Plus qu’une simple friperie, Renaissance est surtout le maillon qui manquait pour la création d’un véritable écosystème de recyclage du textile dans la région. L’enjeu avait d’ailleurs été identifié comme prioritaire par le G15+ dans son plan de relance post-COVID de la région. Les pourparlers ayant mené à l’arrivée de Renaissance à Gatineau étaient en cours depuis plus de deux ans.
Renaissance, un organisme à but non lucratif, détourne des sites d’enfouissement en moyenne 26 000 tonnes de textile et d’autres matières par année en recevant, triant, revendant et recyclant les dons de produits usagers provenant de la population. Avec un chiffre d’affaires annuel de 83 millions de dollars, Renaissance et son modèle puisé dans l’économie sociale risque de devenir avant longtemps un compétiteur des géants américains de l’usager, comme le Village des Valeurs qui a fait son entrée en bourse le printemps dernier.
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«On ramasse les dons, on les trie, on les revend et on recycle, avec des partenaires, les matières qui ne sont pas revendues, explique le directeur général de Renaissance, Éric St-Arnaud. On aide les gens d’ici, on est un tremplin pour l’insertion en emploi. On réinvestit l’argent ici. Il ne s’en va pas aux États-Unis.»
Service à l’auto
Éric St-Arnaud précise que la boutique et le centre de dons des Galeries d’Aylmer sont le prélude à une intensification des activités de Renaissance à Gatineau. D’autres points de service doivent voir le jour dans la prochaine année. Un grand magasin de 25 000 pi2 devrait aussi ouvrir ses portes dans les prochains mois. Deux locaux sont actuellement en analyse.
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«On ne fonctionne pas avec des boîtes de dons comme certains organismes, explique-t-il. Chaque boutique est aussi équipée d’un centre de don. Notre système est très efficace. Une personne peut se présenter à la porte ici, avec sa voiture, et simplement nous débarquer ses dons de textile, de jouets, de vaisselles, de décorations ou de petits électros. Tout ce qui rentre est trié. On prend le temps de choisir ce qui sera vendu et dans quelle boutique ce le sera en fonction des besoins. On tente de revendre le plus localement possible ce qui est donné localement. Les biens qui ne sont pas vendus deviennent de la matière à recycler. Nous faisons le tri de ces matières et les revendons à des industries qui réemploient le plastique, le métal ou autres.»
La Relance
Pour s’installer en Outaouais, Renaissance pourra compter sur un joueur qui est pour sa part établi depuis 40 ans dans la région. L’entreprise montréalaise s’est associée à La Relance, l’un des pivots de l’insertion en emploi en Outaouais. La Relance, déjà active dans le domaine du recyclage et la réhabilitation d’équipements électroniques usagers, mettra son service de transport régional au service de Renaissance afin de déplacer les dons d’une boutique à l’autre et d’acheminer les matières à recycler vers les partenaires de l’industrie. Une dizaine de stages rémunérés favorisant l’insertion en emploi seront aussi offerts par l’entreprise.
Le directeur de La Relance, André Landry, rappelle que l’étude de caractérisation des matières résiduelles en Outaouais a démontré qu’il y avait énormément de textile qui se retrouvait directement à l’enfouissement. «Avec l’arrivée de Renaissance, on pourra capter davantage de cette matière et en détourner encore plus des sites d’enfouissement.»
Halte à la mode éphémère
Renaissance arrive aussi en Outaouais avec un mandat de sensibilisation sur de meilleures habitudes de consommation de la part de la population. «Il y a 40 ans, le réemploi était associé à la pauvreté, rappelle M. St-Arnaud. Aujourd’hui, on continue d’aider les gens qui en ont besoin, mais c’est aussi devenu un geste environnemental.»
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Le «Petit guide de la consommation responsable» publié par l’entreprise invite d’ailleurs les gens à réfléchir avant de succomber à l’appel de la «fast fashion» popularisée par certaines chaînes de magasins populaires. «Le phénomène favorise la production de textile de moindre qualité et à bas prix, note M. St-Arnaud. C’est à bas prix parce que les gens au bout sont moins bien payés. Ce sont d’ailleurs parfois des enfants. La qualité laisse à désirer. Ça dure moins longtemps et donc ça se retrouve directement à l’enfouissement plus rapidement. Il faut se poser les bonnes questions quand on consomme.»