L’éloge au chanteur qu’un cancer a emporté en 2007 sera la prochaine des Cartes blanches du Théâtre de l’Île (TDI). Le concept offre à un créateur la structure et le cachet nécessaires pour réaliser une série de trois représentations d’un projet en arts de la scène, quel qu’il soit.
Pour Steven Boivin, la carte vierge lui a été tendue il y a quelque six mois. « Je voyais vraiment une occasion de sortir de la musique », résume le cofondateur de Transistor Media qui est tombé dans la marmite musicale à l’adolescence. Ses trois spectacles de 30 minutes auraient pu être l’occasion de faire du stand-up, du théâtre, ou une comédie musicale – l’idée était d’ériger une version « musical » de la saga des tours Brigil intitulée Les tours du pouvoir. Parions que les spectateurs auraient été particulièrement nombreux.
Alors qu’approchait le jour J, un vieil ami est soudainement réapparu dans ses listes de lecture festives à Noël. À l’époque où Steven Boivin faisait partie des musiciens-cheminots du train à vapeur Hull-Chelsea-Wakefield, « j’étais comme le mononcle qui jouait des vieilles chansons. Je jouais du Joe Dassin, je jouais du Johnny Cash... Je jouais des tounes que les gens connaissaient et pouvaient chanter. »

« C’est là que je suis tombé en amour avec Boule Noire : c’est de la bonne musique qui groove, tout le monde aime ça, et les paroles... c’est un peu comme la Compagnie créole : on s’en fout un peu, mais tout le monde connaît les refrains ! »
Abandonné par ses parents à sa naissance en 1951, Georges Thurston a grandi en errant de foyer d’accueil en foyer d’accueil. À l’adolescence, il en aurait fallu peu pour qu’il bascule dans le crime. Alors que la discipline stricte d’une prison pour jeunes l’a remis sur le droit chemin, c’est la musique qui a changé sa vie. « On lui a donné une guitare et il s’est mis à jouer avec plein de gens. Il composait de la musique – un petit riff pour une telle personne, un accompagnement pour une autre –, il allait en studio pour d’autres artistes, il jouait avec des jeunes... »
Thurston a pris son nom de scène en 1975. Un an plus tard, son premier vinyle solo Aimes-tu la vie ? lançait véritablement sa carrière. « La musique m’a sauvé. Elle m’a tiré des sables mouvants dans lesquels je m’enlisais », a écrit le chanteur dans son autobiographie.
« Je me suis aussi reconnu là-dedans, a ajouté Steven Boivin, pour le fait de faire de la musique simple, que les gens aiment, et de collaborer avec beaucoup de gens ». Une association toute naturelle pour l’ancien chanteur du regretté groupe Langue de chemise, qui a collaboré par la suite avec Les Jaseurs et Joanie Michaud, entre autres. À l’arrière-scène, Boivin a été directeur artistique, puis directeur général du Festival Outaouais émergent, cofondateur du Minotaure et membre des conseils d’administration des organismes culturels principaux de la région.
Des collaborateurs de haut calibre ont été appelés à participer au projet. Mark Leclerc (saxophone), Philippe Pilon (guitare), Vincent Compagna (basse), Maude Bastien (batterie), Geneviève Morasse (violon, voix) et Geneviève Roberge-Bouchard (piano, voix) partageront la scène avec les choristes Claire Duguay et Jo-Anne Donoghue.
« On va être neuf au total. Je suis en train de m’endetter avec ce show-là. Ça me coûte le double du cachet ! rit l’interprète de Boule Noire. J’aurais pu présenter le produit avec deux choristes seulement... mais je voulais tripper. »
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POUR Y ALLER
Quand ? Les 7, 8 et 9 février, 20 h
Où ? Espace René-Provost (39 rue Leduc, Gatineau)
Renseignements : Événement Facebook Hommage à Boule Noire ; ovation.qc.ca