Le Collectif régional de mobilisation de l’Outaouais, composé d’organismes et de syndicats, a manifesté mardi midi devant le bureau de la députée de Hull, Suzanne Tremblay, pour s’opposer au projet de loi 15. Les représentants de ce regroupement ont voulu remettre en mains propres leur communiqué de presse à Mme Tremblay, mais son conseiller politique leur a indiqué qu’elle n’était pas disponible.
«Notre filet social se désagrège et rien n’indique que le projet de loi 15 apportera une solution, même partielle, aux maux actuels», a mentionné le directeur de la Table régionale des organismes communautaires autonomes de l’Outaouais, Daniel Cayley-Daoust.
Les manifestants en avaient long à dire sur plusieurs aspects de ce projet de loi de la Coalition avenir Québec (CAQ). Ils dénoncent notamment qu’il n’y ait pas eu de consultations publiques en bonne et due forme. «Il y a eu des petites consultations en catimini qui n’ont rien à voir avec une véritable consultation publique démocratique», s’insurge le président du Conseil central des syndicats nationaux de la CSN en Outaouais, Alfonso Ibarra Ramirez.
Privatisation
Le Collectif estime que le projet de loi présenté par le ministre de la Santé, Christian Dubé, ouvre beaucoup trop la porte à un recours plus fréquent au secteur privé pour tenter de régler ce qui cloche dans le réseau public.
«La privatisation est l’une des principales causes des problèmes du système de santé, plaide le directeur d’Action Santé Outaouais, Mathieu Charbonneau. […] La santé est un droit et non une marchandise.»
Le Collectif craint notamment qu’en laissant une plus grande place au secteur privé, plusieurs employés du réseau public s’y dirigeront et que cela ne fera qu’accentuer la pénurie de personnel qui prévaut actuellement.
Centralisation
La représentante nationale de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux en Outaouais, Christine Prégent, affirme que le gouvernement «s’apprête à faire la plus grande centralisation jamais connue» en créant l’agence Santé Québec, «tout en essayant de faire croire à la population qu’il s’agit d’une décentralisation». Elle plaide que «le système de santé se doit d’être proche de sa population» et espère que la députée Suzanne Tremblay pourra «ouvrir les yeux de son parti pour qu’enfin la CAQ investisse dans ses services publics».
Secteurs ruraux
La centralisation fait aussi craindre des conséquences néfastes dans les secteurs ruraux. La coordonnatrice de l’Association de solidarité et d’entraide communautaire de la Vallée-de-la-Gatineau, Maude Lafrenière, affirme que la dernière réforme faite par les libéraux, en 2015, a déjà considérablement nui aux services offerts en créant «des décalages catastrophiques» dans les territoires ruraux. Elle craint maintenant que le projet de loi 15 mène à une «hypercentralisation».
«La grande réforme en 2015 était une centralisation vers les centres urbains de toutes les instances décisionnelles des services de santé, dit-elle. On a vidé les régions rurales de leurs gestionnaires, les communautés ont été laissées à elles-mêmes sans leadership. On a perdu nos conseils d’administration, on a perdu les instances qui connaissent nos réalités, nos populations, nos organismes communautaires et qui prenaient des décisions en fonction de ces réalités.»
L’espoir
Le directeur d’Action Santé Outaouais espère que même si la CAQ est majoritaire, les sorties publiques comme celle effectuée mardi devant le bureau de Suzanne Tremblay mènera à «un regain de lucidité» pour que des modifications soient apportées au projet de loi.
Mathieu Charbonneau estime aussi que «tant et aussi longtemps qu’il n’y aura pas un réinvestissement massif» dans le réseau de la santé de l’Outaouais, «il y aura toujours un impact plus grand des réformes» dans la région.
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