Les lauréat.e.s sont au nombre de huit, cette année. Parmi eux, le «militant homoérotique et capteur d’images» Evergon, originaire de Niagara Falls mais basé à Montréal, qui s’empare de l’un des six «Prix de réalisation artistique».
Trois artistes britanno-colombiens ont reçu les faveurs du jury, cette année: il s’agit des cinéastes Shannon Walsh et Nettie Wild, et de l’artiste conceptuelle Germaine Koh, tous trois de Vancouver.
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Eux aussi obtiennent le «Prix de réalisation artistique», tout comme l’Ontarien Tim Whiten, un «créateur d’images et d’objets culturels» résidant à Toronto, et le collectif FASTWÜRMS, basé à Mulmur, mais cofondé à la fin des années 70 par deux Ottaviens, Kim Kozzi et Napoleon Brousseau.
Les deux prix spéciaux, le Prix Saidye-Bronfman et le Prix de contribution exceptionnelle, ont quant à eux été respectivement remis à l’artiste visuelle Grace Nickel, de Winnipeg, et à David Garneau, un artiste et critique d’art basé à Regina.
Les peintures et dessins de David Garneau évoquent l’expérience des hommes autochtones en Amérique du Nord, tout en explorant l’identité métisse et l’histoire familiale de l’artiste.
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Ces prix viennent souligner une «remarquable contribution aux domaines des arts visuels, des arts médiatiques et des métiers d’art». Leurs lauréats reçoivent une bourse de 25 000$.
Le prix Saidye-Bronfman est considéré comme la distinction canadienne la plus prestigieuse dans le milieu des métiers d’art, et le Musée canadien de l’histoire acquiert chaque année une œuvre (ou une série d’œuvres) de l’artiste lauréat, rappelle la CAC.
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Le Musée des beaux-arts du Canada consacrera aux gagnant.e.s des GGArts une exposition mettant en vedette leur travail.
Le CAC a de son côté produit une série de portraits vidéo de chacun des lauréats. Ces vidéos se retrouvent sur le compte YouTube de l’organisme. Ces vidéos créées en partenariat avec l’Alliance des arts médiatiques indépendants seront disponibles en ligne (ainsi que sur la plateforme de divertissement d’Air Canada) de juin à novembre 2023.
«Audace»
«Les artistes qui remportent un prix cette année ont influencé nos perceptions et notre expérience de ce qu’est le Canada et surtout, ce qu’il peut devenir, en accordant une place grandissante au partage de la création artistique dans toute sa diversité et son audace», a partagé le directeur et chef de la direction du CAC, Simon Brault, par voie de communiqué.
«L’art nous invite à rester ouverts à l’inattendu, au mystère et à la découverte. [...]Les œuvres et les contributions [des artistes] façonnent nos imaginaires et laissent des traces indélébiles dans nos vies et dans notre destin comme société», a-t-il ajouté.
Prof à l’Université d’Ottawa
Evergon, aujourd’hui âgé de 77 ans, a indiqué à La Presse Canadienne (PC) qu’il espérait recevoir un jour l’un des prix d’excellence artistique, tout en confessant qu’il demeurait «sidéré» que cela se soit réellement produit.
Au fil d’une carrière s’étalant sur cinq décennies, Evergon dit avoir vu les attitudes envers son travail évoluer parallèlement à la perception de la communauté LGBTQ. Certaines œuvres jugées étaient scandaleuses il y a 40 ou 50 ans ne le sont plus de nos jours, a-t-il confié à la PC mardi 28 mars.
Albert Jay Lunt, alias Evergon, a entamé au milieu des années 70 une carrière d’enseignant en photographie au département d’arts plastiques de l’Université d’Ottawa – qu’il poursuivra aussi à l’Université Carleton (d’Ottawa) et à l’Université Concordia, à Montréal.
Expo consacrée à Evergon à Québec
Une rétrospective de l’œuvre du Montréalais est actuellement présentée au Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ), à Québec.
L’institution muséale décrit son art comme «audacieux et charnel», explorant les questions de la diversité culturelle, corporelle et identitaire.
Ses photographies abordent sans aucun tabou la nudité et la sexualité. Son portfolio comprend des photos d’hommes, dont certaines versent dans la pornographie, ainsi que des autoportraits nus.
Son travail «révèle un monde de fantaisies et de fantasmes qui puisent dans la fiction, la mythologie et la grande peinture baroque» estime le MNBAQ, qui voit dans l’œuvre d’Evergon des «clins d’œil à la peinture sont d’ailleurs nombreux et Van Eyck, Goya, Klimt ou Hans Holbein ont ouvertement inspiré les mises en scène de l’artiste».
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Evergon a notamment réalisé une série de photographies de nu de sa mère octogénaire, qui, selon le Musée national des beaux-arts, «renouvelle la représentation du corps vieillissant comme peu d’artistes l’ont fait».
«C’est elle qui m’a défié [en me disant] “Je veux que les photos soient faites de moi, maintenant. J’ai 80 ans, je les veux maintenant“», partage-t-il. Sa mère est décédée il y a plusieurs années et l’artiste dit regretter qu’elle ne soit pas là pour assister à cette reconnaissance de son travail.