
Son don de sang refusé à cause de sa bouteille d’eau
La décision du personnel de bénévoles présents sur place est d’autant plus regrettable que Mme Dion est de groupe sanguin A-, partagé par seulement 6 % de la population au Québec. En plus du courriel habituel d’Héma-Québec l’incitant à donner à l’occasion de chaque collecte de sang dans la région, elle avait même reçu un appel téléphonique. « On m’a fortement suggéré de me rendre à la clinique, parce que mon groupe sanguin est plus rare et la banque de sang était très basse. Ils avaient besoin de mon type de sang. »
Mme Dion insiste cependant pour ne pas jeter la pierre aux bénévoles qui permettent à ces collectes de sang d’avoir lieu. « Je pense qu’Héma-Québec devrait donner des consignes plus claires à ses bénévoles pour que ceux-ci fassent preuve d’un peu plus de souplesse dans les règlements. »
Héma-Québec
Interpellé sur l’événement vécu par Mme Dion, Héma-Québec se veut rassurant. « Il n’existe pas de consigne [interdisant] à une personne qui, pour réduire son empreinte environnementale, arrive avec de l’eau [dans une bouteille réutilisable]. Il n’y a aucune consigne, bien au contraire », indique Laurent-Paul Ménard, porte-parole d’Héma-Québec.
Et de l’eau, les donneurs en consomment beaucoup. En effet, Héma-Québec recommande à chaque donneur de boire une quantité d’eau équivalant au don de 500 ml de sang, afin de diminuer les malaises pouvant subvenir à cette occasion. Une bouteille d’eau est ainsi offerte à chaque donneur, sur laquelle on note un numéro. D’avril 2017 à avril 2018, plus de 300 000 dons ont été effectués, et autant de bouteilles d’eau en plastique à usage unique ont été utilisées.
Lisette Dion a toujours apporté sa propre bouteille d’eau, mais ce n’est que récemment qu’Héma-Québec propose systématiquement des bouteilles en plastique. « Avant, ils offraient de l’eau dans des gobelets en papier », se rappelle Mme Dion. Lors du dernier don de sang, « j’avais pris la bouteille et ça m’avait achalé », explique-t-elle.
Transition écologique
Jeudi matin, Mme Dion était décidée à refuser la bouteille d’eau offerte par Héma-Québec. La veille, elle avait en effet signé le Pacte pour la transition écologique, une initiative de 400 personnalités publiques, artistes et scientifiques du Québec incitant les citoyens à réduire leur empreinte environnementale et à presser les gouvernements à agir contre les changements climatiques.
Héma-Québec se dit consciente que plusieurs de ses donneurs sont mal à l’aise avec ces bouteilles d’eau à usage unique. « Je fais partie d’un groupe de travail dans lequel nous examinons présentement les meilleures stratégies pour justement rencontrer cette préoccupation-là de plusieurs de nos donneurs, et que nous avons nous-mêmes, de réduire l’empreinte environnementale qui est liée à l’utilisation de bouteilles d’eau à usage unique », précise M. Ménard.
« On nous supplie de réduire notre empreinte environnementale, alors ce n’est pas logique », constate Mme Dion.
À Héma-Québec, aucun échéancier n’est prévu pour remplacer ces bouteilles d’eau. « Nous en sommes à identifier les meilleures pratiques en la matière », explique M. Ménard.