Elle rejoint ainsi Jane Campion, Julia Ducournau, respectivement primées en 1993 et en 2021.
Après les remerciements d’usage, la réalisatrice a pointé une contestation de la réforme des retraites « niée et réprimée de façon choquante » par un « pouvoir dominateur de plus en plus décomplexé ».
Elle a aussi dénoncé la « marchandisation de la culture défendue par le gouvernement » et qui est « en train de casser l’exception culturelle française ».
L’anatomie d’une chute dissèque de fascinante façon la dynamique d’un couple après la mort suspecte d’un père de famille.
Le film met notamment en vedette l’actrice allemande Sandra Hüller, qui a également brillé dans un autre film en compétition, The Zone of Interest du Britannique Jonathan Glazer, lauréat du Grand prix.
Cette œuvre originale et troublante nous ramène à l’époque de l’Holocauste, du point de vue du directeur du camp de concentration d’Auschwitz et de sa famille, vivant paisiblement dans l’ombre des fours crématoires.
« C’est un grand honneur, c’est un rêve », a-t-il indiqué avant de souligner le travail de son actrice principale : « Merci à Sandra Hüller qui a eu le courage d’incarner ce personnage. »
Cette dernière, que plusieurs voyaient sur le podium, n’a pas eu droit aux honneurs puisque les deux films dans lesquels elle joue ont reçus de convoitées récompenses du Festival de Cannes.
Le prix d’interprétation féminine est plutôt allé à l’actrice turque Merve Dizdar, qui s’est illustrée dans le film Les herbes sèches de Nuri Bilge Ceylan.
« Le personnage que j’ai joué est quelqu’un qui mène une lutte pour son existence et qui a surmonté beaucoup de difficultés », a évoqué la comédienne, qui a rendu hommage à celles « qui luttent pour exister et garder espoir ».
Chez les messieurs Koji Yakusho s’est démarqué avec sa superbe performance dans le film Perfect Days de Wim Wenders. Il y campe un homme lettré, amoureux de la musique et des arbres, qui consacre sa vie à nettoyer minutieusement les toilettes publiques de Tokyo.
L’acteur a accepté les honneurs humblement en remerciant le réalisateur Wenders et le coscénariste Takuma Takasaki : « Vous avez créé un personnage magnifique », a-t-il observé. On ne peut que seconder.
Perfect Days a d’ailleurs reçu le prix du jury œcuménique du Festival de Cannes.
Le prix du meilleur scénario est allé Sacamoto Yuji pour le long métrage Monster, réalisé par Kore-eda Hirokazu.
Le prix du jury a été remis à Aki Kaurismaki pour son très sympathique Les feuilles mortes. Les acteurs Jussi Vatanen et Alma Pöysti, qui y tiennent la vedette, l’ont accepté en son nom. « Merci et Twist and Shout! », a cité la seconde.
Au chapitre de la mise en scène, Tran Anh Hùng a été primé pour son gourmand La passion de Dodin Bouffant, mettant en vedette Juliette Binoche et Benoît Magimel, chaudement salués par le réalisateur.
Quant à la Caméra d’or, remise à un créateur présentant son premier long métrage, elle a été octroyée à Pham Thien An, 34 ans, pour son film L’arbre aux papillons d’or de présenté à la Quinzaine des cinéastes.