La résurrection du troisième lien relève de l’« improvisation », selon les oppositions

Le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois.

Fallait voir les élus caquistes foncer tour à tour à travers le groupe de journalistes et éviter de s’arrêter pour ne pas répondre aux questions sur le troisième lien tout juste ressuscité par leur patron.


À la sortie de la période de questions, mardi après-midi, au Parlement de Québec, la plupart des 89 députés et ministres de la Coalition avenir Québec (CAQ) avaient le pas rapide. Très rares sont ceux qui se sont arrêtés devant les membres de la presse parlementaire.

« Le résultat d’hier [lundi] est on ne peut plus clair », a quand même affirmé le ministre responsable des Infrastructures et ministre responsable de la région de la Capitale-Nationale, Jonatan Julien.

À l’autre bout du couloir, M. Julien venait de passer plusieurs minutes à discuter avec la ministre des Transports et aussi députée de la région, Geneviève Guilbault.

« Le lien de confiance est ébranlé et les enjeux de mobilité sont au cœur de ça. Alors, on doit consulter les citoyens et le troisième lien fait partie de ça », a indiqué M. Julien, avant de se diriger à son bureau.

Ne pas déterrer les morts

L’air presque aussi abasourdi, les chefs des deux partis aussi représentés par des députés à Québec, Québec solidaire et le Parti québécois, ont tous deux parlé d’« improvisation ».

« Je suis étourdi. Ça tourne tellement en rond sur le troisième lien », a illustré Gabriel Nadeau-Dubois, de QS.

« On l’a promis, on l’a dépromis et là, on le repromet à moitié. Je savais que ça coûtait, une élection partielle, mais je ne pensais pas que ça allait coûter 10 milliards $ », a-t-il poursuivi.

M. Nadeau-Dubois a en suite parlé du tunnel autoroutier entre Québec et Lévis comme d’un «projet zombie et je pense qu’on n’aurait pas dû le ressusciter. C’est un projet mort et enterré et il devrait le rester. Ce n’est pas de ça dont les gens de Québec ont besoin. Ils ont besoin d’un projet réaliste, qui va exister et qui va diminuer la congestion sur les routes. Ce n’est pas le fantasmatique troisième lien avec lequel la CAQ a niaisé les gens».

Victorieux avec le PQ lundi dans l’élection partielle de la circonscription de Jean-Talon, Paul St-Pierre Plamondon répétait que la CAQ ne respecte pas l’intelligence des gens. Une ligne qu’il avait souvent utilisée en campagne.

« En un an, on aura dit une chose, son contraire et le contraire du contraire. Est-ce que vraiment, la CAQ a compris le message des électeurs dans Jean-Jalon? Je laisse tout le monde en juger. Le lendemain d’une élection partielle, on lance quelque chose de nouveau de manière improvisée. »

—  Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois

Chose certaine, le sujet sera assurément discuté à la réunion de tous les députés de la CAQ prévue mercredi soir.

Mais selon le député de Beauce-Sud, le troisième lien est demeuré au sein des discussions des élus de la CAQ même après l’abandon de son volet automobile, en avril.

« On a de bonnes discussions à avoir et le premier ministre a indiqué qu’on est à l’écoute de la population », a affirmé Samuel Poulin. Il dit déjà consulter les citoyens de son comté « tous les soirs de semaine et les fins de semaine, dans ma circonscription ».