughes?
L’entraîneure MacLeod nous dirait sans doute qu’il est trop tôt pour discuter de tout cela. « Nous avons beaucoup de temps », dit la dame qui se prépare en prévision d’une saison qui débutera en janvier.
Pour l’instant, à l’entraînement, on ne travaille pas à trouver des combinaisons efficaces. Ça viendra plus tard. « Pour l’instant, nous voulons simplement que tout le monde se sente à l’aise. »
Ève Gascon, dominante
Ashton Bell est une vraie joueuse d’équipe. La preuve, c’est qu’elle demeure profondément attachée à son ancienne formation universitaire. Elle continue de regarder les matches des Bulldogs, en ligne. Ça lui permet d’assister, en direct, aux premiers pas de la gardienne québécoise Ève Gascon dans la NCAA.
« J’ai vu tous ces matches et je peux vous dire qu’elle joue de façon phénoménale. C’est un vrai monstre », dit-elle, au sujet de celle qui présente un taux d’efficacité de 94,7 %, jusqu’ici, cette saison.
L’ancienne des Olympiques de Gatineau a réussi trois blanchissages à ses huit premières parties dans la NCAA.
« Je crois qu’elle sera la prochaine grande gardienne du Canada. J’ai bien hâte de voir où elle se retrouvera, plus tard. Si nous sommes chanceuses, elle finira par nous rejoindre, ici, à Ottawa ! »