Chronique|

Prenez cette porte de sortie

Le gouvernement Legault est pris entre deux feux. D’une part, son aile parlementaire; d’autre part, les syndicats représentant les salariés du secteur public, qui sont engagés dans une ronde de négociation en vue du renouvellement des conventions collectives de leurs membres.

CHRONIQUE / Au fond, c’est une porte de sortie honorable que Québec solidaire offre au gouvernement Legault.


À défaut de le convaincre de renoncer à hausser de 30% le salaire des députés de l’Assemblée nationale, le leader parlementaire de QS, Alexandre Leduc, propose formellement que la mesure ne s’applique qu’à partir de la prochaine législature, en 2026.

C’est pleinement sensé. Le gouvernement aurait tort de rejeter cette proposition du revers de la main.



Le péquiste Pascal Bérubé avait déjà suggéré une telle chose. Nous l’avions également recommandé dans cette chronique.

Nos parlementaires méritent de meilleurs salaires. Ils sont nos représentants démocratiques et nos fiduciaires. Rappelons-le sans cesse.

Il est cependant déplorable que tous les éléments de leur rémunération n’aient pas été pris en compte dans le projet de loi présenté, lequel découle d’un rapport bancal (voir à ce sujet Un gouvernement et une patate chaude).

Cela étant, comme le rappelle Alexandre Leduc, il n’existe aucune urgence à hausser de 30% l’indemnité de base des députés — surtout que le gouvernement se justifie en expliquant qu’il s’agit de favoriser la venue en politique de citoyens provenant de divers horizons.



Le gouvernement Legault est pris entre deux feux. D’une part, son aile parlementaire; d’autre part, les syndicats représentant les salariés du secteur public, qui sont engagés dans une ronde de négociation en vue de renouveler les conventions collectives de leurs membres.

Emmenés par leur collègue Éric Lefebvre, les députés caquistes sont assez largement favorables à la hausse. Et François Legault et son entourage ne veulent pas les mécontenter. D’où la difficulté.

Mais peut-être qu’avec un peu de pédagogie, ces députés pourraient finir par accepter que le projet de loi n’entre en vigueur qu’après les élections de 2026. Ils devraient l’accepter s’ils veulent aider leur gouvernement, entendu que leur indemnité de base continuera d’être indexée d’ici là comme c’est le cas chaque année.

L’art de la politique va souvent de pair avec l’art du compromis.

Si le projet de loi devait être adopté tel quel, avec un effet rétroactif au 1er janvier, il y aurait pas mal de friture sur la ligne de communication avec les syndicats du secteur public. Sans compter celle avec l’opinion publique en général.

Ce dossier est déjà à manier avec des pincettes. Qu’est-ce que ce serait sans amendement au projet de loi?



M. Legault en perd déjà son calme. Mardi, on l’a vu et entendu apostropher Gabriel Nadeau-Dubois à ce sujet.

Pour ce qui est du député Éric Lefebvre, que répondre quand il explique que sa charge de travail est si lourde qu’il ne peut voir sa mère qu’une seule fois par année...? Peut-être simplement ceci : ce n’est pas une hausse importante et immédiate de salaire qui changera cette situation. Ou alors quelque chose m’échappe.