Le ministre de l’Éducation a exposé ses idées pour améliorer le français écrit à l’école.
Il veut que les jeunes écrivent plus souvent à l’école. Tous les jours même!
Il souhaite que le français devienne l’affaire de tous les profs, pas seulement des profs de français. Pas normal, dit-il, qu’un élève réussisse son test d’histoire s’il a fait trois fautes par phrase. Bien d’accord avec lui!
Tant qu’à y être, le ministre Drainville propose qu’on insère davantage de référence à la culture québécoise dans le programme de français. Pourquoi pas?
Les élèves doivent écrire chaque jour, insiste-t-il. «Et il faut que ce soit l’fun!» Pour le plaisir aussi, j’en suis.
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/6EIHCZUHOJGNRFQKMALUL5SCRE.jpg)
J’en suis, de son plan. Aux examens de français du ministère, en 2022, la majorité des élèves a échoué dans la portion grammaire et orthographe. Seulement 48% ont obtenu la note de passage, le pire résultat depuis 2014. Il faut réagir.
En même temps, bonne chance, monsieur le ministre.
Le Québec manque de profs qualifiés, d’orthopédagogues et de professionnels dans ses écoles. Celles-ci emploient plus de 30 000 enseignants non qualifiés, rapportait la vérificatrice générale du Québec, la semaine dernière. Il manque de bras partout!
Et puis, j’aurais aimé entendre le ministre parler davantage de lecture. Pour apprendre à bien écrire, il me semble qu’il faut d’abord apprendre à bien lire. Ici, ma perception est teintée par mon expérience personnelle. J’ai été exposé très jeune à des livres. Ma mère nous lisait des histoires avant de nous coucher. En première année, je dévorais les aventures d’Astérix et de Tintin... J’ai appliqué la même recette à mes enfants. Je leur lisais une histoire chaque soir, avant le dodo. Ils ont pris goût aux livres. Aujourd’hui, ils écrivent tous les deux sans faire de fautes.
D’une certaine manière, j’ai appris à écrire par mimétisme. En étant exposé à des livres bien écrits, exempts de fautes d’orthographe ou de grammaire.
Or de nos jours, les jeunes passent beaucoup de temps sur les médias sociaux où pullulent les fautes d’orthographe, de grammaire ou de syntaxe. Sur les médias sociaux, la règle n’est pas d’écrire correctement. C’est d’écrire vite, le plus vite possible, quitte à employer un langage codé. Dans le monde des médias sociaux, c’est comme si on se disait: bah, tant que les autres comprennent ce que j’écris, ce n’est pas si grave s’il y a des fautes.
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/DEUTF65GOBA3XNCPT5E7FKAEKA.jpg)
Bien oui, c’est grave. Les statistiques sur le taux d’«analphabètes fonctionnels» au Québec viennent régulièrement rappeler qu’il y a un coût à négliger la qualité de la communication. Quand on communique mal, on se comprend mal. Sur les médias sociaux, c’est assez flagrant.
Certains diront qu’il faut une réforme pour simplifier le français. Que c’est une langue trop compliquée. Qu’il faut éliminer les exceptions, simplifier l’accord des participes passés, supprimer des accents. Au lieu d’écrire oignon, la nouvelle orthographe propose d’écrire ognon.
Pourquoi pas grognon tant qu’à y être?
Toutes les simplifications du monde ne changeront rien au fait que, pour apprendre à écrire, il faut surtout un effort.
Et il faut lire. Lire à la maison, mais aussi dans les bibliothèques municipales et scolaires. Or on apprenait récemment que l’Outaouais est en queue de peloton au Québec pour la qualité de ses bibliothèques publiques.
Ça ne m’étonne pas. Après 20 ans à couvrir la politique municipale, j’ai compris que construire un nouvel aréna ou paver une rue est plus payant politiquement que de construire une bibliothèque.
Qui s’est ému de la fermeture de la bibliothèque de Fort-Coulonge en décembre dernier? À peine 5% de la population la fréquentait, s’est justifié le conseil municipal au moment de lui couper les vivres. Pour ma part, je soupçonne qu’il y avait du pavage à refaire quelque part.