C’est après avoir pris le temps de décortiquer les événements survenus le 27 septembre à l’école secondaire Hormisdas-Gamelin et en particulier à la suite de la publication de l’article par Le Droit que la mère gatinoise, qui souhaite taire son nom pour ne pas nuire à son adolescente, a souhaité donner la version des faits de sa fille.
«On a dépeint un portrait de ma fille qui est nullement la réalité, comme si elle était mécontente d’une consigne, qu’elle voulait faire valoir un point, alors que ce n’est pas ça du tout », a déclaré la mère en entrevue. « Jamais le ton n’a monté dans la classe. Ma fille n’est vraiment pas de nature agressive, quand je lève moi-même le ton ou la chicane, elle regarde par terre.»
Certaines versions de l’incident relatées la semaine dernière affirmaient que l’adolescente de première secondaire, mécontente d’une consigne à son égard, avait été frappée au visage par l’enseignante après l’avoir elle-même touchée au visage et au menton pour avoir son attention. Sa mère affirme que les faits sont tout autres.
Ce serait carrément une gifle qu’aurait reçue sa fille au beau milieu de la salle de classe, dit-elle, précisant que celle-ci s’est même rendue au poste de police pour décrire les événements. Elle n’a pas encore décidé si elle portera plainte.
«L’enseignante écrivait au tableau, tout le monde faisait de la correction et c’était tellement bruyant que ma fille posait une question mais n’arrivait pas à se faire comprendre, l’un de ses amis aussi », relate la mère.
C’est alors que l’adolescente se serait levée pour aller voir l’enseignante tout en lui pointant sa question au tableau mais en ramenant sa main vers elle. Ainsi, « elle a accroché, frôlé son visage », raconte la mère. C’est alors, dit-elle, que l’enseignante l’aurait giflée et aurait crié: « ça ne va pas la tête ? » « Ma fille s’est confondue en excuses et la prof lui a demandé d’aller s’asseoir.»
Estomaqué par ce qui venait de se dérouler, un autre élève serait par la suite sorti de la salle en affirmant qu’il allait informer la direction de l’incident tandis que l’adolescente concernée, «mal à l’aise», aurait choisi de quitter le cours, sous le choc. C’est alors qu’une technicienne en éducation spécialisée (TES) l’aurait accompagnée ailleurs dans l’école puis aurait pris des photos du visage rougi de l’élève.
«C’était une gifle et je ne peux pas concevoir qu’une enseignante puisse faire ça », soutient la mère. Selon elle, la classe était agitée et c’était peut-être « un trop-plein, la goutte qui a fait déborder le vase ». La mère ajoute que c’est la seule façon de s’expliquer la situation. « Mais ça n’excuse nullement le geste », précise-t-elle. «Ma fille n’a pas eu de geste violent. Je travaille là-dedans moi aussi et je me suis fait mordre, lancer des roches, frapper mais je n’ai jamais eu comme réaction de blesser un élève.»
L’enquête administrative du Centre de services scolaire au Coeur-des-Vallées (CSSCV), qui a indiqué la semaine dernière que l’enseignante était retirée de ses fonctions pour l’instant, suit son cours, affirme la mère. Celle-ci indique par ailleurs avoir une très belle collaboration avec la direction et qu’elle n’en veut «pas du tout» à l’école.
La suite des choses la préoccupe malgré tout.
«Je ne veux pas détruire la vie de personne, mais moi, ce sur quoi je veux être rassurée, c’est qu’elle n’enseigne plus à des mineurs», plaide-t-elle.
La mère soutient que l’adolescente se porte bien et que le retour à l’école s’est bien passé malgré les circonstances.
«Le soir même, on a décortiqué les événements et elle m’a dit qu’elle ne voulait plus jamais retourner dans l’un de ses cours », raconte la mère de la jeune fille, ajoutant que selon l’adolescente, dans les cours de l’enseignante en question, c’était toujours « un peu le bordel », comme si elle ne semblait pas maîtriser la gestion de classe.
« Mais ma fille ne met pas tous les profs dans le même panier », précise la femme de Gatineau. « On en a tout de suite parlé, on a travaillé dès le début à ce qu’elle ne se sente pas trop ébranlée.»
Le CSSCV a indiqué lundi qu’il n’a pas de nouveaux détails à fournir en lien avec cet incident. Le Syndicat de l’enseignement de l’Outaouais attend les conclusions de l’enquête.
Quant au Service de police de la Ville de Gatineau (SPVG), il confirme qu’un rapport a été écrit par un témoin dans les derniers jours au sujet de cet événement.
En surpopulation depuis quelques années, l’école secondaire Hormisdas-Gamelin accueille cette année 1687 élèves, un chiffre appelé à bondir à 1900 d’ici 2025.