Le projet de loi 24 sur la révision de l’indemnité annuelle des élus provinciaux a continué de faire l’objet de beaucoup de ping-pong politique et parlementaire, mardi.
La pièce législative commande en gros une hausse du salaire de base annuel des députés de 101 561 $ à 131 766 $. Bond immédiat de 30 %, dès la sanction de la loi.
Un amendement pour « amoindrir »
Jeudi dernier, en commission parlementaire, Québec solidaire (QS) avait tenté de faire passer un amendement d’une hausse de 20 %, au lieu de 30 %, pour « amoindrir l’impact sur les contribuables québécois ». Le chef solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, a répété le mot « amoindrir » à 14 reprises en point de presse, mardi, pour justifier ce geste de son leader, Alexandre Leduc.
Quelques heures plus tôt, mardi matin, QS avait fait paraître un sondage Léger commandé par l’aile parlementaire du parti de gauche et où 74 % des Québécois sondés sont contre cette hausse.
QS s’est toujours dit contre le principe de voir les élus se voter eux-mêmes une hausse de salaire. Un autre compromis proposé par les solidaires était de reporter la mise en œuvre de la hausse en 2026, lors de la prochaine législature.
De son côté, le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) a offert une fin de non-recevoir à ces propositions et ira de l’avant d’ici la fin de la session parlementaire. Avec sa forte majorité de 89 élus sur 124, en excluant la présidente, qui n’a pas droit de vote, la CAQ a tous les outils pour faire adopter le projet de loi d’ici au 9 juin.
« Il faut toujours être prudent avec les sondages. »
— François Legault, que ses adversaires accusent souvent de diriger par sondages
« Il faut voir comment les questions sont posées. Il y a des questions où les réponses sont pas mal évidentes », a commenté le premier ministre Legault, en référence au sondage de la firme Léger payé par QS.
D’aucuns accusent souvent M. Legault et son gouvernement de diriger par sondages.
« Il faut être capable de prendre des décisions difficiles. [...] À un moment donné, il faut aussi prendre des décisions qui sont importantes pour la société », a-t-il poursuivi.
« C’est sûr que, demain matin, si je demande aux Québécois : êtes-vous d’accord que les salaires des hauts fonctionnaires québécois [augmentent]? Peut-être que la réponse, ça va être non. Mais ma responsabilité, c’est d’avoir des hauts fonctionnaires compétents pour travailler à l’avenir du Québec. Donc, j’ai aussi une responsabilité de gouverner pour le bien des Québécois, pas selon l’humeur des sondages ou du vent », a dit M. Legault.
Se comparer à Ottawa
Il trace un parallèle avec certaines décisions « difficiles » prises pendant la pandémie, comme l’obligation du port du masque dans les endroits publics.
Le gouvernement de la CAQ s’appuie sur le rapport d’un comité formé de deux ex-députés, une libérale et un péquiste, ainsi que d’un expert en ressources humaines.
Quant aux comparables parmi les autres législations à travers le Canada, M. Legault préfère se comparer aux élus fédéraux plutôt qu’aux députés des autres provinces.
« Si vous comparez avec Ottawa, parce que n’oublions pas que le Québec est une nation, qu’on a à gérer des pouvoirs identitaires que d’autres provinces n’ont pas à gérer. Donc, on va rester en bas des salaires à Ottawa », a souligné le premier ministre Legault.
Le Parti libéral du Québec (PLQ) est en faveur du projet de loi et votera pour.
Québec solidaire et le Parti québécois (PQ) voteront contre.