Grève de 500 employés au Casino et au Hilton Lac-Leamy

La grève de cinq jours n'affecte que certains services.

Sans crier gare, une grève de cinq jours a été déclenchée jeudi par quelque 500 employés des restaurants et du secteur hôtelier du Casino du Lac-Leamy, leur syndicat prétextant que Loto-Québec soulève l’ire des membres en restant campé sur ses offres salariales depuis cet hiver.


À l’instar de leurs collègues des trois autres casinos de la province – Montréal, Charlevoix et Mont-Tremblant –, en plus des employés de la section Jeux en ligne, ces syndiqués du complexe de jeu et hôtelier de Gatineau affiliés à la CSN ont débrayé pour dénoncer l’inflexibilité de l’employeur dans les négociations, au moment où des profits «extraordinaires» sont annoncés par Loto-Québec.

Colain Valiquette, président de la section Hilton du syndicat des travailleuses et travailleurs de Resto-Casino de Hull (CSN), affirme que ses membres sont insultés par l’offre de hausse salariale de 2,4%, compte tenu de l’année historique enregistrée par le secteur des casinos et salons de jeux, sans compter que le patron de ce volet chez Loto-Québec Kevin G. Taylor, a vu sa rémunération hausser de 34%.



«Loto-Québec annonce fièrement des profits records mais ce qui est le plus frustrant pour nous, c’est que ç'a été fait sur le dos des employés après la COVID-19. Nous étions seulement 100 pendant la pandémie et on a travaillé fort pour repartir la machine, alors qu’on était short staff (à court de personnel). Assez, c’est assez. Au Hilton, le vote en faveur d’un mandat de grève était de 100%. Le monde est frustré, écoeuré, ils veulent se faire respecter par l’employeur, c’est injuste», s’exclame-t-il.

Les croupiers ne sont pas visés par ce débrayage.

Le syndicat affirme que ses demandes salariales – les éléments normatifs sont réglés depuis plusieurs mois – représentent l’équivalent de la hausse du coût de la vie plus 1 dollars l’heure, question de protéger le pouvoir d’achat des employés et de renforcer à la fois l’attraction et la rétention du personnel, à l’heure où le taux de roulement est élevé.

La convention collective est échue depuis le 31 mars 2022.



«On négocie le monétaire depuis février et ils n’ont pas bougé d’un iota, alors que nous on a révisé nos demandes, notre offre globale. Eux, ils refusent de revenir avec quoi que ce soit, c’est ce qu’on ne comprend pas. [...] On nous appelle le petit monde, mais c’est nous qui faisons vivre le Casino et le Hilton. On est écoeurés de l’arrogance de la haute direction», plaide M. Valiquette.

Au Casino du Lac-Leamy,, les vestiaires seront fermés et les restaurants auront des heures d’ouverture réduites, de vendredi à lundi, sans compter qu’on ne pourra y commander que des plats pour emporter. Certains bars seront fermés autant au casino qu’à l’hôtel, où d’ailleurs les services aux chambres et de chasseurs seront interrompus.

La clientèle mérite mieux, dit le syndicat

Le syndicat avertit que le fait que Loto-Québec garde ses établissements ouverts viendra avec des impacts pour la clientèle.

«Ils peuvent le garder ouvert, mais avec un service réduit. Et les invités qui paient (au Hilton) 400-500 dollars pour un hôtel cinq étoiles, ce ne sera pas correct, parce qu’ils méritent le plein service. Je trouve ça déplorable. On sait qu’il a un plan de contingence, on ne sait pas c’est quoi mais ils auront de la misère à le faire», juge le leader syndical.

Ce qui s’avère encore plus frustrant, selon le syndicat, est que l’employeur souhaite financer la hausse salariale qu’il a mis sur la table en faisant reculer de 10% le premier échelon salarial des nouveaux venus dans le milieu, ce qui est jugé insensé sans compter que ça n’aidera en rien l’attraction en pleine pénurie de main-d’oeuvre, dit-on.

«Ce n’est même pas de l’argent neuf», déclare-t-il.

Le syndicat dit qu’il souhaite s’assurer qu’il n’y aura pas de briseurs de grève entre autres au niveau du service offert de banquets dans les salles de réunion du complexe hôtelier, citant en exemple le fait qu’en temps normal, pour une grand événement, on peut compter jusqu’à une cinquantaine de serveurs en plus de 15 à 20 personnes d’une agence externe. Il compte donc faire des inspections pour s’assurer que le recours à cette agence n’est pas exponentiel pendant la grève.



La CSN espère que le public va sympathiser avec les grévistes.

«C’est un lieu de divertissement et on en est fiers, mais durant la grève, on veut leur soutien. Les employés, on donne un service hors pair, alors que c’est nous qui sommes dans la rue», mentionne M. Valiquette.

Loto-Québec soutient que de vendredi à lundi, les effectifs seront en place dans tous ses casinos afin d’accueillir la clientèle, mais que certains services pourraient être offerts de façon limitée.

Au Casino du Lac-Leamy, notamment, les vestiaires seront fermés et les restaurants auront des heures d’ouverture réduites sans compter qu’on ne pourra y commander que des plats pour emporter. Certains bars seront fermés autant au casino qu’à l’hôtel, où d’ailleurs les services aux chambres et de chasseurs seront interrompus.

Loto-Québec réplique

Loto-Québec se dit déçu que le syndicat ait décidé d’amorcer une grève sans préavis plutôt que de rester à la table de négociation. On affirme que «deux offres monétaires globales et généreuses ont été déposées au cours des derniers mois», si bien que les deux parties semblent se contredire.

«Loto-Québec offre de bonnes conditions de travail à tous ses employés, ceux-ci étant au cœur de ses activités. D’ailleurs, la rémunération globale des employés des casinos est fort attrayante, particulièrement sur la question des salaires, de la rémunération incitative, des nombreuses primes et du régime de retraite à prestations déterminées. [...] Ces offres permettent de faire face aux grands enjeux d’attraction, de rétention et au contexte économique. Rappelons que des ententes de principe concernant les volets normatif et monétaire ont été conclues localement dans les casinos en décembre dernier», explique-t-on.

L’employeur souhaite que les efforts soient concentrés sur des «discussions sérieuses et constructives» dans le but d’en arriver à une entente équitable pour toutes les parties sachant qu’il s’agit de fonds publics.

«La valeur des demandes syndicales correspond à plus du double de ce qui a été consenti à l’ensemble des autres employés de l’organisation dans la dernière année», mentionne Loto-Québec.