Fin abrupte pour la fromagerie Les Folies Bergères de Saint-Sixte

Christian Gérard a été victime d'un délit de fuite sur la route 317 en décembre.

Le 24 décembre dernier, vers 10h, un conducteur a été victime d’un délit de fuite sur la route 317, dans la municipalité de Ripon. L’homme est retrouvé avec d’importantes blessures à la tête, mais les médias rapportent que les autorités ne craignent pas pour sa vie. Christian Gérard a survécu, mais sa vie et celle de sa conjointe Maggie Paradis doivent changer du tout au tout et l’Outaouais devra faire le deuil d’un fleuron régional. 


«La fromagerie c’est terminé, le troupeau de brebis est parti, on n’a pas eu le choix, affirme Mme Paradis, la fromagère des Folies Bergères, en entrevue avec Le Droit. Mon conjoint a été inconscient pendant neuf semaines après l’accident. Là, ça va mieux, la réhabilitation sera très longue, mais le pire est passé. Il parle, il n’y a pas de problème cognitif, il revient du centre de réhabilitation les fins de semaine, mais il trouve ça bien difficile de ne pas avoir d’énergie. Il va devoir se donner une chance. C’était un homme très physique, il aimait le travail, s’occuper du troupeau et il était un excellent cuisinier. Là, il trouve que son monde est pas mal petit.»

Le drame qui a secoué le couple d’anciens militaires et toute la communauté agricole de la Petite-Nation, la veille de Noël, vient mettre fin à une aventure qui a commencé en 1999 avec l’achat d’un petit troupeau de brebis à Saint-Sixte. Dix ans plus tard, Christian Gérard et Maggie Paradis fondaient la fromagerie Les Folies Bergères, la seule fromagerie fermière de la région.

Les produits des Folies bergères ne sont plus disponibles, en raison du grave incident de décembre dernier.

«C’est Christian qui était le berger et honnêtement, après l’accident en janvier, je n’étais pas en état pour m’occuper d’un troupeau de brebis au complet, explique Mme Paradis. On a eu des offres d’aide extraordinaires, la communauté agricole a été formidable, mais je ne voulais pas devenir un fardeau pour eux. C’est déjà difficile pour tout le monde. On a donc fermé la fromagerie. L’essentiel maintenant pour nous c’est de se retrouver une vie. L’important c’est la réhabilitation de mon mari. Il est bon, mais c’est un jour à la fois.»

Mme Paradis affirme avoir fait une croix définitive sur la production de formage. Elle dit qu’elle n’aurait tout simplement pas le coeur de tout reprendre de zéro. «Mon temps est passé, dit la fromagère. J’ai aimé ça. J’adorais les moments où c’était juste moi et un bassin de lait. C’était le fun. C’était de la magie. Je transformais du liquide en solide. À chaque bassin, c’était le même moment magique. On aimait nos brebis, on aimait nos vies. Maintenant, ça va devoir être autre chose.»

Les derniers produits

Certains rares fromages des Folies Bergères sont peut-être encore disponibles sur les tablettes de certains détaillants de la région, mais la fromagerie a décidé d’écouler ses derniers produits avec le Marché de l’Outaouais. «C’est une excellente vitrine pour les producteurs de la région et pour les clients qui souhaitent faire du magasinage de produits locaux, insiste Mme Paradis. C’est tout en ligne et on ramasse notre commande une fois par semaine. Ce n’est certainement pas pire que d’aller se taper le panier dans les allées d’une grande surface.»