«Je n’ai pas de compte à rendre à M. Moran» —France Bélisle

La relation entre la mairesse France Bélisle et le chef d'Action Gatineau, Steve Moran, continue de s'envenimer.

La mairesse de Gatineau, France Bélisle n’a pas l’intention de se rétracter à l’endroit du chef d’Action Gatineau, Steve Moran, qu’elle a accusé d’avoir transgressé le code de déontologie des élus de la Ville de Gatineau dans le dossier de l’Îlot de la Caserne.


Mme Bélisle a toutefois refusé de préciser, mardi matin, si elle a déposé une plainte formelle ou non à la Commission municipale du Québec (CMQ) concernant l’implication du chef d’Action Gatineau dans ce dossier. «J’ai porté à l’attention de la CMQ les préoccupations que j’ai, a répété la mairesse à quatre reprises lorsque amené à préciser ses propos. C’est ça ma réponse, je peux la répéter en anglais si vous voulez.» Elle dit plutôt vouloir chercher «une façon constructive de ne pas jouer dans la boue».

Pour Steve Moran, ce manque de transparence de la part de Mme Bélisle quant à ses réelles intentions est la démonstration qu’il n’y a aucun fondement aux accusations lancées par la mairesse lors de la mêlée de presse du 23 août dernier. «La mairesse a exprimé des choses il y a cinq semaines et là elle tente de s’en distancier en esquivant le sens de ses propos, a-t-il répondu. Elle ne s’assume pas. Elle fait encore des sous-entendus. Assumez-vous. Vous faites une plainte ou pas? La question est claire. Oui ou non? Elle ne répond pas.»

Il est évident, pour M. Moran, que la mairesse n’a pas l’intention de déposer une plainte à la CMQ. «Je ne comprends pas pourquoi elle ne le dit pas clairement, a poursuivi le chef d’Action Gatineau. Elle a clairement dit que je contrevenais à l’article 3.4 de notre code de déontologie et c’est sans fondement. Je demande à ce qu’elle le dise, qu’elle dise qu’il n’y a pas de raison de dire que j’ai contrevenu au code de déontologie.»

France Bélisle a soutenu n’avoir «jamais accusé personne» dans cette affaire et laisse entendre qu’une telle lecture relèverait de l’amplification des médias. Elle a affirmé avoir seulement exprimé une opinion et un malaise quant à l’implication de M. Moran pour obtenir cinq logements sociaux dans un immeuble de 300 unités à construire en plein coeur du centre-ville, sur des terrains vendus par la Ville.

L'ilot de la caserne au coin des boulevards Allumettières et Maisonneuve

Questionnée à savoir si elle allait donner suite à la lettre de M. Moran qui a fait l’objet d’une fuite dans les médias dimanche dernier, dans laquelle il écrit notamment que son intégrité est attaquée, la mairesse de Gatineau a répondu n’avoir «pas de compte à rendre à M. Moran». Elle a ajouté qu’elle pourrait «passer des heures» à regarder Action Gatineau porter atteinte à son intégrité depuis deux ans, sans toutefois pouvoir offrir d’exemple précis.

«Ma déception ici, ce matin, est de devoir répondre à des questions alors que j’ai entrepris des démarches pour lesquelles je n’ai fait ni lettre ni conférence de presse, a mentionné Mme Bélisle. J’ai fait ce que j’avais à faire, j’ai dit que j’allais faire des validations et des vérifications pour me renseigner et voir comment, à titre de mairesse, je peux mieux équiper le conseil à bien faire les choses de façon constructive.»

Politiciens et fonctionnaires, une seule équipe

Le directeur général de la Ville de Gatineau, Simon Rousseau, se retrouve aussi impliqué par la bande dans ce dossier hautement politique. La mairesse a affirmé avoir mandaté le plus haut fonctionnaire de la Ville de contacter la CMQ afin que ses représentants viennent rencontrer le conseil municipal pour discuter de «gouvernance des transactions immobilières». Cette rencontre doit avoir lieu à la fin du mois de novembre et permettra, selon la mairesse, de préciser les balises à l’intérieur desquelles un élu peut agir dans un tel contexte.

Mme Bélisle a en outre continué de reprocher à M. Moran d’avoir «court-circuité» un processus administratif dans le dossier de la vente des terrains municipaux nécessaires à la réalisation du projet l’Îlot de la Caserne. «Quand j’ai prêté serment en devenant mairesse, j’ai dit que pour moi il y avait une chose qui était essentielle, c’est que le nous et le vous entre le politique et les fonctionnaires c’est terminé, a-t-elle expliqué. Si on veut rendre des services aux citoyens, il faut être capable de travailler en équipe. De désavouer et court-circuiter une administration en train de négocier ce n’est pas jouer en équipe. Ça ne veut pas dire être complaisant, ne pas poser de question et ne pas être exigeant, mais on la responsabilité de se fier à la séparation des rôles.»