La réponse vous appartient mais il n’en reste pas moins que vous aurez vécu un grand moment gustatif. Et puis, vous jetez un coup d’œil sur l’emballage pour en savoir plus. Vous apprenez que ce chocolat a été fabriqué en Suisse pour la Coopérative La Siembra établie au centre-ville d’Ottawa! Pour le moins étonnant.
Votre curiosité éveillée, vous remarquez la présence de logos de Biologique Canada, de l’organisme Fair Trade (commerce équitable), de l’ONG internationale Forest Stewardship Council et un autre, plus discret mais tout aussi important, qui vous informe que la coop La Siembra appartient à la Fédération canadienne des coopératives de travail.
La vertu enrobée de chocolat, quoi.
Et c’est très très très bon (oui, il existe encore des préjugés assassins au sujet de produits biologiques et équitables du genre «ça goûte le carton». Oh que non!)
L’aspect social peut vous passer 100 pieds par-dessus la tête — rien de mal à se concentrer sur le goût — mais peut aussi vous intriguer.
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Entrepreneurs rêveurs
Nous sommes allés à la découverte de ce petit miracle canadien qu’est la gamme de produits Camino.
Créée en 1999 par de jeunes entrepreneurs frais sortis de l’école préoccupés par la quête de justice sociale, Camino s’est lancé dans la production de chocolat chaud équitable — sucré tout aussi équitablement — depuis un local aménagé dans le sous-sol d’une église d’Ottawa. Pourquoi équitable?
«Les fondateurs avaient constaté de visu l’impact de la production industrielle sur les populations locales. Ils étaient persuadés qu’il devait exister une meilleure façon de faire les choses pour assurer un revenu décent aux producteurs», raconte Kelly Storie, la directrice générale de l’entreprise. «Le café équitable commençait à percer, mais la culture commerciale du cacao bio et du sucre reposait encore sur l’exploitation de fermiers dans des pays en développement. Cela nous a propulsé.»
«Notre objectif de départ étaient d’éduquer les consommateurs en les rapprochant des producteurs.» Quelque 24 ans plus tard, l’entreprise (à but lucratif, précisons-le) n’a pas dévié de sa mission d’origine. «Les gens sont au cœur de nos activités. Regroupés en coopérative, les travailleurs sont nos actionnaires.»
Petit train va loin. Grâce à des investissements de la part d’organismes engagés dans le commerce éthique, La Siembra a lancé en 2002 ses premières barres de chocolat : le succès fut instantané, et pour cause. «Nous sommes rapidement passés d’un chiffre d’affaires d’un million à cinq millions de dollars, dit la directrice, grâce au financement obtenu de gens qui veulent réellement changer notre système de production alimentaire.»
Premier importateur de cacao et de sucre certifiés équitables en Amérique du Nord, La Siembra travaille aujourd’hui avec 25 coopératives de producteurs paysans qui font vivre 47500 familles dans 14 pays.
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Mise en marché
Toutes les bonnes intentions du monde ne garantissent pas le succès. Il faut aussi commercialiser les produits, ce qui coûte très cher, mais de rêver à un monde meilleur n’est pas non plus un obstacle à la croissance quand elle est réalisée de manière éthique.
«Donner plus de pouvoir aux producteurs augmente la valeur des cultures. Plus d’argent va aux producteurs qu’aux pays du nord. Là est la différence.»
Le modèle coopératif permet aussi aux producteurs d’avoir voix au chapitre. Chacun peut composer avec ses réalités sur son terrain contrairement aux multinationales qui imposent leur modèle d’affaires unique à tous, ce qui laisse bien peu aux paysans pour vivre décemment et enrichir leurs communautés.
La Siembra ne fabrique pas le chocolat comme tel, mais contrôle la chaîne de production. «Nous voulons que tout soit transparent. Que le consommateur sache exactement ce qu’il achète», explique Kelly Storie. «Tout est de source équitable, contrairement aux multinationales qui mélangent, les règles le permettant, produits éthiques et traditionnels. Chez nous, tout ce que nous importons est équitable.»
La Siembra fournit également de la matière première en vrac à des producteurs de produits bios comme Organic Meadow et Earth’s Own, des marques canadiennes progressistes à grand rayonnement.
«À l’avenir, nous planifions de fabriquer nous-mêmes les produits Camino, mais les gens savent qu’ils peuvent déjà faire confiance à notre marque. Nous n’avons pas vendu notre âme. Notre mission est la même qu’au premier jour même si nous nous acheminons vers un chiffre d’affaires de 10 millions cette année.»
Par exemple, l’engagement environnemental de l’entreprise se décline tant dans le recyclage de fournitures de bureau et du matériel promotionnel, l’emploi d’une firme de nettoyage écologique pour ses bureaux que dans l’utilisation de papiers recyclables pour les emballages. On a pensé à tout pour réaliser la mission sociale et solidaire de l’entreprise sans jamais sacrifier la qualité et même la diversité de produits qui demeurent en adéquation avec les tendances en alimentation. Ainsi, Camino vient de mettre en marché des tablettes de chocolat au lait d’avoine bio véganes comportant 43 % de pur cacao, presque le double de la norme mondiale pour ce type de produit.
La gamme Camino comprend aussi des produits pour la cuisine (pépites de chocolat, sucres naturels et bios, de la noix de coco, du cacao en poudre et des barres de chocolat à cuire), six saveurs de chocolat chaud dont quatre conviennent aux végétaliens, des cafés et du thé.
L’éthique a un prix
Plus chers les produits Camino que le chocolat industriel qu’on retrouve dans les dépanneurs? Oui car les producteurs paysans sont payés équitablement pour leur travail, mais la qualité et l’intégrité des produits ne déçoivent jamais, sans oublier les retombées pour la société au grand complet.
La Siembra redonne aussi via un programme de collecte de financement utilisant les produits Camino, un programme de commandites et la diffusion dans les écoles de matériel éducatif.
Camino veut dire chemin. Le choix du nom n’est pas fortuit : il représente pour ses membres une voie de passage différente vers un monde meilleur.
Pis c’est bon comme c’est pas possible!