« On est animé d’un sentiment d’urgence. Mais ce n’est pas vrai qu’on a une solution demain matin. Si je vous disais ça, ce serait un mensonge », a commenté M. Lacombe, jeudi en fin de journée.
Le ministre québécois de la Culture et des Communications, lui-même un ancien chef d’antenne à TVA Gatineau de 2014 à 2018, réagissait en point de presse à l’annonce de la suppression de 547 postes chez Groupe TVA.
Le ministre divise le problème en deux dossiers distincts. Les médias d’information et la production audiovisuelle.
« Sur les médias d’information, il y a des programmes qui existent. Est-ce qu’ils peuvent être élargis? Est-ce qu’on peut les appliquer différemment? On a déjà des discussions pour savoir comment on peut adapter notre aide au contexte d’aujourd’hui », a expliqué le ministre.
Il souligne que le gouvernement Legault a investi 217 millions $ dans les médias d’information depuis 2018, sans compter la publicité gouvernementale.
Repartir d’une feuille blanche
Sur la production d’émission de télévision, c’est une autre paire de manches. M. Lacombe parle plutôt du « système au complet qui ne fonctionne plus. De A à Z ».
Il dit que le système de financement de la production audiovisuelle doit être revu « comme si on repartait à zéro ». « Si on repartait d’une feuille blanche, dans le monde numérique d’aujourd’hui, comment on l’écrirait ce système? On doit se poser la question », indique le ministre.
« Un travail énorme auquel je veux m’attaquer. On est en train de le faire. Il faut agir le plus rapidement possible, mais ce n’est pas un enjeu qu’on peut régler en pesant sur un bouton ».
— le ministre Mathieu Lacombe, sur le financement du secteur audiovisuel
Il repousse l’idée d’une aide d’urgence à TVA, entre autres parce qu’il s’agit d’une entreprise privée.
« Ce n’est pas juste une question d’envoyer de l’argent. Et on ne va pas tout changer en claquant des doigts », a-t-il illustré.
C-18 trop sévère?
Quant au blocage des géants du web des médias d’information canadien pour répondre à la nouvelle loi fédérale sur les contenus numériques, mieux connu comme le projet de loi C-18, M. Lacombe concède que la méthode choisie par Ottawa s’avère peut-être trop radicale.
« Sur le principe, j’ai toujours appuyé l’idée du projet de loi C-18. Mais la posture du gouvernement fédéral d’imposer à Meta ou Google de rémunérer les médias comme s’ils avaient plus besoin de nous que nous avions besoin d’eux, c’est un angle qui peut être débattu. »,
— Mathieu Lacombe, ministre québécois de la Culture et des Communications
« Mais sur le fond, il faut rééquilibrer les choses », enchaîne-t-il du même souffle.
« Un jeudi noir », dit le PQ
Député porte-parole du Parti québécois en matière de culture et de communications, Pascal Bérubé est aussi le conjoint d’Annie-Soleil Proteau, animatrice à TVA.
« C’est un véritable jeudi noir pour la culture québécoise », a-t-il déclaré en point de presse, confiant au passage que Mme Proteau « ne sait pas ce qui va arriver de son poste ».
Lui-même élu de la circonscription de Matane-Matapédia, il a souligné, comme le ministre, la perte coûteuse que représente de rapatrier à Québec de la présentation des nouvelles des stations régionales.
M. Bérubé souligne que TVA s’avère la station généraliste la plus regardée et qu’elle envoie « un message différent de la société d’État », Radio-Canada.
« Je mets en garde toute personne, qui parfois, n’est pas d’accord avec les productions de TVA, de se réjouir de ce qui se passe. C’est dramatique. Demain, ce sera un autre média, il n’y a personne qui gagne. »
— Pascal Bérubé, du Parti québécois
QS demande un fonds des médias
Le péquiste Bérubé a de plus lié l’annonce de coups au Groupe TVA à l’arrêt de paiement du loyer par Québecor à l’Assemblée nationale du Québec, depuis quelques mois.
Il dit craindre que les journalistes et techniciens de TVA doivent bientôt couvrir l’actualité parlementaire de locaux situés à distance de la colline Parlementaire.
La porte-parole de Québec solidaire en matière de culture et de communications, Ruba Ghazal, en appelle pour sa part à « des mesures structurantes pour briser le cycle des mises à pied dans le secteur des médias. Le Québec doit se doter d’un Fonds des médias, Québec solidaire le propose depuis des années. C’est une question de survie de notre culture, de notre langue et de notre patrimoine ».