Pour cette édition 2023 lundi dernier, l’absence de Caroline Mulroney a été remarquée du côté de la traditionnelle cérémonie à Queen’s Park. En cinq années de mandat, la ministre des Affaires francophones n’avait pourtant jamais manqué un lever du genre.
Certes, la présence de Mme Mulroney était compromise par la rentrée des députés à l’Assemblée ce 25 septembre. Par ailleurs, la ministre a bel et bien assisté le même jour au déjeuner de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO).
À Ottawa, Mark Sutcliffe a manqué ce qui aurait dû constituer son premier lever de drapeau pour la Jour des Franco-Ontariens en tant que maire. En déplacement en Allemagne pour un événement sportif, le premier magistrat a laissé le soin à sa collègue Stéphanie Plante de hisser le symbole quasi cinquantenaire sur le mât, rue Elgin.
Les absences de la ministre des Affaires francophones et du maire de la ville ontarienne comptant le plus grand nombre de Franco-Ontariens sont très anecdotiques. Reste qu’elles s’inscrivent dans un climat de statu quo des avancées pour les francophones.
Sans les effets de surprise d’autrefois
Pour la première fois depuis la création du «jour du drapeau» en 2010, les Franco-Ontariens ont reçu de la part du gouvernement ontarien le même «bonbon» que l’année précédente, en l’occurrence le dévoilement des bénéficiaires du Programme d’appui à la francophonie ontarienne (PAFO).
La somme est ici généreuse (2 millions de dollars pour l’ensemble des projets), mais sans les effets de surprise d’autrefois. À commencer par le dépôt d’une loi pour l’indépendance du commissaire aux services en français le 25 septembre 2013, ou encore la reconnaissance du drapeau comme emblème provincial (2020).
Du côté d’Ottawa, peu d’améliorations véritables des services bilingues n’ont été observées durant le première année du mandat de Mark Sutcliffe. Depuis son élection, ni le comité consultatif sur les services en français ni le caucus francophone ne se sont réunis.
Aux différentes cérémonies, on peut aussi regretter les anachronismes des élus présents. La conseillère, Stéphanie Plante dont on ne peut pas mettre en doute l’engagement francophone, a par exemple fait accidentellement référence dans son discours à l’Université Laurentienne comme premier lieu d’érection du drapeau. Une erreur véhiculée très souvent dans beaucoup de communiqués de presse, et les coulisses d’institutions.
Tout Franco-Ontarien un tant soit peu engagé saura que le drapeau a été levé pour la première fois devant l’entrée de l’Université de Sudbury le 25 septembre 1975.
C’est justement de Sudbury d’où est venu l’événement politique le plus pertinent de cette journée spéciale. Un rapport d’enquête réalisé pour l’Association canadienne-française de l’Ontario (ACFO) du grand Sudbury a mis le doigt sur les ratés de 50 ans de politique de bilinguisme au sein de la municipalité du Nord.
Le document pointe des politiques inefficaces avec pour effet «de chasser le français comme langue de travail au sein de l’administration municipale». Sans parler d’un sursaut pour les 40 000 francophones de la ville du Nickel, ce rapport offre au moins une perspective d’amélioration dans un contexte de stagnation.
La présence du drapeau franco-ontarien sur les mâts ou dans les stades de soccer représente une preuve de fierté. Sans représentants politiques connaissant des dossiers, et actions découlant de nos élus, cette fierté pourrait être toutefois compromise.
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Sébastien Pierroz est journaliste et producteur pour la franchise d’actualité ONFR+ du Groupe Média TFO