D’abord, à moins d’une entente avec Québec, une menace de grève illimitée dès le 23 novembre pèse sur la province. C’est en effet la date choisie et annoncée cette semaine par les milliers d’enseignants affiliés à la Fédération autonome de l’enseignement.
Ensuite, dès le lundi 6 novembre, les écoles seront perturbées en matinée par les débrayages de certains syndiqués de certains corps de métier.
Et puis de façon générale, on l’entend depuis des mois maintenant, il y a une pénurie d’enseignants dans tout le réseau scolaire du Québec, mais aussi en français en Ontario. Des centres de services scolaires ont ouvert leurs candidatures à des personnes qui ont des formations connexes, mais pas nécessairement un diplôme en enseignement, ça nécessite pourtant un baccalauréat de quatre ans.
Et en plus de tout cela, on apprenait vendredi dans Le Droit, que de nouvelles écoles secondaires de Gatineau, toutes belles, toutes neuves, lumineuses et modernes, ne sont pas du tout aussi parfaites qu’on pourrait le croire. Des employés se plaignent de cafétérias et gymnases trop petits, de terrasses inaccessibles car elles ne sont pas conformes aux exigences pour ce genre de bâtiment scolaire, d’une bibliothèque aux étagères vides, de problèmes dans les vestiaires aussi.
Comme si la réflexion architecturale sur les fonctions d’une école secondaire n’avait pas été poussée assez loin.
Et puis il y un autre élément de l’actualité à mentionner: le désengagement de la polyvalente Nicolas-Gatineau dans la gestion du dossier racisme au hockey mineur qui s’est produit dans le cadre d’un programme sport-études.
Le rapport de l’enquête menée à la demande de Hockey Québec par l’avocat Jules Bernier, le remarque. «La directrice-adjointe, responsable du programme sport-étude pour l’école, a prétendu que toute cette situation relevait du volet sportif», a-t-il écrit, précisant que pourtant, certains des événements s’étaient produits à l’école. «Celle-ci s’est très peu impliquée dans la gestion de cette crise», observe aussi l’avocat.
Et l’école n’a d’ailleurs pas commenté l’affaire qui a éclaté plus que jamais dans les médias il y a une semaine.
On pourrait ici ajouter une autre question d’actualité, posée par les universités anglophones, à qui le gouvernement québécois veut imposer une hausse de frais de scolarité pour les étudiants hors Québec: veut-on encourager ou décourager la vitalité de l’enseignement supérieur dans la province?
Bref, les enseignants, qu’on a beaucoup de difficulté à recruter, ne sont pas heureux et demandent plus d’argent et de meilleures conditions de travail et sont prêts à aller en grève, même les écoles neuves sont décevantes, un des programmes les plus recherchés de nos écoles est au cœur d’un immense gâchis et de nombreux questionnements. Et les universités anglophones, centres importants de recherche et de formation supérieure, aux réputations internationales, craignent une baisse de fréquentation.
Serions-nous prêts pour des états généraux sur la qualité de l’enseignement au Québec? Et en Ontario français, un coup partis?
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Lorsqu’on regarde ce qui a façonné le Québec depuis la Révolution tranquille, au-delà de la nationalisation de l’électricité ou de l’assurance maladie, il y a la démocratisation de l’éducation en général et post-secondaire en particulier et l’arrivée des centres de la petite enfance.
De telles réformes, nées de questionnements lucides et collectifs, ont permis à un nombre de plus en plus élevé de citoyens de plus en plus formés de travailler dans des postes de plus en plus spécialisés et porteurs.
La réforme de l’éducation a ouvert l’accès de l’enseignement supérieur à tous.
Les CPE ont mis les jeunes sur les bonnes voies tout en permettant à leurs mères de travailler.
Ces changements ont été positifs, fondamentaux, pour toute la société.
Il est temps de voir ensemble, rapidement, quelle pourrait être, maintenant, la prochaine étape pour permettre au système d’éducation de façonner la suite de notre avenir.
L’éducation est la base de l’essor d’une société car elle donne la chance à tous d’aller plus loin, là où on le veut. Lorsque le système scolaire ne peut être à son meilleur, c’est la collectivité qui paie le prix de chaque échec.
Si des élèves d’un programme sport-étude, bons à l’école et au hockey, partent jouer dans la province voisine parce qu’on ne leur garantit pas un cadre scolaire et sportif adéquat, tout le monde perd.
Si on investit pour construire des lieux d’enseignement inspirants et que ce travail est fait de façon non optimale, si on enseigne à nos enfants «tout ce qui mérite d’être fait mérite d’être bien fait» et qu’on n’adhère pas à de tels principes, tout le monde perd.
Et puis, si les enseignants sont démotivés, épuisés, si leur profession n’est pas attirante à cause de mauvaises conditions de travail, tout le monde perd aussi.
Ils sont les premiers moteurs de ce qui nous rend meilleurs.
On verra d’ici le 23 novembre si une entente est possible avec les syndiqués, ceux et celles qui tiennent les écoles à bout de bras, un terrain commun entre ce dont ils ont besoin et ce qu’on peut se permettre. Mais gardons en tête que la société québécoise n’est pas dans une posture qui lui donne le luxe de négliger son système scolaire. Au contraire.
C’est la fondation de tout le reste.
Et il ne va pas bien.
Dès que tout cela sera derrière nous, lançons un chantier sur l’éducation pour redéfinir clairement ce qu’il nous faut, ce qu’on veut, ce qui est idéal. Et pour trouver comment faire pour financer et faire grandir un système éducatif ou suffisamment d’enseignants qualifiés et de gestionnaires allumés, dans des locaux confortables et efficaces, outillés de programmes géniaux, assureront un avenir génial et vraiment heureux pour tous.