Sylvie Paquette « profondément émue » de recevoir le prix Sylvain-Lelièvre

Sylvie Paquette reçoit le prix Sylvain-Lelièvre alors qu'elle souligne ses 30 ans de carrière avec la production d'un huitième album.

« Jean-Pierre Ferland, Claude Léveillé, Claude Gauthier, Richard Séguin, Gilles Vigneault, Plume… c’est impressionnant ! » s’émeut Sylvie Paquette en prenant connaissance des auteurs-compositeurs-interprètes qui ont reçu le prix Sylvain-Lelièvre avant elle.


« Sylvain Lelièvre est un de nos très grands auteurs-compositeurs qui est parti trop tôt. Il aurait pu continuer tellement son œuvre, mais ce qu’il a fait est déjà très riche », mentionne celle qui a eu la chance de connaître l’artiste.

Quand Sylvie Paquette habitait à Montréal, Sylvain Lelièvre lui avait même écrit une lettre de recommandation afin de l’aider à obtenir une bourse au début des années 1990.

« Il aimait beaucoup ma chanson L’été en ville. Il m’avait donné confiance en me disant que j’étais capable d’écrire », se souvient celle qui a toujours trouvé l’écriture plus complexe que la composition de mélodies.

La deuxième

C’est l’artiste Bori qui a eu le plaisir de lui annoncer qu’elle recevrait le prix Sylvain-Lelièvre.

Sylvie Paquette et <em>Le Soleil</em> s'étaient donnés rendez-vous devant la murale Sylvain Lelièvre dans Limoilou.

«Ça m’a profondément émue, parce que je n’ai pas reçu beaucoup de prix ni de nominations à l’ADISQ», confie Sylvie Paquette avec humilité.

En fait, elle est la deuxième femme à recevoir ce prix décerné pour la première fois en 2006.

En 2009, Clémence Desrochers a été la première femme à recevoir cette distinction décernée annuellement par la Société professionnelle des auteurs et compositeurs du Québec (SPACQ)

Les autrices-compositrices sont de plus en présentes dans le paysage musical canadien et québécois, mais la reconnaissance n’évolue pas nécessairement de manière proportionnelle à la place qu’elles occupent, observe l’artiste qui célèbre ses 30 ans de carrière cette année.

Depuis 1979, le Félix de l’auteur ou compositeur de l’année a récompensé quatre femmes : Diane Tell (1980 et 1981), Louise Forestier (1987), Francine Raymond (1993) et Klô Pelgag (2021).

« Il y a beaucoup de femmes très talentueuses qui méritent d’être là. Je pense que la mentalité est en train de changer et les femmes se font plus confiance. »

—  Sylvie Paquette

En plus de son œuvre, la résidente de Saint-Augustin-De-Desmaures a l’impression que ce prix vient récompenser sa ténacité.

« Je n’ai pas un hit qui joue partout et on ne me voit pas à la télé trois fois par semaine. C’est normal que j’aie besoin d’appui et cet appui, je l’ai toujours senti », s’émeut l’autrice-compositrice qui travaille présentement sur son huitième album.

Intitulé Jusqu’ici, cet opus attendu en janvier 2024 vient « souligner » le chemin parcouru.

« J’avais envie de souligner, pas de célébrer, parce que c’est mon chemin, c’est obligé et j’ai la chance de continuer », précise l’artiste qui a reçu le prix Félix-Leclerc en 1997.

Carte blanche à la relève

Pour son huitième disque, Sylvie Paquette revisite des pièces de son répertoire, de Soul propos (1993) à Jour de chance (2013), avec une nouvelle génération d’artistes.

« C’est vraiment des auteurs-compositeurs-interprètes qui sont un peu réalisateurs ou qui aiment bidouiller en studio », explique-t-elle.

Déjà, le public a pu découvrir Oser, la chanson-titre de son album de 1997 retravaillée par Rosie Valland et Philippe Brault.

Ce mercredi, Sylvie Paquette dévoilera un second extrait : Panne d’amour.

Également tirée de Oser, cette chanson avait originalement été enregistrée avec les mêmes musiciens qui ont accompagné Daniel Bélanger pour son album Quatre saisons dans le désordre.

Vingt-six ans plus tard, c’est Salomé Leclerc qui revisite cette pièce et qui en interprète tous les instruments, à l’exception de la basse maniée par Philippe Brault.

« C’était très rock et Salomé l’a transformé en une espèce de ballade, mais pesante. C’est elle aussi qui a fait les arrangements et les chœurs », mentionne Sylvie Paquette.

L’artiste a donné carte blanche à ses collaborateurs parmi lesquels on retrouve Émilie Proulx, Antoine Corriveau, Chloé Lacasse et d’autres encore.

« Quand je fais des chansons, je suis très guitare-voix. Je n’entends pas d’arrangements. Alors, je m’entoure des meilleurs réalisateurs », affirme celle qui a toujours su bien s’entourer.

« À chaque disque, je regarde le passé et je me dis que c’était vraiment la bonne personne pour ces chansons-là », ajoute-t-elle.

Puisque chaque artiste a eu la mission d’imprégner les chansons de son univers personnel, on ne retrouve pas moins de cinq batteurs différents sur Jusqu’ici.

La voix de Sylvie Paquette, toujours enregistrée dans le même studio avec le même micro, est le fil conducteur sur ce disque un brin éclectique.

Hormis pour Garde-moi où elle joue de la guitare électrique, l’autrice-compositrice de 60 ans se concentre sur le chant pour ce projet.

Avec Daniel Bélanger

Les transformations qu’ont subies ses chansons l’obligent souvent à poser sa voix de manière différente.

La chanteuse a notamment eu beaucoup de plaisir à mélanger sa voix avec celle d’Elliot Maginot et d’Ingrid St-Pierre pour reprendre certains duos, dont celui de Garde-moi originalement enregistré avec son ami Daniel Bélanger.

Sylvie Paquette est aussi très fière de ses plus récents albums Je resterai tout près (2022) et Terre originelle (2016) même s’ils ne seront pas représentés sur l’album qui paraîtra en janvier 2024, le premier étant trop récent et le deuxième, s’articulant autour de 13 poèmes d’Anne Hébert, pour une question de droit d’auteur.

L’album qui paraîtra en janvier prochain comprendra notamment les chansons Si peu de choses, Soleil d’Espagne et L’été en ville.

« Il y a beaucoup de mes chansons qui sont encore inconnues du grand public, alors c’est un peu comme leur donner une deuxième vie où, peut-être, la rencontre avec le public sera plus grande », espère l’artiste, heureuse de continuer de pratiquer son métier avec la même passion qu’il y a 30 ans.

« Je suis contente de ne pas m’être lâchée et d’avoir continué », conclut Sylvie Paquette.