« Malheureusement, on va être obligé de laisser brûler Clova », a constaté le premier ministre François Legault, lors de son breffage avec les dirigeants de la Sécurité civile et incendie et de la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU), à Québec, lundi.
Les médias étaient invités à assister à la rencontre durant quelques minutes.
Clova est un village forestier du nord de la région de la Mauricie situé à 300 km de La Tuque, ville dont le secteur fait partie.
Les 36 résidants de Clova ont déjà été évacués.
M. Legault a ensuite tenu une conférence de presse officielle pour faire le point sur la situation des feux au Québec, en compagnie de ses ministres de la Sécurité publique, François Bonnardel, et des Ressources naturelles et des forêts, Maïté Blanchette Vézina.
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/XMU34BIKBBHHHPBNAUEV4MLERM.jpg)
« On a évité le pire dans les grandes municipalités, mais il y a une petite municipalité qu’on n’a pas pu sauver. Il y aura des discussions à avoir sur les dégâts matériels », a-t-il déclaré.
Au moment où M. Legault a fait cette affirmation, le village n’était pas encore la proie des flammes. Mais cela viendra tôt ou tard, résumait-on dans l’entourage du premier ministre.
La SOPFEU a plus tard nuancé, sur Twitter : « L’intensité du feu a dépassé la capacité des avions-citernes. Aucune résidence n’a encore été détruite. Certains chalets pourraient avoir brûlés. La SOPFEU tente de protéger Clova par du travail au sol et de l’arrosage héliporté. »
L’Abitibi inquiète
Sur l’ensemble du territoire québécois, on comptait 164 feux actifs lundi. Les autorités en combattent une trentaine, les plus menaçants.
M. Legault a déclaré que la bataille devrait durer tout l’été, avant de tout éteindre.
En ce moment, 10 000 Québécois ont été évacués de leur demeure.
Les deux régions les plus touchées sont l’Abitibi, avec 5500 évacués, et la Côte-Nord, avec 4500 évacués. Certains secteurs des régions de la Mauricie et du Lac-Saint-Jean sont aussi sous surveillance.
L’arrivée de pluie dans les prochains jours s’avère encourageante pour la Côte-Nord et les gens de Sept-Îles et des environs.
Mais ça se corse en Abitibi avec du temps sec pour au moins les cinq prochains jours. Les habitants des villes de Normétal et de Lebel-sur-Quévillon sont les plus menacés d’évacuation à court terme.
Si les citoyens de Chapais ont pu réintégrer leur maison après quelques jours, M. Legault affirme qu’aucun retour à la maison n’est prévu à court terme pour les 10 000 autres évacués.
Sur la Côte-Nord, la situation du pont Touzel en Minganie, fermé quelques jours avant l’arrivée des feux à cause d’un problème de structure, demeure problématique. Les véhicules légers pourront recommencer à passer sur le pont dans cinq ou six jours, ce qui ne laisse encore que la voie aérienne pour transporter des denrées au-delà de la rivière Sheldrake.
De l’aide extérieure
La SOPFEU a 480 personnes déployées sur le terrain, en plus d’une centaine de pompiers provenant des États-Unis et une centaine de la France.
Comme les autres provinces canadiennes sont aussi aux prises avec des feux de forêt intenses — environ 40 000 personnes sont évacuées à cause des feux à travers le Canada —, le Québec fait appel à l’aide d’autres pays. Des discussions ont lieu avec le Costa Rica, le Portugal et le Chili, entre autres.
« S’il faut laisser nos effectifs sur le terrain tout l’été et aller chercher tout l’appui extérieur, on va le faire. »
— François Bonnardel, ministre de la Sécurité publique
Le premier ministre Legault a quant à lui évoqué l’idée d’augmenter les ressources pour les années à venir.
« Il faut être prudent de comparer à la moyenne des années passées et de dire que la croissance de cette année est toute due aux changements climatiques. Il y a des années où il y en a plus que d’autres. Mais, il y a quand même une tendance générale à plus avoir de feux », a-t-il reconnu.
« Il faut se poser ces questions-là : est-ce qu’on a besoin de plus de personnel? Est-ce qu’on a besoin de plus d’avions-citernes? Est-ce qu’on a besoin de faire les travaux pour protéger les municipalités? » a énuméré M. Legault.