Déjà, elle réalise un rêve.
En plus, le petit appartement qu’elle occupe, à Laval, n’a jamais été aussi propre!
Il y a bel et bien un lien à tisser entre les deux.
La jeune femme de 22 ans, qui a complété l’an dernier son stage avec les Carabins de l’Université de Montréal, avait choisi de ne pas se rendre à Toronto. Elle voulait s’éviter une déception, dans l’éventualité où elle n’était pas choisie.
Elle a donc choisi de suivre l’événement à la télévision, chez elle. Toute seule.
«Je ne m’attendais pas à être choisie durant les premières rondes. Au début de la journée, la nervosité se gérait plutôt bien», raconte-t-elle, au bout du fil.
«Plus le temps passait, plus je voyais sortir des filles de mon âge. Des filles que je connais. Des filles contre qui j’ai joué. Je me levais constamment et je faisait les cent pas. Pour me changer les idées, je faisais du ménage.»
La séance de sélection a débuté aux environs de 13 h 30. Lorsque Veillette a été choisie, il était presque 18 h.
«J’ai eu le temps de tout faire. Je vous le dis, mon appartement n’a jamais été aussi propre!»
Veillette n’a pas passé la journée toute seule par choix. Les gens avec qui elle aurait voulu vivre ce moment magique – ses parents et son frère – étaient retenus au travail. Il n’est pas toujours évident de se libérer un lundi après-midi.
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Quand Le Droit lui a passé un coup de fil, elle ne se sentait plus vraiment seule. Son téléphone n’arrêtait pas de sonner. Tout le monde voulait la féliciter. En direct de Toronto, la future vedette de l’équipe d’Ottawa et star de l’équipe nationale canadienne Brianne Jenner lui a envoyé un texto.
«Je ne sais pas trop si Brianne sait vraiment qui je suis. Moi, en tous cas, je sais très bien qui elle est.»
La jeune femme peut au moins se consoler en se disant que l’entraîneure d’Ottawa, Carla MacLeod, la connaît fort bien.
«Nous sommes très heureux d’avoir pu la capturer avec l’avant-dernier choix du repêchage, a-t-elle réagi. Audrey-Anne a connu du succès à tous les niveaux, dans le hockey. Nous sommes vraiment emballés à l’idée de lui offrir cette nouvelle opportunité de briller à notre niveau.»
Il suffit de jeter un coup d’oeil aux statistiques pour comprendre que Veillette est d’abord dangereuse autour du filet adverse. L’hiver dernier, dans les rangs universitaires, elle a marqué pas moins de 31 buts en 28 parties.
«Je suis aussi solide dans l’autre sens de la patinoire, assure celle qui est prête à accepter un rôle de soutien à Ottawa. Dans les premières années de ma carrière, je serai comme une éponge. Je vais apprendre le plus possible. Quand les joueuses plus expérimentées arriveront à l’âge de la retraite, je serai prête à prendre le lead.»
La défensive d’abord
On a trouvé un point en commun entre la LHPF et la Ligue nationale masculine. En quittant la table du repêchage, tous les dirigeants d’équipes se frottent les mains avec satisfaction. C’est une règle absolue.
«J’aime beaucoup mon équipe», a déclaré MacLeod.
Le directeur général d’Ottawa, Mike Hirschfeld, a débuté la journée en répondant au plus grand besoin de son entraîneure. Avec ses deux premiers choix, il a réclamé deux jeunes défenseures de talent, l’Américaine Savannah Harmon et la Canadienne Ashton Bell.
«Nous avions l’impression qu’il y avait un peu moins de profondeur en défense qu’ailleurs, et Carla tenait à ce qu’on mise sur un duo défensif capable d’affronter n’importe qui.»
Ce n’est pas fou. Dans sa première saison, la LHPF comptera seulement six formations. Les rivaux de Montréal, de Toronto, de Boston, de New York et du Minnesota miseront toutes sur au moins un trio extrêmement dangereux.
«C’est exactement ça, réagit l’entraîneure. Tôt ou tard, il faudra affronter Marie-Philip Poulin et trouver un moyen de la freiner. Il faudra affronter Blayre Turnbull et trouver un moyen de la freiner. Nous aurons besoin d’un gros duo. Nous aurons besoin de défenseures qui comprennent l’importance de jouer ce rôle. Nous avons besoin de filles qui seront capables de bouffer de grosses minutes, importantes, tout en étant conscientes de leurs responsabilités.»
«Je m’attends à ce que le classement de notre ligue soit extrêmement serré. Je crois que nous serons dans la course. Et je pense que chaque point sera important.»
Dix joueuses autonomes
Et maintenant?
Un autre sprint débute. Mike Hirshfeld scrutera maintenant à la loupe le bassin de joueuses qui sont toujours libres. Les équipes de la LPHF ont mis trois «joueuses d’exception» sous contrat au début du mois de septembre. Lundi, elles ont ajouté 15 athlètes à leur formation lors du repêchage. Elles pourront inviter une dizaine de joueuses autonomes de plus au camp d’entraînement. Le camp se mettra en branle à la mi-novembre.
Le directeur général répète sur toutes les tribunes qu’il veut assembler une formation «robuste et agressive». Ces termes ne sont pourtant pas trop souvent associés au hockey féminin.
«Je pense qu’il y a toujours des courses pour s’emparer des rondelles libres. Il y a toujours des bagarres dans les coins de la patinoire. Je veux que les autres équipes de notre ligue n’aient pas envie d’affronter Ottawa.»
Un nom, un logo
C’était un drôle de repêchage, dans un certain sens. Les joueuses qui montaient sur l’estrade, à Toronto, ne pouvaient pas enfiler un chandail ou une casquette. Les six équipes de la LPHF n’ont pas été officiellement baptisées. On ne sait même pas si la formation d’Ottawa portera les couleurs – le rouge et le noir – traditionnellement associées aux clubs de la capitale fédérale.
«Je n’ai aucun contrôle là-dessus. Je m’attends à ce que les décisions importantes soient prises dans le prochain mois, mais je ne suis pas certain à 100 %», fait valoir le DG.
«Je pense que les joueuses avaient hâte de savoir où elles passeront les prochaines années de leurs vies. C’est pourquoi il était important d’organiser le repêchage en priorité. Tout le reste suivra, avec le temps. Nous devons aussi embaucher des préparateurs physiques et des thérapeutes. Nous devons embaucher un nutritionniste et un psychologue sportif. Le processus suit son cours. Nous y allons une étape à la fois.»