Action santé Outaouais, Équité Outaouais et SOS 07 ont lancé, lundi, une campagne d’envoi massif de impos pour réclamer l’amendement de l’un des articles du projet de loi 15, déposé à la fin mars par le ministre de la Santé, Christian Dubé. L’objectif: «un système de santé plus juste pour tout le Québec».
Dans sa forme actuelle, l’article 93 du projet de loi stipule que l’agence Santé Québec serait responsable de «la répartition interrégionale des ressources nécessaires […] en fonction des populations à desservir et de leurs caractéristiques sociosanitaires».
La lettre rédigée par Action Santé Outaouais, Équité Outaouais et SOS 07 demande que cet article soit amendé, lors de l’étude du projet de loi devant la Commission de la santé et des services sociaux, pour que les méthodes de calcul pour l’allocation des ressources soient rendues publiques. Les calculs devraient tenir compte du poids démographique de chaque région, mais aussi de «leurs particularités géographiques et frontalières» et des ressources humaines, financières et en infrastructures, estiment les trois organismes.
La lettre demande également que les données utilisées pour allouer les ressources soient mises à jour «tous les deux ans à la suite de consultations publiques avec les intervenants, les organismes et les citoyens» de chaque région.
Les citoyens de partout au Québec qui veulent réclamer des précisions quant à la répartition des ressources entre les régions sont ainsi invités à faire parvenir la lettre aux élus, par le biais du site Internet de SOS 07. Le message sera automatique envoyé au premier ministre François Legault, aux ministres de la Santé et des Finances, aux ministres régionaux, de même qu’aux partis d’opposition et aux membres de la Commission de la santé et des services sociaux.
Pour toutes les régions
Tout en soulignant que la réalité frontalière de l’Outaouais devrait être considérée dans l’allocation des ressources en santé, M. Charbonneau note que l’amendement réclamé permettrait aussi de connaître les modalités entourant le partage du financement pour des régions ayant des particularités diverses, notamment pour celles où le territoire est très vaste.
Action santé Outaouais, Équité Outaouais et SOS 07 reconnaissent aussi qu’il est normal que les régions offrant des soins ultraspécialisés, comme Montréal et Québec, reçoivent du financement spécifiquement pour ces services offerts à des patients de partout en province.
Le directeur d’Action santé Outaouais, Mathieu Charbonneau, juge que l’étude du projet de loi 15 «est une occasion à saisir pour assurer que la loi garantisse une équité interrégionale dans le financement de la santé et des services sociaux».
«C’est vraiment important que le calcul de la répartition des ressources entre les régions soit transparent, qu’il soit rendu public et qu’il tienne compte d’indicateurs et de critères explicites […] pour s’assurer que les régions qui sont désavantagées puissent connaître un rattrapage», ajoute le directeur d’Action santé Outaouais.
La réforme soumise par le ministre Dubé revêt un caractère «historique», souligne M. Charbonneau. «Qu’on parle de financement, d’équité interrégionale, de décentralisation ou de privatisation, ça prend des débats sociaux, des débats démocratiques en bonne et due forme», insiste-t-il.
Des résultats qui se font attendre en Outaouais
Dans le cas de l’Outaouais, l’Assemblée nationale avait adopté à l’unanimité, à l’automne 2019, une motion reconnaissant le sous-financement de la région dans divers domaines – dont la santé – en raison de sa proximité avec l’Ontario.
Trois ans et demi plus tard, les organismes qui militent pour des améliorations dans le réseau régional ne sont pas impressionnés par l’avancement des choses. «Depuis l’adoption de la motion à l’Assemblée nationale, il y a très peu de résultats concrets, estime Mathieu Charbonneau. Le futur hôpital est une excellente nouvelle pour la région, mais ça ne doit pas être un prétexte pour dire ‘on a donné quelque chose d’important à l’Outaouais, on en a assez fait, tout est beau’, alors qu’on voit que tant en milieu urbain que rural, les services sont insuffisants, il y a des bris de services un peu partout. […] Il ne faut pas qu’avec ce projet de loi, on accentue la centralisation et la perte de contrôle démocratique de l’ensemble des populations sur le réseau de la santé.»