«C’est vraiment un privilège», s’est exclamé Jérémy Beaudoin, qui s’est dit fébrile et excité de partir en patrouille avec son père, lundi soir. «J’ai cette occasion-là de travailler dans le même service que mon père.»
«Ça représente beaucoup de travailler avec son fils. C’est le fun, a renchéri Luc Beaudoin. C’est un événement qu’on voulait vivre ensemble, patrouiller ensemble. Ça aurait pu être plus, mais on va commencer par une.»
Luc Beaudoin avait annoncé son départ à la retraite en janvier dernier. C’est Simon Fournier qui, à 39 ans, serait le plus jeune chef de police au Québec, qui doit prendre les rênes de l’organisation. Il sera assermenté mercredi.
À lire aussi: Le chef du SPVG annonce son départ à la retraite
Gatineau a un nouveau chef de police
Luc Beaudoin a œuvré au sein du SPVG durant 33 ans. Il a été patrouilleur pendant huit ans, avant de devenir sergent pendant quelques années, puis a ensuite gravi les échelons, passant de capitaine à la division de la gendarmerie, à responsable des enquêtes criminelles. Il a ensuite été directeur adjoint aux opérations, puis au soutien. Il dirigeait le SPVG depuis cinq ans. «La police a toujours été ma passion, mais je ne voulais pas que mon fils s’approprie ma passion. C’est son choix. Je suis très heureux qu’il ait choisi cette voie-là. Devenir policier c’est difficile, mais c’est le plus beau métier au monde.»
«Je n’ai entendu que du positif de mon père, a ajouté Jérémy Beaudoin. Je m’inspire de tous mes collègues, mais surtout de lui que j’ai vu tout au long de ma jeunesse gravir les échelons dans le service policier. Il a toujours fait en sorte que les policiers se sentent bien dans l’organisation.»
Souvenirs et regrets
Après plus de trois décennies au SPVG, Luc Beaudoin est sans équivoque. Certains événements l’ont chamboulé. «Comme patrouilleur, il y a des événements qu’on vit qui nous laissent des marques.»
Il se remémore entre autres un homicide dans le stationnement d’Ameublement Lefebvre, jadis, dans le secteur de Buckingham. «Chaque fois que je passe devant l’endroit, je pense aux événements, je vois la victime au sol, le suspect qu’on avait maîtrisé.»
Il s’est aussi beaucoup désolé du décès de l’agent Francis Desrochers, ce jeune policier de 28 ans qui s’est enlevé la vie, en mai 2021. «Ça nous touche beaucoup. C’est un des évènements qui m’a le plus marqué dans ma carrière.»
Quand on lui demande s’il aurait voulu faire quelque chose autrement durant sa carrière, il n’hésite pas une seconde. «On n’est pas parfaits. Je n’ai pas la prétention de dire que je l’étais», lance-t-il.
La prise en charge des différents corps de police lors de la fusion municipale de 2002 est l’exemple qui lui vient en tête. «On aurait pu prendre ça différemment, travailler avec une meilleure collaboration. Ça aurait peut-être amélioré la situation à ce moment-là.»
Avenir
Mais lorsqu’il réfléchit à l’avenir du SPVG, Luc Beaudoin est optimiste. «Je laisse un service de police en bonne santé», a-t-il affirmé.
Dans l’épineux dossier du futur quartier général, dont l’emplacement demeure encore incertain, M. Beaudoin se dit aussi convaincu que le projet sera bien géré, tant à l’interne qu’à l’externe. «C’est pour cette raison-là que je ne l’ai pas quitté avant. Il reste encore du travail à faire, les défis sont encore là, par contre ces dossiers sont en bonnes mains.»
Pendant que se règle ce chantier majeur, Luc Beaudoin, lui, prévoit profiter de la vie. «Je n’ai pas de plans présentement. Je veux m’amuser, je veux jouer dehors. On va jouer au golf, on va profiter du camping, je veux passer du temps avec mes amis. J’ai hâte d’arriver à ce moment-là pour passer à autre chose, mais vraiment j’abandonne une famille. Le SPVG c’est ma famille, c’est mes amis, c’est ma passion. La police va demeurer ma passion et le service de police va demeurer ma famille, d’autant plus que mon fils travaille dans cette grande famille.»