
«Nous ne sommes encore pas sortis du bois», dit le DG de Moisson Outaouais [VIDÉO]
«Nous ne sommes pas encore sortis du bois. Des gens auront besoin de nous encore 12, peut-être même 24 mois. Nous trempons dans un environnement volatile, incertain, complexe et ambigu. Nous sommes encore dans une période où on se cherche, mais entre-temps les gens doivent manger, c'est primordial», s'exclame le directeur général de l'organisme, Armand Kayolo, quand il voit ces chiffres à la fois alarmants et révélateurs.
Il se plaît toutefois à dire que l'organisme n'est pas là que pour nourrir les estomacs, mais aussi «les cerveaux et l'espoir».
Il y avait de l'action dans l'entrepôt de la rue Bombardier à Gatineau mardi alors qu'une vingtaine de bénévoles se sont relayés pour finaliser la confection de 1715 paniers de Noël d'une valeur approximative de 140$ chacun qui seront distribués par les 43 organismes partenaires aux gens dans le besoin. Signe que la demande est forte, c'est presque le double du nombre de paniers préparés en 2019.
La valeur totale des paniers avoisine donc la barre des 250 000$.
«C'est la première fois qu'on achète autant de nourriture destinée aux paniers de Noël. Il y a de la dinde, de la tourtière, des bûches de Noël, des céréales, du pain, des pâtes alimentaires, des légumes, du beurre d'arachides, etc. Tout cela est possible grâce aux donateurs. Depuis le début de la crise, oui il y a eu le soutien des instances gouvernementales mais la population est aussi très généreuse. On ne s'y attendait pas. On a la chance d'être dans une région où plusieurs personnes travaillent à la fonction publique, ont toujours un emploi, sont en télétravail à la maison. Ils peuvent nous aider. Mais en milieu rural, la réalité est différente, plusieurs personnes travaillaient dans des restaurants, de petits commerces ou encore de usines qui ont fermé», explique-t-il, rappelant que 87% des revenus de la banque alimentaire proviennent des dons de la communauté.
Les paniers de Noël ont également été plus garnis qu'à l'habitude car certains organismes d'aide alimentaire de la région ferment leurs portes durant les Fêtes après cette année éprouvante, question de permettre à leurs équipes de se reposer.
«Mais la faim, elle, ne prend pas de vacances», rappelle M. Kayolo, qui estime que la pandémie a fait plus de dégâts qu'on le croit.

Des produits d'ici pour Noël
Grâce à un partenariat avec le Marché de l'Outaouais, des produits locaux ont aussi pu être insérés dans ces paniers qui feront chaud au coeur de centaines de personnes. La Ferme Aux Pleines Saveurs, la Ferme Brylee, la Bleuetière La Maison des Délices, la Laiterie de l'Outaouais et l'Érablière Bo-Sirop sont au nombre des entreprises qui sont mises en valeur.
Fait à noter, les tourtières ont été faites à même la cuisine de transformation de Moisson Outaouais puisque du veau haché offert grâce au gouvernement fédéral dans le cadre du Programme de récupération de surplus alimentaire lui a été distribué. Le programme a pour but de réacheminer dans le système alimentaire les produits alimentaires excédentaires pour aider les gens vulnérables.
Armand Kayolo précise que l'organisation vient dorénavant en aide à environ 16 000 personnes par mois, une hausse de 25%.
«Il y a un besoin qui s'est créé et qui demeure constant. Le stress et l'inquiétude a gagné certaines tranches de la population. Certaines études réalisées il y a deux ans disent qu'il y a 29 000 personnes qui souffrent d'insécurité alimentaire dans la région mais qu ne fréquentent pas les banques (alimentaires). La pandémie est allée chercher une bonne partie de ceux qui hésitaient», lance le directeur général.
À une semaine et des poussières de Noël, ce dernier en profite pour rappeler que l'ampleur des besoins ne disparaîtra pas par magie en janvier.
«Noël est un moment précieux, oui, mais ce n'est pas le seul moment où les gens doivent manger. Nous, on doit garnir nos étalages et lutter contre cette insécurité 365 jours par an. Nous sommes un instrument, une courroie de transmission pour que la communauté aide la communauté», conclut-il.