
Le campus Gabrielle-Roy a accueilli les sinistrés de la tornade
Paramédic et enseignant au programme de soins préhospitaliers d’urgence (SPU), Éric Lauzon était chez lui lorsqu’une des tornades ayant balayé la région a déferlé sur le quartier Mont-Bleu. « Tout de suite, les professeurs se sont appelés et on a su que les étudiants avaient commencé à faire rentrer des sinistrés au cégep », raconte-t-il.
Le directeur du Cégep de l’Outaouais, Frédéric Poulin, demeure dans le quartier qui porte encore les cicatrices du 21 septembre 2018. Après s’être assuré que tout le monde chez lui était en sécurité, il a couru vers le cégep. En se rapprochant, il a vu que les flammes faisaient rage à Mont-Bleu.
Le cégep a décidé d’ouvrir ses portes. Le message a été donné aux médias. Au fur et à mesure que des sinistrés arrivaient, les intervenants du cégep devaient gérer les blessés, les familles avec enfants, les personnes à mobilité réduite, les animaux.

Les étudiants et les professeurs de SPU ont traité près de 150 personnes. « On a eu plusieurs blessures physiques de gens qui avaient marché sur du verre, se souvient M. Lauzon. Il avait aussi beaucoup de gens en panique, en choc nerveux. D’autres qui n’avaient pas leurs médicaments. »
Des pharmacies ont été contactées. Huit personnes ont dû être transportées à l’hôpital.
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Responsable de la sécurité au cégep, Michel Drouin s’est aussi précipité sur place après le passage de la tornade. Il se souvient très bien des « petites cellules de crises » improvisées dans le bureau de Frédéric Poulin. Au plus fort de la soirée, de 700 à 800 sinistrés se trouvaient au cégep. Certains ont trouvé refuge chez des proches, d’autres ont passé la nuit au campus Gabrielle-Roy.
Pendant que les sinistrés continuaient d’arriver, diverses ressources se pointaient aussi sur place. Il y a eu les policiers, la Croix-Rouge, l’Armée du Salut, le centre de santé, les autobus. «Mais il n’y avait personne pour coordonner ces gens-là, souligne M. Poulin. C’est là qu’on a joué un grand rôle, qu’on a pris le leadership. »
Le directeur du cégep a laissé les employés s’occuper de leur champ d’expertise respectif. « Il nous a laissé la liberté dont on avait besoin », le remercie M. Drouin.
Il fallait entre autres nourrir les sinistrés, la tornade ayant frappé à l’heure où le souper approchait. Les responsables de la cafétéria sont venus. M. Poulin a contacté son homologue du Cégep Heritage pour avoir aussi accès à la nourriture de leur cafétéria. Le reste a été acheté à l’épicerie.
La soirée avançait, mais les matelas de la Croix-Rouge « n’arrivaient pas », se souvient M. Drouin. Le personnel du cégep a donc pris les matelas du gymnase. Il y avait des enfants fatigués, des personnes âgées épuisées.
Certains membres du personnel du cégep ont dormi dans des bureaux, s’accordant à peine quelques heures de sommeil pendant la fin de semaine.
Le cégep aura ainsi servi de centre d’hébergement pour les sinistrés jusqu’au dimanche, quand ils ont été dirigés vers un centre communautaire. Frédéric Poulin précise que si le besoin s’était fait sentir, il n’aurait pas hésité à bousculer le calendrier scolaire. « J’avais dit aux gens qu’on ne mettrait pas des sinistrés à la porte pour donner des cours », se rappelle-t-il.
La vie a ensuite repris son cours au cégep. Mais tous ceux qui ont participé à cette gestion de crise se souviendront à jamais de cette expérience hors du commun.