Trois portraits de femmes actives inspirantes

Pour inspirer la pratique sportive chez les femmes, <em>Le Quotidien</em> vous présente le portrait de trois femmes, Sonia Lavoie, Lynne Routhier et Ariane Martel Bouchard, qui ont intégré le sport dans leur vie de tous les jours.

Un outil pour délaisser l’alcool, pour prendre du temps pour soi ou pour se sentir bien malgré les épreuves de la vie, les raisons sont nombreuses pour commencer l’activité sportive. Pour inspirer la pratique sportive chez les femmes, Le Quotidien vous présente le portrait de trois femmes qui ont intégré le sport dans leur vie de tous les jours.


Ariane Martel Bouchard : La course au lieu de l’alcool

Après avoir délaissé l’alcool il y a deux ans, Ariane Martel Bouchard a grimpé 39 fois le mont Lac-Vert, en mars dernier, et elle se lance maintenant le défi d’une course de 1750 kilomètres!

Dans sa jeunesse, Ariane Martel Bouchard était une athlète, mais à l’âge adulte, la vie l’a amenée ailleurs. «Je jouais beaucoup au badminton au secondaire et au cégep, mais il n’y avait pas d’équipe à l’université, alors j’ai délaissé le sport pour les jeux vidéo et l’alcool», se souvient-elle. En travaillant comme chef cuisinière dans un restaurant, elle se retrouve dans un milieu où la consommation est fréquente.



«L’alcool ne me nuisait pas dans ma vie personnelle ou professionnelle, mais au fond de moi, je savais que ma consommation était problématique», dit-elle, ajoutant que l’alcoolisme touche plus de gens qu’on le pense.

En regardant un documentaire sur des artistes qui avaient délaissé l’alcool, elle décide de changer de vie, pour retrouver l’Ariane sportive et énergique. En délaissant l’alcool, un dépresseur, elle retrouve l’énergie rapidement, souligne-t-elle, ajoutant qu’elle est devenue végane dans la même période. Le 18 juin 2023, Ariane Martel Bouchard fêtera son deuxième anniversaire de sobriété.

«Les deux premiers mois ont été plus difficiles, parce que mon corps devait se réhabituer à un rythme plus normal», explique-t-elle. Avec le temps, elle a oublié le goût de l’alcool, mais la sobriété demeure un défi de tous les jours... surtout quand quelqu’un ouvre des bulles pour une occasion spéciale. «Quand je repense à mon ancienne moi et à tout ce que ç'a amené de négatif dans ma vie, je préfère rester sobre», lance la jeune femme de 32 ans, qui admet être intense dans tout ce qu’elle fait.

« J’ai commencé par la marche, des longues marches pour me vider la tête », note-t-elle. Puis elle a découvert la course en sentier, un sport qui lui convient à merveille. Depuis ce temps, elle se sent bien dans sa peau et dans sa tête. « Je ne reviendrai jamais en arrière », dit-elle. Intense dans tout ce qu’elle fait, elle carbure maintenant aux défis. En mars dernier, elle a complété un Everest au mont Lac-Vert, c’est-à-dire 39 ascensions de la montagne pour totaliser 8848 mètres, soit l’équivalent de la hauteur de la plus haute montagne de la planète, en près de 40 heures. Un court métrage de huit minutes sur cette aventure, réalisée par Zigzag Sports, a d’ailleurs été diffusé le 11 mai en ligne.



1750 kilomètres à la course!

Après l’Everest local, Ariane s’est lancé le défi de courir 1750 kilomètres répartis en quatre boucles sur la Route verte, plus connue pour les randonnées à vélo. «Le réseau de la Route verte compte 5300 kilomètres, mais il n’est pas très utilisé par les coureurs et les marcheurs, note-t-elle. C’est pourtant un super beau réseau à proximité des gens qui offre un terrain de jeu illimité.»

Dans un premier temps, elle courra 256 km sur la Véloroute des Bleuets, à partir du 20 mai, avant d’aller faire la boucle de 230 km aux Îles-de-la-Madeleine, à la fin juin. À l’automne, elle fera les Boucles interrives du Saint-Laurent via La Véloroute des Baleines sur la Côte-Nord et au Bas-Saint-Laurent sur une distance de 346 km, avant de faire la dernière section de 915 km en Gaspésie au printemps 2024.

«Je n’ai pas d’objectif de kilomètres par jour, parce que ce n’est pas une course, dit-elle. Je fais plutôt ce projet pour inspirer monsieur et madame Tout-le-Monde.» Ariane souhaite quand même franchir au moins une quarantaine de kilomètres par jour. Elle souhaite écrire un livre en réalisant cette aventure et les profits des ventes seront remis à la fondation Sur la pointe des pieds.

Sonia Lavoie : Prendre du temps pour soi

Le travail et le rôle de mère ont éloigné Sonia Lavoie de la pratique sportive pendant trop d’années. Au début de la quarantaine, elle a finalement décidé de prendre du temps pour elle en renouant avec l’activité physique.

Dans sa jeunesse, Sonia Lavoie était une adepte de gymnastique, un sport qu’elle a pratiqué pendant une dizaine d’années. «Au cégep et à l’université, j’ai commencé à travailler et j’ai délaissé le sport peu à peu», raconte la femme qui est devenue journaliste.

Par la suite, elle a fondé une famille. «Je suis devenue la maman, la femme au travail et la conjointe, mais je ne prenais pas de temps pour moi», dit-elle. Au début de la quarantaine, elle décide de changer les choses en renouant avec la pratique sportive. «Ce n’était pas une question de poids, mais je trouvais que je n’étais pas en forme.»



Elle commence par s’inscrire à des cours de groupe avec Énergie Cardio, les dimanches matin. Après un certain temps, elle se trouve une entraîneuse personnelle qui lui monte un programme d’entraînement personnel en salle. Pendant la pandémie, les fermetures successives des gyms la poussent à revoir son mode d’entraînement. «J’ai maintenant un programme d’entraînement à la maison avec un ballon et des poids, tout en intégrant la course à pied», lance fièrement Sonia Lavoie.

Lors de sa première sortie à la course, elle a dû arrêter après une trentaine de secondes. «Je ne pensais jamais être capable de courir», se souvient-elle. En y allant graduellement, son corps s’est adapté et elle en retire maintenant tous les bienfaits.

Deux à trois fois par semaine, la plupart du temps vers 6h30, avant d’aller travailler, elle chausse ses espadrilles pour aller courir une trentaine de minutes dans son quartier. Parfois, elle change la routine en y allant en soirée sur la zone portuaire.

«Ça permet de me vider la tête de toutes mes préoccupations, souligne la femme de 50 ans. Ça m’a sauvée pendant la pandémie».

Même si c’est parfois difficile de se motiver à aller courir, elle ne le regrette jamais. «L’exercice me redonne de l’énergie et ça me permet d’être plus concentrée au travail», avance-t-elle, ajoutant que les résultats en valent grandement la chandelle pour un investissement en temps de 30 minutes.

Au cours des dernières années, elle a participé à la course des Pichous et à deux demi-marathons. Lors d’un demi-marathon, elle a trop poussé pour faire un bon temps, mais elle l’a regretté. Elle court maintenant pour le simple plaisir de courir.

Aujourd’hui, Sonia Lavoie ne regrette jamais de prendre un peu de temps pour elle. «On s’arrête trop souvent à des défaites. Avoir su à quel point ça me fait du bien, j’aurais dû continuer à faire du sport», souligne la journaliste.

L’étape la plus difficile est de franchir le pas de la porte et de faire la première enjambée.



Lynne Routhier : Inspirer les gens (et Pierre Lavoie) à la pratique sportive

C’est Lynne Routhier qui a inspiré Pierre Lavoie à faire plus d’activités sportives. Aujourd’hui, elle poursuit le même chemin en accompagnant ses enfants (et tous les enfants du Québec) vers un mode de vie en santé.

Aussi loin qu’elle se souvient, Lynne Routhier a toujours fait du sport. Ballet classique, patinage artistique, ski de fond, et autres, ses parents l’ont initiée à toutes sortes de sports. À l’adolescence, elle découvre la natation, le vélo de route et de montagne, puis la course à pied, son sport préféré.

Pendant son parcours, elle rencontre un certain Pierre Lavoie, un beau jeune homme charmant, mais qui avait un mode de vie tout autre que le sien. «Il était sédentaire. Il fumait un paquet de cigarettes par jour, il buvait beaucoup et il sortait tous les soirs du mercredi au dimanche», souligne Lynne Routhier, qui était tout de même attirée par ce «bad boy». Lui aussi attiré par Lynne, il transforme complètement son mode de vie en 21 jours et il se met au judo, à la course et à la natation. On connaît la suite.

«Si je ne fais pas de sport pendant trois jours, je ressens un manque,» souligne Lynne Routhier, qui voit le sport comme une échappatoire.

«Ça fait partie de ma vie et ça m’a grandement aidée dans mes deuils», assure la femme qui a perdu deux de ses quatre enfants atteints de l’acidose lactique.

J’avais tellement de souffrance, de douleur. C’est seulement quand j’allais nager que je me sentais bien. Dès que j’embarquais dans l’eau, ma tête travaillait autrement et j’arrivais à composer des poèmes.

—  Lynne Routhier

L’activité physique lui permet de plonger dans le moment présent.

«Quand je vais courir en forêt, je dois guetter les racines et les roches et je ne pense plus aux petits tracas de la vie, note Lynne, qui se considère accro à la dopamine, la drogue du bonheur sécrétée par l’organisme lorsque l’on fait du sport. Je suis tellement heureuse quand je fais du sport. C’est le bonheur, la santé, ça me donne de l’énergie et ça me permet de bien dormir.»

À travers son rôle de mère, elle a su continuer à faire du sport, en achetant le matériel adéquat pour traîner les enfants et les inspirer à la pratique sportive. Maintenant devenue grand-mère, elle a même offert une poussette de course à son fils pour lui permettre de faire du vélo avec son enfant.

Lynne Routhier n’est jamais très loin derrière les projets lancés par Pierre Lavoie, notamment le Grand défi du même nom. Après avoir guidé ses enfants à intégrer la pratique sportive dans leur vie, elle souhaite aussi inspirer tous les Québécois, notamment les enfants, à bouger davantage et à pratiquer une diversité de sports.

«C’est tellement important de bouger un peu tous les jours. Il faut commencer tranquillement et y aller à petites doses, mais les bienfaits apparaissent très rapidement», conclut-elle, ajoutant que la pratique sportive est aussi une excellente occasion pour socialiser.