
Les gènes du jumeau astronaute sont revenus à la normale
Dans un sens, ça donne des armes aux pessimistes de l’exploration spatiale, pour qui notre corps subira des changements là-haut dont on ne sait encore trop rien. Dans l’autre sens, ça donne des armes aux optimistes : un an après le retour sur Terre de Scott Kelly, ses gènes « altérés » sont pratiquement revenus à ce qu’ils étaient avant. On continue d’observer des différences physiologiques subtiles avec son frère jumeau, mais il est difficile de les associer à un ou plusieurs de ces gènes.
Il y a un an, beaucoup avaient blagué sur le fait que les deux frères jumeaux n’étaient plus des frères jumeaux. En réalité, les changements chez Scott étaient mineurs. L’expression de 7 % de ses gènes avait été affectée par son séjour dans l’espace, un chiffre plus impressionnant qu’il n’y paraît : il ne signifie pas que 7 % des gènes ont muté, comme certains l’avaient compris, simplement que des gènes produisaient plus ou moins les protéines qu’ils étaient censés produire. À titre de comparaison, la cigarette, l’alimentation ou le stress altèrent également l’expression de centaines de gènes chez une personne.
Mineurs, mais néanmoins intrigants : pourrait-on identifier quelque chose d’inquiétant ou de dangereux parmi ces changements ? Des mises en garde pour les futurs astronautes, en particulier ceux qui iront un jour vers Mars ? Réponse aujourd’hui : on n’en sait rien. Isoler une seule cause — microgravité, radiations, circulation de l’air, alimentation sèche, insomnies — s’est révélé impossible. Même une hypothèse qui semblait solide avant le départ de Scott Kelly — que le stress inhérent à un tel séjour allait raccourcir les structures de ses chromosomes appelées télomères — n’a pas tenue : ses télomères étaient, à son retour, plus longs que ceux de son frère.
Par-dessus tout, il y a un autre problème qui empêche de tirer des conclusions hâtives : on est devant un échantillon d’un seul astronaute, une seule paire de frères jumeaux. Tout changement observé sur le jumeau astronaute pourrait être, pour l'instant, autant attribué à l’effet d'un séjour dans l’espace qu’à la chance.