Le conseil municipal a déposé mardi soir l’avis de motion et le dépôt de projet de règlement d’emprunt de 3 259 528 dollars afin de consolider le déficit accumulé de la municipalité en date du 31 décembre 2022. Le règlement d’emprunt ne sera toutefois officiellement voté que le mois prochain ou plus tôt, si le conseil décide d’anticiper la décision.
«Il y a eu des déficits année après année depuis les cinq dernières années. C’est un fait. Ce n’est pas des chiffres que j’invente, ce sont des chiffres des vérificateurs», a lancé le maire de Cantley, David Gomes, en début de séance du conseil, en présentant aux citoyens qui s’étaient déplacés la démarche de la municipalité pour se sortir de son déficit de plusieurs millions de dollars.
Rappelons que devant la situation financière de la municipalité, des citoyens ont d’ailleurs demandé au ministère des Affaires municipales et de l’Habitation du Québec que Cantley soit mise sous tutelle. Une Ville ou une Municipalité québécoise ne peut pas enregistrer un déficit ou un surplus de fonctionnements, en vertu de la loi.
«On est responsable de 530 000$ de déficit de plus pour 2022. Ça, on l’assume. Mais rappelez-vous, j’ai monté les taxes de 14%. Si je n’augmentais pas les taxes de 14%, le déficit aurait été beaucoup plus élevé. Mais à voir le déficit, j’aurais dû augmenter les taxes de combien, 20%? Ou couper des dépenses supplémentaires. On dit qu’en 2023 en ce moment on se dirige vers un équilibre et je vous confirme qu’à l’interne, on se ‘‘squeeze”.»
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«La corde au cou»
Les négociations avec le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation ont été entamées, a-t-on réitéré, mardi soir, dans le but dans arriver à un plan de remboursement.
Un montant de 701 867$ provenant de règlements d’emprunt passés est déjà comptabilisé «sur une dette à long terme à bien meilleur taux. [Le ministère] l’applique déjà sur le déficit, c’est déjà remboursé, merci bonsoir», explique M. Gomes. En soustrayant ce montant, le maire a mentionné que le gouvernement souhaitait obtenir le remboursement de 3,2 millions de dollars en une année, délai que le conseil jugeait déraisonnable. «Savez-vous ce que ça représente pour nos citoyens comme hausse en un an?», a-t-il lancé.Une maison de 750 000$ devrait essuyer une hausse de taxes de 1800$, alors que ce montant serait de 1185$ pour une maison de 500 000$. «Vous comprenez qu’on a dit au ministère wouah, ça ne marche pas! On a reviré ça de bord pour leur dire où étiez-vous en 2021? Vous n’allez pas nous mettre la corde au cou c’est sûr.»
3,7% de hausse de taxes «en partant»
Résultat, le montant du règlement d’emprunt serait divisé en deux montants, soit un montant de 2 748 415 dollars sur une période de six ans, de même qu’un deuxième montant de 511 113 dollars sur une période de dix ans, avec des taux d’intérêt de 5,50%.
Selon les calculs de la municipalité, le remboursement de ce déficit accumulé représenterait donc une augmentation de taxes municipales de 3,7% «en partant» pour 2024 et les cinq autres années subséquentes, soit une hausse de 175$ pour une maison de 500 000$. «C’est ce que vous allez retrouver sur votre compte de taxes, puis à partir de la septième année, le montant va vraiment baisser, parce qu’on va avoir déjà remboursé 2 748 415$ à ce moment-là», a poursuivi M. Gomes.
Le taux de taxation devra encore toutefois être discuté lors de l’étude prochaine du budget, précise-t-on. «Avec ce règlement-là, c’est une hausse de 3,7% de taxes en partant, ajoute le maire. Est-ce que nous on veut baisser les dépenses pour combler une partie du 3,7%? On pourrait. Est-ce que ça serait raisonnable? Je ne sais pas. Ce sont des décisions qu’on va prendre en conseil, a-t-il soutenu. Est-ce qu’on va considérer le 3,7%, mets-en! La situation est déjà assez pas facile partout, 3,7% déjà c’est beaucoup, je vous confirme aussi qu’il va y avoir des coûts de financement qui vont augmenter aussi à cause de nos emprunts. Je ne sais pas encore combien, mais on va le considérer dans nos futurs budgets, compte tenu de la capacité de payer des citoyens.»
Fermeture du parc à chiens du chemin Groulx
Plusieurs citoyens présents s’étaient également déplacés pour faire valoir leur désir de voir le parc à chiens du chemin Groulx être fermé au public.
Ce parc fait couler beaucoup d’encre depuis plusieurs mois déjà. En avril dernier, la grogne citoyenne envers les usagers de l’aire d’exercice canin qui contrevenaient à la réglementation en laissant leur animal de compagnie sans laisse ou abandonner les excréments à proximité des installations avait déjà pousser le conseil municipal à tenter un déménagement de l’espace dans un lieu moins contraignant.
Mais sept mois plus tard, la situation était toujours la même.
Certains résidents qui vivent près du parc ont livré mardi soir un témoignage poignant étalant leur exaspération et leur crainte que des enfants soient mordus par des chiens non tenus en laisses, ou encore à quel point un endroit aussi bruyant, situé à à peine quelques dizaines de mètres de leurs domiciles, peut brimer leur quiétude.
Le conseil municipal s’est, cette fois, prononcé à l’unanimité en faveur de la fermeture imminente du parc. Il sera barricadé et cadenassé dès mercredi, a-t-on assuré, puis démantelé au cours des prochains mois.
David Gomes l’avait déjà évoqué en avril dernier, stipulant que la municipalité aurait pu mieux faire ses devoirs avant d’inaugurer le parc à chiens. Ça a été aussi le cas mardi, alors que les citoyens ont souligné ce qu’ils qualifiaient de manque de consultation dans le dossier, avant l’implantation du parc. «Comment on a pu rater ça?, a lancé le maire. «Je suis capable de dire que ça n’avait pas de bon sens.»
Le conseil municipal n’a pas fermé la porte à une relocalisation du parc, mais il reste du travail à faire en ce sens. «On n’arrivera pas à une solution alternative ce soir. On doit faire encore nos devoirs. [...] Y aura-t-il une réouverture, il n’y a vraiment pas de garantie», a conclu M. Gomes.