En fait, le terme « pause » n’est peut-être pas le plus approprié, car l’artiste originaire de Chicoutimi n’a « pas arrêté », entre son dernier spectacle en 2019 et le lancement, ce vendredi, de son opus intitulé Les gens qu’on aime. Il a simplement fait autre chose, dans l’ombre.
Autre chose, c’est notamment un voyage de quatre mois en sol africain, la mise en scène des spectacles de Yannick De Martino et d’Étienne Coppée, la réalisation d’un EP pour Velours Velours, l’organisation du festival La Noce, de même que beaucoup de travail dans le communautaire dans son chez lui des Hautes-Laurentides. Où il prend plaisir à côtoyer des gens « qui se crissent ben » de qui il est et de ce qu’il fait.
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« Je n’ai pas arrêté deux secondes, j’ai tout simplement refusé toutes les entrevues et les shows », résume-t-il candidement, au cours d’un généreux entretien téléphonique accordé au Quotidien. Après cinq ans de tournée intense et trois albums assez sombres, il a eu l’impression, en 2019, de commencer à s’enliser. Pas un burn-out, dit-il, mais une baisse d’énergie. Pas une écœurantite, mais le sentiment d’avoir fait le tour.
« Je me suis dit : bon, je vais aller voir ailleurs et si à un moment donné j’ai quelque chose d’autre à dire que ça, je reviendrai, sinon, ce n’est pas plus grave », partage Philippe Brach. Il le répétera à plusieurs reprises : il aurait très bien vécu avec le fait de ne jamais revenir. Même que l’auteur-compositeur-interprète pourrait redevenir « un fantôme », prévient-il en riant, après ces deux ans de spectacles à venir.
En un temps record
Heureusement pour nous, entre la disparition précédente et celle à venir, il y a eu cette « belle bulle », qui est arrivée aussi rapidement qu’elle s’est matérialisée. L’artiste a saisi sa guitare pour une première fois en trois ans, et devant la difficulté de se souvenir de ses anciennes chansons, s’est mis à en gratouiller de nouvelles. Un an et demi de composition, puis un mois passé en studio, et Les gens qu’on aime était né.
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« Moi je suis mon instinct et ses appels, je les écoute. […] C’est venu de même. Je sentais aussi que j’avais un cycle de composition qui était comme fini. Je trouvais que les tounes allaient peut-être ailleurs, musicalement. Même au niveau des thèmes, c’est moins au je, c’est plus ouvert sur les autres, plus dans la remise en question, c’est moins dark. J’étais comme : OK, je pense que je tiens quelque chose. »
On y reconnaît bien le bon vieux Philippe Brach, dans la forme, avec « plein de buzz » différents, des passages acoustiques, des envolées instrumentales, voire orchestrales. Sur le fond toutefois, à travers les textes et la musicalité, il nous amène plus loin encore.
Chacun des titres n’est ni tout à fait sombre, ni tout à fait lumineux. Les gens qu’on aime, c’est 32 minutes de nuances, d’allers et de retours vers plusieurs petites routes qui, d’une manière ou d’une autre, se relient entre elles.
La fin du monde, et après ?
Dur à décrire, mais combien facile à écouter, l’album a quelque chose de post-apocalyptique, dans le propos. « On se fait tout le temps dire que c’est la fin du monde, j’ai écrit là-dessus dans les albums d’avant, mais je me disais : c’est beau, toute chie, what’s next, qu’est-ce qu’on fait ? Je pense que c’est un album qui appelle au mouvement, à l’action, à aller vers l’autre », indique Philippe Brach.
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Bien sûr, c’est là un résumé un peu « grossier », énoncé avec peu de recul sur cette œuvre encore fraîche. Mais c’est un bon résumé quand même. Sur Révolution (la chanson), on en saisit un peu mieux la portée, alors que l’air accrocheur et le message un brin rêveur en viennent à se confondre à des bruits de noyade – au diable les profits à la radio !
« À la base cette toune-là, c’est un peu un exercice de style, je l’ai composée en me disant que j’allais faire une toune crissement pop qui parle de révolution, ni plus ni moins, de quelque chose de super dense, et qu’elle allait être là pour être crashée. […] C’est de dire que c’est bien beau les citations sur une petite image dans ton feed Facebook, mais à un moment donné, il faut sortir dans la rue et aller sur le terrain un peu, voir c’est quoi la vraie vie. »
Du vrai monde inspirant
Puisque le Chicoutimien d’origine ne consomme pas beaucoup de culture, c’est dans le monde qu’il trouve son inspiration. Et il n’en manque pas dans son coin de pays, les Hautes-Laurentides, où il est plus que jamais en contact avec les gens de sa communauté.
« C’est drôle, parce qu’à Montréal, je ne sortais jamais de chez nous. […] Ici, je suis dans la communauté tout le temps, je n’ai jamais vu autant de monde que depuis que je suis ici, même si je suis calissement éloigné. Ça prenait ça pour me sortir de chez nous finalement. Peut-être que je n’étais pas bien non plus entre les gratte-ciels et les stations de métro, que ce n’est pas mon buzz. »
Philippe Brach a d’ailleurs commencé à faire le plein d’humains la semaine dernière, au Café du Clocher d’Alma, dans le cadre d’un spectacle « mystère » qui a confirmé son envie de renouer avec le public. Et aux nombreuses dates prévues à son horaire jusqu’en fin 2024 s’en ajoutera même une trentaine, annonce-t-il.
« J’ai hâte à un peu de magie, d’aller dans le monde. […] Ça va être bien chargé, on va faire de la route en masse, se forger un petit burn-out, et je pense que ça va arrêter juste au bon moment, quand on va être allés voir tout le monde au Québec, on en aura profité et ça va être ça. Après ça, on fera d’autres choses. »