Une œuvre en l’honneur des femmes autochtones disparues et assassinées au musée de Mashteuiatsh

L'oeuvre présente 34 visages de femmes et de filles autochtones disparues au Québec.

Le Musée ilnu de Mashteuiatsh a dévoilé une œuvre commémorative réalisée en l’honneur des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées qui se veut une représentation d’espoir et de guérison pour les femmes, leurs familles et les communautés touchées par ces tragédies.


L’œuvre réalisée par l’artiste anishinabe Rosalie Mowatt est poignante. Nommée NI CIMEC NI MISES qui signifie « ma petite sœur, ma grande sœur », l’œuvre est présentée dans une forme circulaire, faisant référence à un cercle de guérison. Sur le sol, au centre, on peut y voir les visages de 34 femmes autochtones disparues et assassinées au cours des dernières décennies au Québec.

« Cette triste réalité touche femmes et filles autochtones à travers le Québec », mentionne Marjolaine Étienne, la présidente de Femmes autochtones du Québec.

À travers les photos, on peut aussi voir un code QR, qui amène le visiteur vers un reportage de la CBC. Ce reportage présente des données blessantes. On y apprend que 307 femmes autochtones ont été assassinées ou sont portées disparues depuis les années 1950 au Canada, dont 17 dans les années 2010. 116 d’entre elles n’ont jamais été retrouvées.

« D’une roue de vélo, dont les rayons ont été retirés, pendent des rubans dont la couleur rappelle la robe rouge, devenue symbole des femmes et des filles autochtones disparues ou assassinées. Aux extrémités, des rubans sont accrochés des clochettes de Jingle Dress, représentant la guérison. Dans chacune d’entre elles ont été insérés un papier sur lequel est inscrit le nom et l’âge d’une de ces femmes ou de ces filles », peut-on lire sur un panneau décrivant l’œuvre commandée par Femmes autochtones du Québec dans l’objectif de sensibiliser la population autochtone et allochtone à la crise nationale des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées.

Au plafond, on peut apercevoir un ciel étoilé, représentant les femmes « qui nous ont quittés et qui veillent sur nous », remarque Marjolaine Étienne.

« Cette œuvre va permettre aux familles de commencer à se guérir, mais l’œuvre sert aussi à sensibiliser la population à cette triste réalité de femmes autochtones disparues et assassinées », ajoute la femme qui souhaite que le gouvernement du Québec reconnaisse le racisme systémique afin de trouver des solutions pour éviter la disparition et la mort d’autres femmes autochtones.

Marjolaine Étienne, présidente de Femmes autochtones du Québec.

« C’est important qu’on se souvienne et qu’on n’oublie pas, parce que c’est ce qui nous permet d’avancer et d’aller plus loin », a souligné Guylaine Simard, vice-chef aux relations avec les Premières Nations et les gouvernements.

« Nous devons poursuivre la sensibilisation et la prévention de la violence exercée contre les femmes des Premières Nations », a renchéri Carline Lambert, la directrice générale de Puaketeu, un comité de femme de Mashteuiatsh, qui estime qu’une telle œuvre permet de donner voix à celles qui sont disparues.

Des familles des victimes et des femmes du comité Puaketeu de Mashteuiatsh ont aussi collaboré à l’œuvre, en fabriquant plusieurs petites robes rouges. Certaines de ces robes ont notamment été créées lors d’un atelier d’art-thérapie mené par Sonia Robertson. « Chaque petite robe permet de rendre hommage aux femmes disparues », souligne l’artiste.

De petites robes rouges ont été confectionnées par les familles de femmes disparues et par les membres du comité Puaketeu.

Plusieurs femmes du comité Puaketeu ont participé au dévoilement de l’œuvre, dont Aïka Raphaël, qui a fabriqué une des petites robes rouges. « On devient des porte-parole de ces femmes disparues et la robe est une symbolique importante », dit-elle.

D’autres participantes ont aussi fait des témoignages chargés d’émotion et de rires. « On rit tout le temps nous les Innus », a mentionné Mariette Étienne, une aînée, après avoir fait un partage en nehlueun, car c’est dans sa langue qu’elle est en mesure de bien décrire les émotions.

« Le rire est un moyen de guérison », a par la suite ajouté Aïka Raphaël, ajoutant que le comité Puaketeu organise des activités de rigolothérapie.

« On devient des porte-parole de ces femmes disparues et la robe est une symbolique importante », estime Aïka Raphaël.

Cette œuvre, qui a d’abord été exposée au Musée Huron-Wendat, a été présentée dans le cadre de la Journée annuelle de commémoration des femmes et filles autochtones disparues et assassinées. Elle sera exposée au Musée ilnu de Mashteuiatsh jusqu’à la fin de l’année. L’œuvre poursuivra par la suite sa tournée pour rejoindre le plus de gens possible, souligne Marjolaine Étienne, qui espère rendre le monde plus sécuritaire pour les jeunes femmes autochtones.