Après avoir remporté l’émission La Course destination monde en 1993, il a signé plusieurs longs-métrages marquants, dont Congorama (2006) et Monsieur Lazhar (2011). Son dernier projet, Le temps des framboises, remonte à 2022. Les abonnés de Vrai peuvent apprécier depuis le 2 mai la série documentaire en quatre épisodes qu’il a signée sur la tragédie ferroviaire de Lac-Mégantic, Ceci n’est pas un accident.
Le Droit (LD) : Quelle était la présence du journal Le Droit à la maison, quand vous étiez enfant?
Philippe Falardeau (PF): «Le premier souvenir que j’ai du Droit, c’est le camelot qui passait à la maison avec sa grosse poche lourde et qui rentrait dans la maison pour jaser avec ma mère, et ça durait longtemps. J’avais 6 ou 7 ans. Pour moi, Le Droit, c’est ce jeune homme, cet adolescent qui jasait longuement avec ma mère. [...] Je me souviens aussi du cycle du journal, qui était différent. Il arrivait tard dans la journée – pas comme aujourd’hui, où on peut le lire sur Internet tôt le matin. C’est ma mère qui le lisait d’abord; puis mon père, quand il rentrait, vers 18h ou 19h. C’était l’époque où on lisait les nouvelles de la veille, à l’heure du souper le lendemain. [...] Il était pas mal plus volumineux qu’aujourd’hui. Et il y avait très peu de photos, dans mon souvenir.»
LD: Quels sont vos premiers souvenirs de lecture du Droit?
PF: « Ça a été ma première fenêtre sur la lecture. Mon intérêt, ça a d’abord été la section BD. Je lisais «Ferdinand», parce que c’était sans parole, mais mon intérêt pour la lecture est venu de là. Je me souviens – j’avais 5 ou 6 ans – d’essayer de décoder des mots sur la une du journal, avec ma mère par-dessus mon épaule.»
LD: À l’adolescence, vous résidiez encore en Outaouais et vous étiez étudiant en sciences politiques à l’Université d’Ottawa. Le journal Le Droit a peut-être aussi été une première fenêtre importante sur le vaste monde, à l’époque pré-Internet?
PF: «Oui. [Après mes études au Collège Saint-Alexandre, j’ai sauté par-dessus le cégep.] Quand je suis allé en sciences po’. Le Droit était une des mes premières sources pour suivre la politique fédérale, [sinon] la première, c’était Le Droit. Surtout au début, avant que l’étudiant que j’étais apprenne à s’enfermer dans les archives nationales, pour trouver d’autres sources [à consulter] et pouvoir approfondir [les questions d’actualité].»
LD: Et qu’est-ce qu’il représente aujourd’hui? Est-ce qu’il vous arrive encore de le feuilleter?
PF: «Mon père est décédé maintenant, mais ma mère continue de le lire religieusement. Quand [je reviens] en Outaouais, je rentre chez maman, le journal est là: il m’attend sur la table de la cuisine. Et la première chose que je fais – après avoir embrassé maman – c’est m’installer là, dans la cuisine et de prendre le temps de l’éplucher, encore aujourd’hui, systématiquement.»