Balraj Singh Nijjar, 21 ans, a déclaré que son père rencontrait des agents du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) « une ou deux fois par semaine », y compris un ou deux jours avant le meurtre du 18 juin. Une autre réunion était prévue deux jours après sa mort.
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Les réunions ont commencé en février et sont devenues plus fréquentes au cours des trois ou quatre mois suivants, a-t-il dit mardi dans une entrevue.
Il a déclaré qu’il avait également assisté à une réunion entre son père et la Gendarmerie royale du Canada (GRC) l’année dernière, au cours de laquelle ils avaient été informés des menaces de mort contre M. Nijjar.
Il a été conseillé à son père de « rester à la maison », a-t-il raconté.
Hardeep Singh Nijjar, fervent partisan du mouvement indépendantiste qui milite pour une patrie sikhe distincte au Pendjab, le Khalistan, a été abattu par deux hommes masqués dans le stationnement du lieu de culte « Guru Nanak Sikh » de Surrey, le gurdwara qu’il dirigeait.
M. Trudeau a révélé lundi en Chambre que les services de renseignement enquêtaient sur des informations « crédibles » concernant « un lien potentiel » entre le gouvernement indien et cet assassinat.
Le gouvernement indien a formellement nié ces allégations, les qualifiant d’« absurdes et motivées ».
Au fil des années, Balraj Singh Nijjar a affirmé que son père avait reçu des centaines de messages de menaces lui demandant d’arrêter son plaidoyer en faveur de l’indépendance sikhe.
« Si vous n’arrêtez pas de parler du Khalistan, nous vous tuerons. Nous savons où vous habitez. Nous savons que vous allez dans ce gurdwara. »
— Balraj Singh Nijjar, à propos des messages.
Il a évoqué qu’ils signalaient toujours les menaces à la police, mais que ni lui ni son père ne voulaient se cacher, et qu’ils se sentaient protégés par la loi canadienne.
« Nous ne nous inquiétions pas de la sécurité parce que nous ne faisions rien de mal. Nous utilisions simplement la liberté d’expression », a-t-il dit.
Gilet pare-balles
Gurpatwant Singh Pannun, porte-parole du groupe « Sikhs for Justice », établi aux États-Unis, et proche collaborateur de M. Nijjar, affirme que le Canadien avait demandé aux autorités s’il devait porter un gilet pare-balles dans les semaines précédant son assassinat, en juin.
L’avocat new-yorkais affirme que M. Nijjar a posé des questions sur le gilet en avril ou en mai, et les autorités canadiennes ont répondu qu’elles ne pouvaient pas lui en fournir un.
M. Nijjar lui avait également dit, un an plus tôt, que les autorités canadiennes l’avaient informé d’une menace pour sa vie, a dévoilé Me Pannun lors d’une entrevue, mardi.
Il a indiqué que cet appel est survenu peu de temps après la mort par balle, en juillet 2022, de Ripudaman Singh Malik, qui avait été acquitté dans l’affaire des attentats terroristes à la bombe contre Air India en 1985.
Un rapport du gouvernement canadien de 2005 concluait que les attentats à la bombe qui ont tué 331 personnes étaient le résultat d’une conspiration des séparatistes sikhs Khalistanais « planifiée et exécutée » au Canada. Un seul homme, le fabricant de bombes Inderjit Singh Reyat, a été condamné.
« Il m’a appelé et [pour la] première fois m’a dit spécifiquement que les agences canadiennes lui avaient dit que la prochaine cible pourrait être M. Nijjar », a déclaré Me Pannun, faisant référence à sa conversation avec Hardeep Singh Nijjar.
Il a affirmé que les autorités canadiennes ont dit à M. Nijjar qu’il ne devrait pas se rendre à son gurdwara aux heures habituelles et qu’il devrait éviter d’être vu en public.
M. Pannun a dit qu’il n’était pas au courant des précautions que M. Nijjar aurait pu prendre pour protéger sa sécurité personnelle, mais il pense que son ami a choisi de vaquer à ses occupations quotidiennes malgré les avertissements parce que sa campagne au Canada était pacifique.
« Puisque le référendum au Khalistan est un processus pacifique et démocratique, et qu’il se déroule au Canada, où la liberté d’expression est intrinsèquement un droit démocratique fondamental », a soutenu Me Pannun.
L’Inde a toutefois un point de vue très différent, et a précédemment accusé Me Pannun et Hardeep Nijjar de terrorisme et de séparatisme.
M. Nijjar avait été le principal coordonnateur au Canada d’un référendum mondial non officiel sur l’indépendance des sikhs en Inde, a précisé Me Pannun.
Il a expliqué qu’il existe deux versions de M. Nijjar aux yeux du public : l’une concoctée par le gouvernement indien l’accusant de terrorisme, et la véritable version.
« Il plaidait pacifiquement pour [le] référendum au Khalistan », a-t-il dit.
En dehors de ce travail, il a déclaré que M. Nijjar aidait à soutenir les membres de la communauté dans le besoin.
Un responsable des médias à la GRC en Colombie-Britannique a déclaré qu’une demande de commentaires avait été transmise au quartier général national. Le SCRS n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires envoyée par courriel.