
Doug Ford, une renaissance dans les ténèbres
Les sondages l’attestent : le taux de satisfaction à son endroit a atteint 55 % début décembre selon l’Institut Angus Reid, après avoir même culminé à 69 % en mai. Les mesures d’urgence consécutives à la pandémie de COVID-19 ont donné à Doug Ford une stature de chef protecteur, agrémenté d’une empathie nouvelle.
Confrontée à une épidémie inconnue, bousculée dans ses idéologies et certitudes, l’équipe Ford comme les autres gouvernements du monde entier a avancé cahin-caha.
Doug Ford avait d’abord tardé de quelques jours à déclarer l’état d’urgence. Par la suite, le gouvernement a longtemps fermé la porte à un confinement régionalisé, puis a généralisé les tests. Le premier ministre et sa ministre de la Santé, Christine Elliott, sont souvent ciblés pour leur manque de transparence quant aux données provinciales.
En décembre, la province la plus populeuse du Canada a toutefois enregistré moins de décès proportionnellement à sa population que le Québec et le Manitoba. Les messages répétés par les autorités sanitaires ont permis de limiter les fermetures d’écoles et les dégâts dans les foyers de soins de longues durées pendant la seconde vague.
Mais les conséquences économiques de la pandémie se font cependant sentir. En novembre, le gouvernement a annoncé un déficit record de 38,5 milliards de dollars. Par ailleurs, il est encore trop tôt pour évaluer les dégâts psychologiques et traumatiques de cette crise.
Devant l’immensité du défi sanitaire, les autres enjeux sont passés au second plan de l’intérêt du grand public. Le bras de fer insoutenable entre le ministère de l’Éducation et les syndicats d’enseignants entamé au début de l’hiver s’est finalement soldé par un accord discret au printemps.
L’intérêt pour la COVID-19 a permis sans doute à d’autres scandales de ne pas polluer l’année 2020 de Doug Ford. À commencer par l’autorisation donnée à un collège chrétien dirigée par un homophobe avoué, l’évangéliste Charles McVety, de décerner des diplômes universitaires. En juillet, le parti au pouvoir excluait sa députée Belinda Karahalios, « coupable » d’estimer excessifs les pouvoirs d’une loi donnant au gouvernement plus de latitude pour les décrets d’urgence.
Sébastien Pierroz est rédacteur en chef et journaliste pour la production ONFR+ du Groupe Média TFO.