D’emblée, la présidente du Syndicat du soutien scolaire de l’Outaouais (SSSO-CSQ), Kim Lafleur-Lauriault, a précisé que si l’on veut tracer un parallèle avec la première journée de débrayage, le 6 novembre dernier, c’est le statu quo. L’irritation des syndiqués, elle, est en hausse.
«Nous sommes à des années-lumière (par rapport à la partie patronale) et les gens sont de plus plus motivés. [...] Nous sommes exactement à la même à la même case, au même mandat, rien ne bouge aux tables», déplore-t-elle.
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Orthophoniste dans des écoles de Gatineau, Marlène Savard affirme qu’elle adore son emploi, mais qu’un virage important doit être fait pour changer les conditions de travail. Le manque à la fois de temps et de ressources fait mal et s’avère un cercle vicieux, à son avis.
«Je suis là parce que je veux travailler en équipe, c’est ce que j’aime du scolaire, c’est de donner du service à tous les enfants. Ceux qu’on voit, ce n’est pas vrai qu’ils ont été vus au CISSSO (par le réseau de la santé) avant, beaucoup arrivent à cinq ans et n’ont vu personne, ont de grosses, grosses difficultés de langage. On se retrouve avec des cas vraiment compliqués. [...] On n’a pas assez de temps dans chaque école pour bien intervenir», décrit-elle.
À son avis, les services professionnels saupoudrés par-ci, par-là ne permettent que de régler en partie et momentanément les problématiques des enfants, l’équivalent selon elle d’éteindre des feux.
60$ par jour de piquetage... pour certains
Comme les enseignants, les professionnels de l’éducation ne disposent pas d’un fonds de grève, mais le SSSO-CSQ a de son côté indiqué que ses membres, grâce à la création d’un fonds de mobilisation, toucheront 60$ par jour où ils répondent présents à une plage horaire de piquetage.
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Devant le campus Gabrielle-Roy du Cégep de l’Outaouais, des centaines de grévistes étaient bien visibles, trompettes, sifflets et pancartes en main.
«C’est vraiment une exaspération. On sait que les négociations n’avancent pas. Les messages qu’on reçoit du gouvernement, c’est qu’ils font toutes sortes de mouvements, qu’ils bougent, mais finalement c’est de la mauvaise foi. Les offres n’ont à peu près pas bougé. On est encore en deçà du coût de la vie, c’est insuffisant. Il y a beaucoup de frustration», lance le président du Syndicat des enseignantes et enseignants du Cégep de l’Outaouais (SEECO), Christian Bernier, sous un air des Cowboys Fringants.
Ce dernier soutient qu’au-delà des salaires qui jouent un rôle important, il y a une pénurie marquée d’enseignants au niveau collégial, pour qui les conditions de travail doivent, insiste-t-il, s’améliorer.
«La tâche s’est beaucoup alourdie depuis une vingtaine d’années. On aimerait des allègements et ça il y a plusieurs façons d’y arriver, ça ne passe pas nécessairement par des investissements d’argent. On doit quand même dire qu’au sectoriel, ça semble avancer un peu plus qu’à (la table) centrale. C’est vraiment au niveau du gouvernement que ça bloque», dit-il.
Son homologue et présidente du Syndicat des employés de soutien du Cégep de l’Outaouais (SESCO) croit qu’un «coup de barre» mérite d’être donné.
«Les gens sont fatigués. On a à peu près 10% de nos postes parmi notre monde qui ne sont pas comblés. On n’a pas de problèmes pour embaucher, sauf que les gens restent à peu près deux ou trois mois, viennent chercher un peu d’expérience, puis ensuite s’en vont tous au fédéral, où ils gagnent de 20 000$ à 25 000$ de plus par an, relate Michèle Blais. Ça fait une grosse différence pour nous. Nous ne sommes pas capables de les retenir, ils font juste traverser le pont.»
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Les syndicats espèrent que le processus de nomination d’un conciliateur initié par le Front commun puisse aider à avoir «une véritable offre» de la part de Québec.
«On voit que la mobilisation de tous les acteurs de l’éducation, elle est forte, que ce soit le soutien, les professionnels, les enseignants. C’est un signe que le système est malade et une façon de faire les premiers pas pour le guérir, c’est en améliorant les conditions de tous les gens qui travaillent avec les élèves. Au bout du compte, c’est pour que les prochaines années soient positives pour les élèves», note Annie St-Pierre, présidente du Syndicat du personnel professionnel du milieu scolaire de l’Outaouais (SPPMSO).
Celle-ci mentionne qu’un nombre jamais vu de professionnels ont remis leur démissions au fil des derniers mois et qu’un «nombre anormal de communications» de gens qui songent à faire de même entrent dans la boîte de messagerie du syndicat, frustrés entre autres que l’expertise spécifique et la scolarité de deuxième et troisième cycle ne soient pas reconnus par l’employeur.
«On perd nos gens. Dans les les 18 derniers mois, 10% des professionnels ont démissionné en Outaouais», clame-t-elle.
Parmi les revendications spécifiques aux professionnels aux tables de négociations, on retrouve entre autres la reconnaissance de la scolarité de deuxième cycle afin de concurrencer les salaires du privé, le remboursement par les centres de services scolaires des cotisation aux ordres professionnels ainsi qu’une meilleure conciliation famille-travail, par exemple en permettant l’aménagement du temps de travail.
Rappelons que toutes les écoles de trois centres de services scolaires de l’Outaouais (des Draveurs, au Coeur-des-Vallées et des Portages de l’Outaouais) sont fermées jusqu’à nouvel ordre en raison de la grève de trois jours du Front commun jumelée à celle générale illimitée de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), qui s’amorce jeudi.
Dans le cas des établissements du Centre de services scolaire des Hauts-Bois-de-l’Outaouais (CSSHBO) ainsi que de la Commission Western Québec (CSWQ), ils reprendront leurs activités normales vendredi, au même titre que le Cégep de l’Outaouais et le Cégep Heritage.