Chronique|

Attaquée à mort, Honey ne rentrera plus à la maison

Maïthée Pellerin

CHRONIQUE / C’est une histoire comme on en entend trop souvent. Une histoire qui a mal tourné pour une famille de Notre-Dame-du-Mont-Carmel. L’histoire du petit chien Honey, qui se termine de façon tragique, sans nécessairement que ça fasse la une des journaux. Pourtant, c’est aussi une histoire qui appelle à la réflexion, spécialement chez les propriétaires d’animaux, qu’on a beau connaître notre compagnon à quatre pattes, il faut toujours demeurer vigilant.


Maïthée Pellerin a encore du mal à raconter cette histoire sans avoir le trémolo dans la voix. Voilà maintenant plusieurs jours que sa chienne Honey n’est plus de ce monde, et elle repasse en boucle l’événement dans sa tête. Si seulement... si seulement elle n’était pas passée sous la clôture. Si seulement les chiens l’ayant attaquée avaient porté une muselière. Si seulement elle l’avait attachée dans la cour en arrière... Et surtout, qu’est-ce que ça aurait été si ces deux canins avaient attaqué un enfant plutôt qu’un petit chien?

Honey

L’histoire s’est déroulée le 4 novembre dernier, dans un quartier résidentiel de Notre-Dame-du-Mont-Carmel. Honey a demandé la porte pour aller dans la cour arrière de la maison, une cour clôturée, faut-il le préciser. Au même moment, une personne promenait deux gros chiens en laisse dans la rue. Rien ne semblait annoncer la scène qui allait se jouer.

Honey, du haut de ses 5 livres, a vu les deux chiens et, tout excitée de cette présence, a cru bon de passer sous la clôture. Elle n’avait jamais fait ça auparavant. Maïthée a tenté de la retenir, mais a été prise par surprise, tellement tout s’est joué rapidement.

Une fois dans la rue, la petite chienne a cessé sa course juste devant les deux chiens. Elle n’a pas eu le temps de décamper, l’un des deux canins l’a saisie au cou et l’a fait voler dans les airs.

Tour à tour et malgré qu’ils étaient en laisse, les deux chiens se sont rués sur la petite chienne, s’échangeant l’animal d’un bord à l’autre, la faisant virevolter dans les airs avant de la rattraper et de la mordre de nouveau.

«Ce n’était pas un comportement de jeu. C’était de la prédation», mentionne Maïthée, sans hésiter. Toutefois, autant elle aurait voulu que ces chiens portent une muselière, autant elle vit elle-même une grande culpabilité.

«Est-ce que j’aurais dû l’attacher? Oui, j’aurais dû l’attacher dans ma cour clôturée. Elle n’était jamais passée sous la clôture, pourtant. J’aurais jamais pensé que ça puisse lui être fatal. Ces chiens auraient-ils pu porter une muselière en prenant en considération leur force et leur instinct de prédation ? Peut-être. À l’avenir, je l’espère», ajoute-t-elle.

Honey

Une fois le carnage achevé, Maïthée a pris sa petite chienne gravement blessée dans ses bras. Elle a tenté de communiquer avec la clinique vétérinaire la plus proche, mais comme c’était la fin de semaine, il n’y avait pas de service d’urgence. Elle a appelé dans diverses cliniques à Trois-Rivières, même chose. «Ce qu’on a constaté, c’est que si on a une urgence pour nos animaux la fin de semaine, il faut aller à Québec ou Saint-Hyacinthe. C’est impensable, pour une région comme la nôtre», laisse-t-elle tomber.

La dame a donc fait deux heures de route pour se rendre à Saint-Hyacinthe et tenter de sauver son animal. Ce fut peine perdue. «Elle était trop blessée pour qu’on puisse la sauver. Même s’il y avait eu une urgence près de chez moi, ça n’aurait rien changé pour Honey. Mais si on avait eu une urgence proche, au moins elle aurait souffert moins longtemps. Et si nous on n’a pas pu la sauver, je me dis que dans d’autres cas, ça pourrait sauver d’autres animaux», se désole-t-elle.

Certains diront: «Ce n’est qu’un animal». Pour Maïthée, comme pour les propriétaires d’animaux par contre, c’est beaucoup plus que ça. C’est un membre de la famille, une présence rassurante, un fidèle ami pour les enfants, une partie importante de notre quotidien.

Dans la maison, depuis l’événement, on n’entend plus le petit claquement des griffes de Honey sur le plancher quand elle arrive. La fille de Maïthée, âgée de neuf ans, a maintenant du mal à s’endormir le soir et s’assure tout le temps que la porte soit bien barrée. Pour elle, Honey était sa sécurité, sa gardienne de la maison. On se surprend encore à l’appeler pour venir manger, sachant bien qu’elle ne répondra plus. Elle ne vient plus grignoter les petits bouts de nourriture qui tombe sur le plancher lorsqu’on fait la cuisine...

«C’est fou quand même de penser à la place qu’elle pouvait prendre dans notre vie. On a l’impression d’avoir perdu nos repères. Je l’aimais tellement», constate Maïthée, qui ne se doutait pas de l’intensité que pouvait représenter le deuil animalier.

Et qu’en est-il des deux chiens qui ont attaqué et blessé à mort sa fidèle compagne de vie? Maïthée est catégorique: elle ne veut pas accuser personne sur la place publique et ne souhaite pas trop s’avancer sur le sujet. Ce qu’elle devait faire a été fait, mentionne-t-elle, et le dossier suivra son cours.

«Ce que je veux, c’est éveiller une certaine prise de conscience. Que les gens soient conscients des dangers, de ce que ça peut représenter. Que même si on a l’impression de bien connaître nos animaux, ça reste des animaux avec un instinct d’animal. Là, c’est ma chienne, mais ça aurait pu être votre animal. Pire, ça aurait pu être un enfant. Je voudrais tellement que personne ne traverse jamais ce qu’on a vécu», souligne-t-elle.