Chronique|

Donner un second souffle à l’AFMO

L’Association française des municipalités de l’Ontario, fondée en 1989 par Gisèle Lalonde (photo), se réunit cette fin de semaine à Kapuskasing dans le nord de l’Ontario.

CHRONIQUE / Ce n’est pas l’organisme franco-ontarien le plus connu et pourtant, il est l’un des plus ancrés historiquement. L’Association française des municipalités de l’Ontario (AFMO), fondée en 1989 par Gisèle Lalonde, se réunit cette fin de semaine à Kapuskasing dans le nord de l’Ontario.


Au menu de cette réunion des maires représentant les municipalités marquées par le fait francophone: des conférences, des présentations, et la traditionnelle assemblée générale ce dimanche qui clôturera les trois journées de congrès.

Le tout avec la visite ce samedi de la ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney.



La tenue de ce premier congrès hors pandémie constitue une bonne nouvelle pour l’AFMO, tant les dernières années ont été laborieuses: désintérêt d’une partie des municipalités de l’Est ontarien, finances en berne, difficulté logistique pour faire vivre une association sans le moindre employé à temps plein.

Comble de ces difficultés: en décembre dernier, Nicole Fortier Levesque a été autorisée à demeurer présidente de l’AFMO, bien que celle-ci ait perdu son siège de mairesse de Moonbeam aux élections de l’automne.

Pour ne rien arranger, seules cinq municipalités avaient confirmé jeudi leur présence pour le congrès de Kapuskasing: Hearst, Fauquier, Cochrane, Timmins et Markstay-Warren.

Non seulement ces villes démontrent que l’AFMO ne séduit qu’une infime partie des municipalités uniquement du Nord, mais ce chiffre s’avère une peau de chagrin eu égard aux 18 villes recensées sur le site de l’association (en entrevue la présidente Levesque parle plutôt de 29 membres). Avant la pandémie, environ 80 municipalités se serraient les coudes au sein de l’organisme, incluant même Toronto.



Six ans après le passage de Gisèle Lalonde lors du congrès de l’AFMO à St-Isidore dans l’Est ontarien, les mots de la grande dame de SOS Montfort adressés aux maires résonnent encore: «Quand on a commencé, on n’avait pas une cenne, alors ne braillez pas maintenant! Ça ne nous a pas empêchés de foncer et regardez, vous êtes encore là aujourd’hui!»

Foncer et regarder, c’est sans doute ce dont a besoin l’AFMO aujourd’hui. En premier lieu, mieux publiciser les buts de l’organisme, comprendre le soutien technique pour la traduction de documents municipaux, des tarifs préférentiels sur les services de traduction ou encore, de la formation en français pour les élus.

Face à la gigantesque Association des municipalités de l’Ontario (AMO), où tout se déroule en anglais, l’AFMO a un vrai rôle clé à jouer.

Pour assurer sa survie, l’AFMO devra convaincre les municipalités de l’Est ontarien de revenir dans son giron. Comptant non loin de 100000 francophones, et des villes ayant officiellement adopté une politique d’affichage commercial bilingue, ce territoire représente un allié majeur pour une association désossée.

En choisissant Kapuskasing, plutôt difficile d’accès par les transports, comme lieu du congrès, l’association se complique la vie. D’autant que dans le même temps, ce samedi, se déroule le Banquet de la francophonie de Prescott et Russell attirant la plupart des dignitaires de l’Est ontarien.

Il est anormal de constater l’influence politique réelle de l’Association francophone des municipalités du Nouveau-Brunswick en comparaison de l’AFMO, bien que les Acadiens de cette province soient deux fois moins nombreux que les Franco-Ontariens.



Repenser l’AFMO, affiner son mandat, ou encore mettre en exergue des combats en commun, des questions urgentes se posent aujourd’hui. Au risque que le congrès de Kapuskasing soit l’un des derniers pour l’association.

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Sébastien Pierroz est journaliste et producteur pour la franchise d’actualité ONFR+ du Groupe Média TFO