«Ç'a vraiment été au-delà des attentes. C’est cliché de le dire, mais c’est sincère. On a enfin l’impression de retrouver notre rythme de croisière, après avoir traversé deux années pandémiques», se réjouissait-il au téléphone, dimanche soir, à l’issue de trois jours de festivités dans le Vieux-Aylmer, au fil desquels il dit avoir vu passer quelques 3000 visiteurs.
«La majorité des spectacles [et enregistrements d’émissions, tous effectués devant public] ont été donnés à guichets fermés. On a senti que le public était au rendez-vous, les gens étaient enthousiastes, heureux de se rassembler», poursuit le directeur général de Transistor Média.
Cette septième édition aura été marquée par la tenue d’un gala de lutte – qui affichait complet depuis des mois; au Centre Aydelu, où se sont entassées 300 personnes pour assister aux combats théâtralisés, «on a refusé beaucoup de monde à la porte; il a fallu rediriger les gens à La Basoche, où il y avait d’autres balados en simultané».
Le gala a été l’occasion d’inviter les créateurs Les anti-pods de la lutte (QUB Radio) à Aylmer pour enregistrer un épisode de leur balado.
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Le patron de Transistor se réjouit notamment du succès qu’a eu le lancement, durant le festival, de la deuxième saison de la série balado D’où je viens, consacrée au rap keb’(sur OHdio) : «un lancement sur mesure pour l’Outaouais» puisque ses animateurs avaient, dans les jours précédent le festival, préparé «un micro-épisode sur la scène hip hop à Gatineau», et tendu leurs micros à D-track, Nicolas Craven et Quest.
«Ça se passe à Aylmer, mais il y a des répercussions. Et c’est justement ce que j’aime de la formule.»
L’humoriste Charles Beauchesne, humoriste et animateur du populaire podcast «Les pires moments de l’histoire» (lauréat d’un Olivier en 2021) a lui aussi attiré du monde au Cabaret La Basoche, où il a livré deux récits historiques, l’un sur Jack l’éventreur, l’autre sur la peste noire.
Si Julien Morissette a pu constater à quel point Charles Beauchesne a désormais «de très fidèles auditrices et auditeurs», il se réjouit surtout de ce que le Québécois soit «beaucoup écouté en France»... et que le nom de Gatineau et d’Aylmer aient l’occasion de résonner jusque dans les pavillons européens.
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C’était la troisième fois qu’il invitait M. Beauchesne au festival.
Auparavant, dans le cadre d’une carte blanche que lui avait offerte le festival, l’humoriste avait profité de sa présence en Outaouais pour signer une longue chronique sur les Allumettières. Ce contenu avait plus tard servi à alimenter l’une des capsules des Pires moment de l’Histoire. C’est donc un peu grâce au festival si «les Européens ont pu entendre parler d’elles et de Donalda Charron», s’enorgueillit Julien Morissette.
«Je suis très satisfait de ce type de répercussions. On peut entendre parler de Gatineau dans tout le Québec, [qui plus est, à travers] un médium en pleine croissance. Les gens vont peut-être finir par porter un nouveau regard sur la région, revoir leur jugement sur la vitalité culturelle outaouaise [dont la réputation laisse à désirer]. À notre façon, on essaie d’améliorer cette perception!»
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Grande première pour le FRN, une importante partie de la programmation de la journée de samedi était centrée sur la famille. Le jeune public était venu en nombre braver la pluie pour rencontrer Alex Courteau et son ignoble personnage de roi des méchants El Kapoutchi, dessiner en compagnie de Lotus et Cali et chanter des chansons de Passe-Partout. Julien Morissette annonce qu’il a la ferme intention de récidiver avec ce type d’offre, l’an prochain.
Son festival est devenu le plus important du genre, au Québec.
Structurer l’industrie du podcast
Au point qu’il a pu organiser, pour la première fois, une «journée de l’industrie», à laquelle ont participé des créateurs, diffuseurs et producteurs, dont plusieurs sommités venues d’Europe – à commencer par Sylvain Gire, ce «véritable pionnier de la balado» qui a cofondé Arte Radio dès 2002. «Il n’avait que de bons mots sur ce qu’il a vu et entendu ici, et sur la radiodiffusion tel qu’elle se développe au Québec», partage Julien Morissette.
«Plus que jamais, on [Transistor] continue de créer des liens avec l’Europe. On a des enjeux qui se ressemblent.» En outre, ce genre d’échanges entre continents «nourrit et inspire les créateurs», estime-t-il.
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C’est aussi dans cette optique de créer une synergie, que Transistor, soucieux de profiter de la présence de cet aéropage de professionnels venus des quatre coins du Québec (et de plus loin) a aussi cru bon d’organiser – «en marge de la programmation, derrière portes closes» – une grande rencontre destinée à «amorcer des discussions sur les moyens de structurer notre industrie qui est en pleine croissance», partage Julien Morissette.
Ces discussions informelles, qui n’en sont qu’à leur «balbutiement», précise-t-il, pourraient, à terme, permettre d’envisager la création d’une entité administrative susceptible de «représenter les intérêts du milieu». Une entité outillée pour parler «d’une seule et même voix» de droits d’auteur ou de droits de diffusion. Et dont la voix aurait un poids et une légitimité, face aux autres grandes instances culturelles, organismes subventionnaires et unions syndicales.
Pour toutes ces raisons, le FRN est en mode expansion, et non plus en mode contrôle des dépenses, malgré «l’inflation et le manque de main d’œuvre». «On voit grand pour la prochaine édition», promet Julien Morissette en se frottant les mains.
Mont Rushmore
Au plan plus personnel, à titre de créateur, le grand bonheur du patron de Transistor Média aura été d’avoir enregistré, devant public, le pilote d’un nouveau projet balado: Mont Rushmore. en compagnie de son «meilleur ami» Steven Boivin dans le fauteuil du copilote.
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«Ça faisait trois ans qu’on voulait monter ce projet-là, mais en raison de la vie politique de Steven [qui est devenu conseiller municipal] et de tous les projets qu’on a, à Transistor, on n’a jamais eu le temps...»
Mont Rushmore fait partie des «projets chouchous» de Julien Morissette, sur un pied d’égalité avec Hantées (la série balado mêlant fiction et histoire patrimoniale du Vieux-Aylmer, lancée l’an dernier) et Synthèses (populaire série true crime qui a propulsé l’équipe de Transistor aux premières loges des créateurs audionumériques qui comptent, au Québec)
«Et généralement, ces «projets bonbons, ceux qu’on chérit, ce sont ceux qui marchent le mieux.»
Un pilote, c’est un épisode-test qu’un producteur destine à des diffuseurs pour leur montrer de quoi aurait l’air une série, dans l’espoir qu’ils achète/ diffusent/ hébergent le futur produit.
Or, Transistor Média – dont certaines productions sont vendues à OHdio ou à QUB Radio – a déjà sa propre vitrine de diffusion: son site web. Quelle peut bien être, alors, la nécessité d’un pilote?
«J’aime tester mes affaires. C’est pas tant pour envoyer [le pilote] à un diffuseur que pour observer les réactions du public, voir s’il embarque. En le réécoutant dans quelques semaines, je vais identifier ce qui marche, ce que j’aime et ce que j’aime pas, ce qu’on devrait faire pour corriger le tir.»
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«Mais c’est pas un projet que je voudrais vendre à un diffuseur, Mount Rushmore.»
«Là, maintenant, on commence à avoir, à Transistor, une structure qui nous permet de sortir des projets de façon indépendante, tout en ayant un bon rayonnement – et du financement. Par exemple, pour la deuxième saison de Hantées, on va travailler en collaboration avec Radio-Canada, parce qu’on trouvait que le fit était bon – alors que la première saison, on l’a fait de façon tout à fait autonome. [...] Il y a des projets qu’on veut garder indépendants et d’autres pour lesquels on a besoin des diffuseurs et des bailleurs de fonds. On y va au cas par cas.»
Un Mont Rushmore, dans la culture populaire, est une sorte de très court palmarès, un exercice consistant à identifier les quatre figures les plus emblématiques pour illustrer un thème ou une idée précise.
«Par exemple, c’est quoi le Mont Rushmore des cinéastes québécois? Est-ce que Denis Villeneuve, Michel Brault et Pierre Perreault [devraient se retrouver parmi ce carré d’as]. Quels humoristes québécois ou quels animateurs de radio [mériteraient leur place dans ce palmarès restreint]. On ouvre le débat, et on cherche un consensus, tous ensemble...» explique Julien Morissette, en partageant que «c’est quelque chose qu’on fait souvent [dans le privé], Steven et moi.»
Quatre mousquetaires
Afin de refléter la dynamique des têtes présidentielles du Mont Rushmore, «on sera toujours quatre autour de la table», dit-il.
Pour cet épisode «zéro», le tandem s’est entouré du chroniqueur-humoriste David Thibodeau, qui a longtemps œuvré derrière les micros radio-canadiens d’Ottawa-Gatineau; «On l’a fait venir de Vancouver pour enregistrer ce pilote, parce que c’est un allié. Et un très bon chroniqueur!»
Pour ajouter une perspective féminine, leur quatrième complice était Laïma Abouraja Gérald, elle aussi chroniqueuse radio-canadienne (dont on peut aussi lire la plume dans Elle Québec et Urbania). Cette dernière était aussi invitée à cette 7e édition du FRN en tant que membre du Club Sexu, venu enregistrer la veille (samedi) un épisode du balado À quoi tu jouis?.
Dans l’épisode pilote, le quatuor a cherché à déterminer quelles étaient les quatre plus grandes voix de la radio québécoise.
Le duo aylmerois a déjà dressé une liste de 120 sujets. Donc autant d’épisodes. «Et ça peut être des affaires vraiment sérieuses», professe-t-il.
«C’est une façon de transmettre de l’information à travers un concept ludique, [tout en jouant] aux gérants d’estrade», dit-il, blagueur.
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