Des bruits stridents «insoutenables» dans le quartier du Dôme

Les résidents de la rue du dôme se plaignent des bruits générés par le parc industriel voisin.

Imaginez-vous, sirotant tranquillement votre premier café du matin dans votre cour arrière quand soudain, un son métallique strident digne des plus lugubres «cours à scrap» vient déchirer votre quiétude. C’est ce que vivent quotidiennement depuis des années des dizaines de résidents du quartier du Dôme, voisin du parc industriel Freeman, dans le secteur Hull. Ils n’en peuvent plus.


Ils étaient une dizaine à s’être déplacés au conseil municipal de Gatineau, mardi soir, pour déposer une pétition de 150 noms réclamant une intervention de la Ville visant à atténuer, voire à éliminer ces nuisances sonores qui pèsent de plus en plus lourd sur le moral du quartier. Marc-André Brunet, un résident du secteur, en a profité pour faire écouter au conseil un extrait sonore de ce à quoi trop de matins peuvent ressembler dans le quartier. «Je vous le fais réécouter une deuxième fois parce que chez nous c’est tout le temps», a-t-il lancé aux élus qui n’en demandaient pas tant.

Un matin dans le quartier du Dôme (Association du Dôme)

Les enjeux de cohabitation entre le quartier du Dôme et le parc industriel Freeman ne sont pas nouveaux. «C’était déjà un problème à l’époque où Roch Cholette était conseiller du quartier», rappelle la conseillère d’aujourd’hui, Isabelle N. Miron. Elle reconnait que la situation à laquelle ces résidents font face «n’a aucun bon sens». Elle demande publiquement l’aide du directeur général de la Ville de Gatineau, Simon Rousseau, pour «faire un ménage dans ce fouillis».

Un résident de longue date du secteur, Clément Cloutier, a relaté devant le conseil toutes les batailles menées au fil des ans par l’association des résidents du Dôme pour améliorer la cohabitation des usages résidentiels et industriels voisins. Les nuisances sonores ont toujours été présentes, mais elles se sont considérablement amplifiées depuis 2019, note le président de l’association, David Dufour.

Des bruits métalliques strident dignes des «cours à scrap» les plus lugubres minent la quiétude de tout un quartier.

«Il y a beaucoup de bruit et cette pollution est devenue insoutenable pour bien des citoyens, explique-t-il. Plusieurs sont inquiets quant à la valeur de leur propriété. Certains n’arrivent carrément plus à profiter de leur vie quotidienne en raison de ces nuisances. Chez d’autres, ça cause de réels problèmes de santé comme des maux de tête récurrents. Comment expliquer que des entreprises aussi bruyantes sont autorisées à venir s’installer aussi près d’un secteur résidentiel?»

Roland Boudreau, résident du quartier et membre de l’association, affirme avoir multiplié les démarches avec ses voisins pour pousser la Ville de Gatineau à intervenir. Il y a eu plusieurs contacts avec la conseillère, avec le 3-1-1 et aussi directement avec les entreprises concernées. Une rencontre avec l’ex-maire Maxime Pedneaud-Jobin a eu lieu au début 2020. Un mémoire a même été déposé dans le cadre de la révision du plan d’urbanisme en 2021. «Il y a eu beaucoup de discussions, là, on attend des actions», insiste-t-il.

Isabelle N. Miron, membre de Action Gatineau et conseillère municipale à la ville de Gatineau.

La conseillère Miron mentionne que la réglementation municipale sur le bruit n’est actuellement d’aucun secours pour les voisins de la zone industrielle. La Ville reconnaît aux entreprises bénéficiant d’un zonage industriel le droit de faire du bruit pendant les heures normales d’opération. Elle mentionne cependant que «toutes sortes de choses» se sont installées avec le temps dans cette zone industrielle. Certains propriétaires sont en situation de droit acquis. «C’est un vrai cauchemar administratif, dit-elle. On ne devrait pas tout permettre à proximité d’un quartier résidentiel. Si, comme on l’affirme, on veut mettre le citoyen au cœur de nos décisions, leur qualité de vie devait primer d’abord et avant tout.»

Les résidents du quartier du Dôme demandent à la Ville d’organiser une consultation formelle afin d’être en mesure de mieux considérer les préoccupations du quartier et la mise en place immédiate de mesures d’élimination des nuisances sonores. Ils demandent en outre d’amorcer dès maintenant un virage réglementaire qui permettrait à moyen long terme de corriger les erreurs du passé dans ce secteur de la ville.