Le retour des « années folles » dans l’industrie du vêtement chic

La pandémie n’a pas été facile pour Fanny Labbé, propriétaire depuis 14 ans du magasin de robes de bal Dites oui à la robe. Mais 2023 « a été une très bonne année ».

Après trois ans en berne, l’industrie des vêtements pour les bals et les mariages revit. Les carnets de commandes sont pleins. Les jeunes, quant à eux, veulent ressembler aux vedettes qu’ils suivent sur les réseaux sociaux.


Si un secteur a été fortement touché pendant la pandémie de COVID-19, c’est bien celui de l’événementiel. Plusieurs commerces et entreprises ont mis la clé sous la porte. Mais pour la première fois en trois ans, aucun nuage à l’horizon. Les bals de fin d’années d’étude auront bien lieu et de nombreux mariages seront célébrés au cours de l’été.

« La situation a été particulièrement difficile pendant la pandémie. J’ai été à la veille de fermer mon entreprise », témoigne la propriétaire de Dites oui à la robe, Fanny Labbé.



Heureusement pour Mme Labbé, la situation s’est grandement améliorée au cours de l’été 2022. Et dès septembre, les étudiantes de secondaire 5 ont commencé à affluer dans son magasin. Elle a même reçu la visite de touristes américaines qui ont profité de leur passage à Québec pour s’acheter des robes.

« Ça va tellement bien que j’ouvre une succursale sur la Rive-Sud de Montréal à la Prairie. »

—  Fanny Labbé, propriétaire de Dites oui à la robe

« Les jeunes filles avaient hâte. À quelques jours des bals, on peut dire que ça a été une très bonne année. Les gens sont prêts à payer pour vivre une soirée exceptionnelle », confirme la propriétaire de Bouton Rose, Mylène Renaud.

Le sur mesure a la cote

Du côté des gars, les entreprises spécialisées dans le sur mesure peuvent également se réjouir. « Je suis vraiment surpris de voir autant de parents venir pour habiller leur fils », souligne le directeur marketing de Surmesur, Jean-Pierre Lachance.

Jean-Pierre Lachance, directeur marketing de Surmesur, montrant une tenue créée par l'entreprise.

De l’avis de M. Lachance, les privations des dernières années ont donné encore plus le goût aux gens de vivre des expériences humaines et le sur mesure permet de personnaliser son habit.



Un avis partagé par le propriétaire de Valin Confection, Simon Valin. Son commerce propose un service de sur mesure ainsi que la location. « En location ou dans le prêt-à-porter, les choix de couleur et de style sont plus restreints », explique-t-il.

« Lors d’un essayage, un client qui portait une location a vu un autre client avec un complet sur mesure. Il a vu une taille parfaitement ajustée et la qualité du produit. Il a eu le goût d’en posséder un aussi. »

—  Simon Valin, propriétaire de Valin Confection

Selon M. Lachance, un complet fabriqué sur mesure va durer cinq ou six ans, contrairement à un ou deux ans pour du prêt-à-porter.

Les années 20 du 21e siècle

Que ce soit pour un mariage ou pour un bal, les clients arrivent avec des idées bien précises, selon les professionnels des vêtements de soirée.

Simon Valin, propriétaire de Valin Confection

Et cette année, la tendance est aux couleurs éclatantes et des styles flamboyants, en particulier pour le bal des secondaires 5. « Les filles veulent des robes pour en mettre plein la vue. Elles prennent beaucoup de photos et les partagent sur les réseaux sociaux. On est loin des années 80-90 où la photo finissait dans un cadre chez les parents », relate Mylène Renaud.

Jean-Pierre Lachance compare 2023 aux «années folles» du 20e siècle, la décennie 1920.

« À cette époque, les gens sortaient d’une guerre. Ils avaient le goût de s’amuser et de porter des vêtements éclatés. On retrouve un peu la même chose aujourd’hui. »

—  Jean-Pierre Lachance, directeur marketing de Surmesur
Un aperçu des robes de bal de la boutique Dites oui à la robe.

Chez les filles, le look un peu plus classique des années précédentes a laissé place à des robes de princesses ornées de pierre ou de plumes dans des couleurs parfois très fluorescentes. « Les robes sont brillantes, je pense même que les plumes deviendront une véritable tendance en 2024 », estime Mme Renaud.



Le prix peut varier entre 250 et 1300 $ selon le modèle et la qualité du tissu.

D’autres vont préférer de beaux tailleurs veste-pantalon bien ajustés dans des couleurs vives. « Elles voient des vedettes en porter sur les tapis rouges. On attire de plus en plus de filles parmi nos clients », fait valoir M. Valin.

Pour les gars, l’objectif est de ressembler à une de leur idole. « Ils ont fait leurs recherches. Ils viennent avec des photos. On constate un souci du détail qu’il n’y avait pas avant », mentionne M. Lachance.

Des complets créés par Surmesur.

Ils préfèrent également porter des espadrilles. « Il y a 10 ans, on n’en voyait pas. Les pantalons se portent aussi court. L’important est d’être chic avec le haut du corps », indique Simon Valin.

Les prix varient entre 600 et 1600 $ pour du sur mesure. « Ça donne de bonne discussion entre les parents et l’enfant, surtout si le costume n’est pas reporté par la suite », affirme M. Valin.