Napoléon, Ridley Scott
Il y a bien longtemps que le cinéaste Ridley Scott ne nous avait pas livré un grand film, comme il l’a si souvent fait durant sa longue carrière. Sans être parfait, Napoléon redonne ses lettres de noblesse au réalisateur.
Le défi était colossal. Le réalisateur de Gladiateur a centré l’histoire autour de l’ascension fulgurante du général Napoléon Bonaparte à la tête de la France à travers le prisme de sa relation tumultueuse avec son grand amour, Joséphine, ses tactiques militaires et politiques, ainsi que les grandes batailles qui ont fait sa renommée. Pour porter une telle histoire, il fallait un acteur d’exception. Et Joaquin Phoenix (oscarisé pour Joker) remplissait toutes les cases.
Sans être digne des plus grands chefs-d’œuvre du cinéaste âgé de 85 ans (Blade Runner, Alien, Gladiateur), Napoléon demeure son film le mieux réussi en près d’une décennie.
Présenté au cinéma et sur Apple TV+. TT
Ru, Charles-Olivier Michaud
Adapter un livre pour le grand écran comporte son lot de défis. Mais, avec Ru, Charles-Olivier Michaud réussit merveilleusement l’exercice. Pourquoi? Principalement parce que le long métrage conserve l’aspect littéraire de l’œuvre de Kim Thúy.
À travers une succession de petits tableaux, le film porte ainsi un certain lyrisme et met de l’avant la propre histoire de l’écrivaine. Si Kim Thúy quitte à dix ans le Vietnam avec sa famille comme boat people, ils ont toutefois dû s’arrêter dans un camp de réfugiés en Malaisie avant de prendre finalement un avion vers le Québec.
À l’aube du temps des fêtes, Ru, qui signifie « bercer » en vietnamien, débarque dans le paysage culturel comme une longue étreinte qui nous réconforte. LH
Présenté au cinéma
Je verrai toujours vos visage, Jeanne Herry
Peut-on tout pardonner? Jusqu’où peut aller la rédemption des criminels? Dans son troisième long métrage, la cinéaste française Jeanne Herry nous bouleverse profondément en présentant une fiction d’une véracité confondante sur la justice réparatrice.
Dans cette fiction, la réalisatrice nous offre deux trames narratives distinctes. La première suit un groupe de trois victimes (Grégoire, Nawelle et Sabine). Dans la deuxième, il est question du cheminement de Chloé, victime de viol incestueux de la part de son frère ainé. Dans les deux cas, la cinéaste démontre une maitrise sans faille d’un sujet pour le moins méconnu, et rarement mis de l’avant au cinéma. Les dialogues sont percutants, et les acteurs jouent avec une telle authenticité qu’on a l’impression de voir de véritables victimes d’infraction, même chose pour les détenus. Un des films marquants de l’automne. TT
Présenté au cinéma.
Priscilla, Sofia Coppola
Réduite à un rôle de soutien dans le drame biographique de Baz Luhrmann sorti en 2022, Priscilla Presley vole cette fois la vedette à son célèbre mari dans Priscilla, une œuvre intimiste signée Sofia Coppola. Inspiré de la biographie Elvis and Me, écrite par Priscilla Presley, le film se veut un récit sur les coulisses de la relation amoureuse inattendue entre une étudiante de 14 ans et la vedette du rock’n’roll, Elvis Presley.
Sofia Coppola est loin de nous montrer seulement les côtés toxiques de la relation entre les deux protagonistes. Le film nous montre la tendresse à leurs débuts, ainsi que les moments d’euphorie lors de l’arrivée de Priscilla dans le quotidien d’Elvis. Gagnante du prix de la meilleure actrice au dernier festival de la Mostra de Venise, Cailee Spaeny brille à l’écran. Son interprétation sobre, mais très convaincante de Priscilla Presley est impressionnante. TT
Présenté au cinéma.
Anatomie d’une chute, Justine Triet
Vainqueur de la prestigieuse Palme d’or au dernier Festival de Cannes, le film raconte l’histoire de Sandra Voyter, Samuel Maleski et de leur fils malvoyant Daniel, âgé de 11 ans, qui vivent à la montagne. Un jour à la suite d’une promenade, Daniel retrouve le corps de son père tout près du chalet. Accident? Suicide? Meurtre? C’est le mystère total! L’enquête est ouverte et Sandra est inculpée de meurtre.
Habilement, le film nous plonge dans le doute. Non seulement par le mystère entourant la mort de Samuel, mais surtout par la manière dont Justine Triet raconte son histoire. Car comme un vrai procès, notre perception du crime change à mesure que nous apprenons de nouvelles informations... TT
Présenté au cinéma
Les jours heureux, Chloé Robichaud
Chloé Robichaud offre avec Les jours heureux un magnifique contraste entre une musique classique qui élève, et qui émeut, et une relation familiale toxique. En cultivant les nuances, la cinéaste met surtout en scène un fabuleux duo d’acteurs formé par Sophie Desmarais et Sylvain Marcel. Dans ce long métrage à la fois intimiste et grandiose, la charismatique Desmarais incarne une chef d’orchestre prometteuse, sous l’emprise de son père et gérant (Marcel), un homme manipulateur et narcissique.
Dans ce duel père-fille, Sylvain Marcel et Sophie Desmarais offrent de magnifiques prestations, parfois explosives, mais surtout faites de 1000 nuances. TT
Présenté au cinéma.
Testament, Denys Arcand
Controversé avant même sa sortie, le nouveau Denys Arcand était attendu de pied ferme. Cynique, le vétéran réalisateur? On pourrait le croire avec la brochette de stéréotypes qu’il nous sert dans Testament. Rémy Girard renoue ici avec le réalisateur du Déclin de l’empire américain et des Invasions barbares en se glissant dans la peau de Jean-Michel Bouchard, archiviste vieillissant et solitaire. Il n’attend plus rien de la vie, même qu’il contemple la mort avec un genre de soulagement. Le monsieur ne se reconnaît plus dans l’air du temps, il vit une sorte de crise existentielle.
On sent qu’à l’instar de son personnage principal, le cinéaste est songeur devant la plus jeune génération. Loin d’être subtil, le portrait absurde qu’il brosse des militants vingtenaires pourrait lui valoir l’étiquette de réactionnaire. Les raccourcis, qui deviennent vite agaçants dans un film réalisé avec aplomb, s’estompent quand le cinéaste met davantage ses énergies sur le cœur.
Présenté au cinéma
Le plongeur, Francis Leclerc
Phénomène littéraire signé Stéphane Larue, le roman Le plongeur a rallié les lecteurs avec sa description hyperréaliste de l’univers de la restauration, doublée du portrait plus grand que nature d’un jeune homme dépendant au jeu.
Francis Leclerc porte l’œuvre à l’écran avec beaucoup de bagout, mais un angle d’attaque plus propre et poli que l’impression laissée par le bouquin.
Avec le scénariste Éric K. Boulianne, le cinéaste offre une adaptation rythmée, fidèle à l’esprit du roman. Moins une couche de crasse et de honte, disons.
Offert en vidéo sur demande.