Aires protégées: Québec invité à réviser sa liste pour y inclure la réserve Mashkiki
Par le biais d’une résolution adoptée mercredi soir, les maires de la Municipalité régionale de comté dénoncent le fait que le ministère de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques n’a pas retenu la réserve de biodiversité Mashkiki pour l’intégrer dans la liste des 34 nouvelles aires protégées qui ont été dévoilées par le ministre Benoît Charrette, le 17 décembre dernier.
En août 2018, le gouvernement libéral de l’époque avait pourtant annoncé que la réserve Mashkiki, dont le nom signifie médicament naturel ou plantes médicinales en langue anishnabe, serait créée, tout comme les réserves Noire-Coulonge (Pontiac), Rivière Fortier (Haute-Gatineau) et Cabonga (Haute-Gatineau), toutes trois également situées en Outaouais.
Aucun des quatre projets dans la région n’a finalement été retenu par Québec qui a atteint, en décembre, sa cible de protéger 17% de son territoire avec l’annonce de l’élargissement de son réseau d’aires protégées dont la plupart des nouvelles réserves sont localisées dans le nord de la province, sur l’île d’Anticosti et dans la région de la Côte-Nord.
Une rencontre demandée avec le ministre Charette
Dans leur résolution, les maires de la MRC de Papineau allèguent d’ailleurs qu’«il n’y a presque aucune annonce d’aires protégées dans le sud de la province, là où les impacts de l’activité humaine menacent davantage les dernières forêts résiduelles intactes».
Un statut d’aire protégée permet d’empêcher toute exploitation des ressources naturelles sur les terres publiques des zones à conserver.
Les premiers magistrats soulignent que «six années d’inventaires botaniques sur le territoire du projet de la réserve de biodiversité Mashkiki ont relevé l’existence de milliers d’occurrences de plantes rares, menacées ou susceptibles d’être ainsi désignées, légalement protégées en vertu de la Loi sur les espèces menacées et vulnérables» et «que les terres publiques localisées près des lacs en Cœur et Raymond (du Français), recèlent des forêts anciennes, parmi les derniers massifs forestiers les plus au sud de l’Outaouais».
Le maire de Duhamel, David Pharand, a de son côté suggéré que la MRC puisse rencontrer le ministre Benoît Charette.
«Il faudrait vraiment débattre avec lui (Benoît Charette) en face à face, par Zoom s’il le faut, comme on l’a fait avec le dossier des mines. Je pense que la population va être très satisfaite de notre action proactive de parler directement au ministre parce que nous allons démontrer que c’est du sérieux notre problématique et que nous n’envoyons pas seulement une résolution comme on en fait bien d’autres lors d’un conseil des maires», a déclaré M. Pharand.
Une demande en ce sens sera envoyée au bureau du ministre responsable de l’Outaouais et député de Papineau, Mathieu Lacombe, a confirmé le préfet de la MRC et maire de Thurso, Benoît Lauzon.
Une histoire qui se répète
Ce n’est pas la première fois que les élus de Papineau envoient au message au gouvernement pour montrer leur impatience dans ce dossier.
En décembre 2019, une résolution pour faire pression sur le gouvernement afin que la réserve soit créée et « protégée juridiquement » le plus rapidement possible avait également été envoyée au ministre Charette.
Une porte-parole du ministère avait à l’époque indiqué au Droit que le processus de désignation suivait son cours et qu’une annonce était à prévoir au courant de l’année 2020.