Le CSSPO a lancé, plus tôt cette année, un appel d’offres pour l’achat et la livraison de boîtes de papiers mouchoirs dans les écoles de son territoire. Ce qui saute aux yeux en consultant les documents liés à cet appel d’offres, ce sont les nombreuses erreurs de français. On pouvait notamment y lire que «les produits devront être livre 3 fois pendant l’années a des quantités prédéterminer (sic)» et qu’«en cas de besoins urgentes, l’établissement concernée paiera la facture (sic)». Le CSSPO a aussi fait des erreurs comme «les montant unitaire (sic)» ou encore «aucun frais supplémentaire ne sera payer (sic)».
Des erreurs ont aussi été repérées par Le Droit dans d’autres documents d’appels d’offres lancés par le CSSPO. Les documents se trouvant sur le site du Service électronique d’appel d’offres (SEAO) du gouvernement du Québec montrent, par exemple, que l’organisation souhaitait acheter de l’équipement pour l’«école secondaire Mt-Bleu situé (sic)» et pour la «salle du personnels (sic)». Pour un autre contrat, l’organisation a écrit que «les matériaux et couleurs préciser dans le devis technique devront être respecter (sic)».
Pour la didacticienne du français Suzanne-G. Chartrand, qui est aussi porte-parole de l’initiative citoyenne Parlons éducation, il est inconcevable qu’autant d’erreurs soient faites par des organisations publiques. «Un élève normal de 3e secondaire ne devrait pas faire ces erreurs-là, dit-elle. [Les employés] font vite, ils envoient ça et ça ne les dérange pas.»
Invité à réagir, le CSSPO a transmis une courte réponse écrite au Droit. «Nous déplorons ces erreurs et veillerons à mettre en place un contrôle afin de nous assurer de la qualité du français dans nos appels d’offres avec les moyens dont nous disposons», a indiqué l’organisation, en ajoutant qu’elle «ne possède aucun professionnel de la rédaction d’appel d’offres ni de la révision linguistique».
Gabrielle Roy rebaptisée
Aucune erreur n’a été repérée dans les appels d’offres des trois autres centres de services scolaires de la région. Ailleurs dans le milieu de l’enseignement, quelques erreurs ont cependant été trouvées dans des documents d’appels d’offres lancés par le Cégep de l’Outaouais. L’organisation souhaitait notamment conclure une entente dans le cadre d’un projet au «bâtiment Gabriel-Roy (sic)», rebaptisant ainsi erronément la célèbre romancière Gabrielle Roy.
Le Cégep de l’Outaouais a aussi indiqué, dans un autre document, que les places «disponibles dans les laboratoire de microbiologie au Québec sont très limités (sic)».
Le Cégep de l’Outaouais admet qu’en tant qu’établissement d’enseignement ayant «à coeur la langue française», une telle situation «n’est pas acceptable». L’organisation affirme que des «interventions» seront faites auprès des personnes concernées afin d’éviter de nouvelles erreurs de la sorte.
«Les logiciels de correction ne sont malheureusement pas implantés dans le système du SEAO, nous allons donc demander aux personnes utilisatrices de passer préalablement les textes dans un logiciel de correction pour ensuite les copier/coller dans les boîtiers des formulaires du SEAO, a ajouté le Cégep. En sus de cela, nous allons demander aux personnes utilisatrices de porter une attention particulière à la qualité de la langue et à privilégier la vigilance à la rapidité, même dans un contexte où les délais pour compléter les appels d’offres soient parfois serrés.»
«Aucun bon sens»
Suzanne-G. Chartrand considère que «ça n’a aucun bon sens» que des organisations oeuvrant dans le milieu de l’éducation commettent de telles erreurs dans la rédaction de documents. «Je suis désespérée de l’état de la langue française au Québec en général», laisse-t-elle tomber.
Le cabinet du ministre de la Langue française, Jean-François Roberge, n’a offert qu’une courte réponse écrite au Droit. «On doit être vigilant en matière de qualité de la langue, affirme-t-on au cabinet de M. Roberge. C’est le rôle de l’État d’être exemplaire.»
Ce n’est pas mieux au CISSSO
Ce n’est pas nécessairement plus rose dans le réseau de la santé. Le Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Outaouais (CISSSO) indique par exemple avoir conclu une entente d’une durée d’un «moi» avec un technicien en travail social. Pour un autre contrat, l’organisation décrit la hauteur des panneaux qu’elle souhaite acquérir sans mettre au pluriel les «pied (sic)».
Dans un autre document, le CISSSO présente les «grande ligne (sic)» d’un projet pour des «équipements mécanique (sic)» qui inclut d’«autres taches dicté (sic)», le tout avec une «banque d’heure (sic)».
Le CISSSO se dit pour sa part «conscient que les fautes qui se retrouvent dans le SEAO sont inacceptables». «Nous devons toutefois transiger à des publications parfois urgentes, sous une grande charge de travail et le service des approvisionnements est en effectif réduit par manque de main-d’œuvre, a précisé l’organisation. Nous déployons toutefois tous les efforts pour corriger la situation alors que la formation et la sensibilisation du personnel sont déjà entamées.»