Le portrait diagnostique de la transformation alimentaire en Outaouais réalisée en collaboration avec les partenaires de l’Entente sectorielle de développement du secteur bioalimentaire montre que les trois quarts des entreprises en transformation alimentaire de la région sont actuellement en croissance. Près de 80% d’entre elles continuent de développer de nouveaux produits originaux, faits entièrement d’ingrédients locaux la plupart du temps et qui cherchent à mettre le terroir local en évidence.

La moitié des entreprises estiment que la notoriété des produits et des entreprises est un enjeu «urgent» auquel l’industrie doit s’attaquer, note l’auteure de l’étude, Chantale Doucet. «Ce qu’on remarque, c’est que les entreprises vendent facilement tous leurs produits, car il y a une forte demande, et que plusieurs souhaitent passer à une échelle supérieure, explique Mme Doucet. Malgré les diverses initiatives des dernières années pour accroître la visibilité des produits alimentaires de la région, il reste que la région de l’Outaouais est peu reconnue pour ses produits alimentaires.»

La notoriété selon les Folies Bergères

Pour Maggie Paradis qui a tenu à bout de bras la fromagerie Les Folies Bergères pendant près de 15 ans avec son conjoint Christian Gerard, accroître sa notoriété ne veut pas nécessairement dire être présent sur toutes les étagères, dans toutes les régions.

«La notoriété, selon moi, ça ne veut pas dire être présent à grande échelle, lance la fromagère. Nous, on a choisi l’échelle humaine et nous ne l’avons jamais regretté. On était en demande à Montréal, dans les Laurentides, à Toronto, Kingston, nomme-les, on aurait pu être partout, mais avant de penser vouloir conquérir des territoires il faut d’abord s’occuper de celui dans lequel on est. Pour nous, c’était clair, être présent d’Aylmer à Wakefield, à Ottawa et dans la Petite-Nation c’est ce que nous étions capables de faire. Ça ne nous a pas empêchés d’avoir de la notoriété. On n’est pas allé à Montréal, c’est Montréal qui s’est déplacé, ça n’a pas été long. On a eu une façon différente de voir les choses. Au lieu de vouloir être partout, on s’est arrangé pour que les gens de partout se déplacent ici pour venir chercher nos produits. On les faisait venir en Outaouais découvrir notre savoir-faire, notre région et notre environnement. La notoriété c’est quand tu arrives quelque part, dans une foire ou un salon de dégustation et que les gens viennent te voir en disant : ah, les Folies Bergères, enfin! C’est ça la notoriété.»

Mme Paradis affirme que c’est «un fromage à la fois» que la réputation des Folies Bergères s’est construite. Avec les années, la petite entreprise fromagère de Saint-Sixte s’était développé un réseau de clients important dans la région. «J’ai entendu bien des histoires de commandes de fromage et de charcuterie qui n’arrivaient jamais pendant la pandémie, mentionne Mme Paradis. Nous, nos clients savaient qu’ils pouvaient se fier sur moi, j’étais là pour eux et les produits qu’ils commandaient, ils les recevaient. On n’a pas cherché à aller partout, on s’est assuré de bien s’occuper de nos clients.»

Une réputation à construire

L’enquête publiée par l’ODO offre des données qui étaient jusqu’ici inédites. D’ailleurs peu de régions ont autant de détails sur leur industrie de la transformation alimentaire, note Mme Doucet. Il revient maintenant aux acteurs régionaux de les utiliser à bon escient.

«Ce qui est intéressant, c’est qu’il y a une hausse de la demande pour les produits locaux, de spécialité et biologiques, un peu partout, note l’auteure. Les produits alimentaires généralement associés à la culture francophone et au Québec apportent également une valeur ajoutée sur le territoire transfrontalier. L’Outaouais est porteuse de nombreux produits dits spécifiques qui sont peu connus, non seulement dans la région elle-même, mais aussi au Québec et en Ontario. La réputation de l’Outaouais pour ses produits alimentaires de qualité est à construire afin de procurer un avantage compétitif aux entreprises tout en renforçant le développement du territoire.»