Le dossier de la Ferme Moore, que la CCN souhaitait pouvoir utiliser à des fins plus commerciales en permettant à son locataire, La Commune, d’ouvrir un restaurant dans le bâtiment principal et d’organiser des réceptions et des mariages dans la grange adjacente vient s’ajouter au-dessus de la pile des contentieux entre les deux organisations.
Un autre dossier jusqu’ici inconnu du grand public, celui de la Maison McConnell, un bâtiment patrimonial sur le chemin d’Aylmer que la CCN a voulu léguer à la Ville pour la somme de 1$, ce printemps, en échange d’une restauration complète de l’immeuble par la municipalité, a aussi donné lieu à une réponse officielle particulièrement acerbe de la part de la mairesse Bélisle en mai dernier.
Ces échanges dont Le Droit a obtenu copie ont été rendus publics, mardi matin par la mairesse. La CCN a pour sa part fait parvenir la lettre envoyée quelques heures plus tard à Mme Bélisle par M. Nussbaum dans laquelle il se dit «consterné» par la décision de la Ville dans le dossier de la Ferme Moore. Il rappelle à Mme Bélisle qu’il «s’avère important d’entretenir des dialogues constructifs, parfois difficiles, afin de continuer de bâtir dans un esprit de collaboration».
Refus pour la Ferme Moore
Les élus gatinois n’accorderont pas le changement réglementaire demandé par la CCN pour rentabiliser ses investissements à la Ferme Moore. En ce sens, les élus se sont rangés derrière les associations de résidents du secteur qui s’opposaient catégoriquement à toute augmentation de l’activité commerciale sur le site à vocation communautaire. «Ce vote est plus grand que la Ferme Moore, il est une main tendue à la CCN pour qu’elle considère la Ville comme un véritable partenaire et qu’elle se mette enfin à nous traiter ainsi», a affirmé la mairesse France Bélisle.
Avant même le vote du conseil, M. Nussbaum a écrit à la mairesse pour lui souligner son étonnement et évoquer la possibilité de devoir vendre des terrains de la Ferme Moore. «Il va sans dire que nous sommes consternés par la récente décision en ce qui concerne l’avenir de la ferme Moore. C’est la viabilité économique du site au complet que la municipalité vient de remettre en question, a-t-il écrit. Comme je vous l’ai moi-même signalé à quelques reprises, une collaboration étroite entre la Ville et la CCN est essentielle au succès de ce projet. La CCN n’aura d’autre choix que de considérer toutes les options à sa disposition incluant la réduction de service, voire une vente de terrain.»
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Maison McConnell à 1$
En avril dernier, la CCN a sondé l’intérêt de la Ville de Gatineau pour faire l’acquisition de la Maison McConnell, une propriété patrimoniale fédérale construite en 1874. Située au 1055, chemin d’Aylmer, elle est aussi inscrite au répertoire du patrimoine culturel du Québec. La CCN en a fait son acquisition en 1956, mais l’immeuble est inhabité depuis 2008.
«Dans un dernier effort, la CCN fait appel à la Ville pour savoir si elle est intéressée à louer, pour la somme de 1$, pour possession immédiate à la condition que la Ville réhabilite la propriété dans sa totalité, écrivait alors M. Nussbaum à la mairesse Bélisle. À défaut d’intérêt, la CCN entreprendra les démarches pour enclencher le processus de disposition de cet actif immobilier.»
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La réponse de la mairesse de Gatineau est venue le 8 mai dans une lettre dont le ton est sans équivoque. «Je dois avouer être non seulement choquée, mais profondément préoccupée par la véritable intention de l’organisation dans cette proposition considérant la réalisation de sa mission, a écrit Mme Bélisle. Comment se fait-il que cette maison ait reçu si peu de considération et se soit détériorée à ce point? Vraisemblablement, la société de la Couronne n’a pas accordé la protection requise à notre patrimoine. Je trouve étonnant que vous en arriviez à la conclusion de proposer à la Ville de louer cette propriété avec des conditions de réhabilitation totale plutôt que d’assurer votre responsabilité a priori.»
En mêlée de presse, mardi, la mairesse a ajouté ne pas comprendre comment la CCN «en toute logique a pu penser qu’on accepterait un cadeau empoisonné comme celui-là». La mairesse a néanmoins accepté la proposition de la CCN, mais à la condition que cette dernière investisse pour restaurer la maison laissée à l’abandon depuis 15 ans, une contre-offre que la CCN a rejetée du revers de la main.
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«Je me questionne quant à la valorisation des actifs du portfolio de la CCN sur le territoire gatinois à la lumière des investissements des dernières années. J’ai souvent été témoin d’expressions d’intérêt par des promoteurs très sérieux, mais peu d’initiatives se concrétisent ou répondent aux besoins et exigences de la CCN. Ceci laisse des propriétés d’importance vacantes trop longtemps et prive la Ville de devenir un levier pour faire vivre notre patrimoine dans nos milieux, dans notre région.»
CCN invitée par le conseil
Le conseiller Jocelyn Blondin a pour sa part demandé, mardi, que des représentants de la CCN viennent rencontrer le conseil municipal afin de faire le point sur les plans de l’organisme fédéral pour ses nombreuses propriétés immobilières sur le territoire de Gatineau. «Il faut avoir une vision globale pour voir ce que la Ville pourrait prendre en main et acquérir, a-t-il précisé. Il y a plusieurs bâtiments dont la CCN ne s’occupe pas.»
Dans sa lettre envoyée mardi, Tobias Nussbaum affirme que la CCN «déploie des efforts considérables pour assumer la pérennité de ses biens patrimoniaux dans le cadre de sa mission d’intendance de la région de la capitale nationale». Le premier dirigeant de la CCN affirme présentement travailler sur la revitalisation du secteur du ruisseau de la Brasserie et qu’elle prévoit investir 50 millions de dollars d’ici dix ans dans le parc de la Gatineau.