Chronique|

À vouloir aller trop vite, on perd du temps

La mairesse France Bélisle

CHRONIQUE / Je regarde les choses aller dans le dossier du quartier général de police de Gatineau. Et ça me fait dire que dans la gestion des affaires publiques, on peut rarement se permettre de brûler des étapes.


La mairesse France Bélisle et le comité exécutif ont voulu aller très vite dans ce dossier. Trop vite. Sous prétexte que le temps presse, ils ont cherché à s’éviter l’étape des consultations publiques. Et les voilà confrontés au syndrome du pas dans ma cour, peu importe le terrain qu’ils désignent pour accueillir le futur QG, que ce soit le site Guertin, celui des Hautes-Plaines ou un autre.

Il faut savoir que sur les 5 sites retenus par la ville pour accueillir le futur QG de police, 4 nécessitent un changement de zonage. Or dès qu’on parle d’un changement de zonage dans une ville, il faut envisager que des citoyens s’y opposent en demandant un référendum sur la question. On a très souvent pesté, parfois avec raison, contre la loi québécoise qui autorise ainsi une minorité de citoyens à bloquer d’immenses projets.

Il reste que cette loi existe pour une raison: obliger les élus à expliquer leur choix et à justifier leurs décisions. Ce qui est tout à fait normal dans une démocratie. Chaque fois que des élus essaient de passer outre à cette règle, ils se mettent dans le trouble.

Dans le dossier du QG de police, la mairesse Bélisle admettait à demi-mot, mercredi matin, que son administration aurait pu mieux communiquer avec la population. Mieux expliquer les enjeux, immenses et importants, liés au déménagement du QG de police. La population a été prise de court. Le dossier a atterri pour la première fois au conseil municipal en novembre dernier. Et déjà, on annonce à des citoyens qu’on va installer un QG de 200 millions dans leur cour. On serait surpris à moins!

Ceci dit, c’est vrai que le temps presse.

S’il faut déménager au plus vite les policiers, c’est non seulement que le poste actuel est désuet, c’est aussi pour céder le terrain au futur hôpital. L’opération est délicate. On sent Gatineau sous pression pour que l’opération se déroule sans anicroche. Le ministère de la Sécurité publique a Gatineau à l’oeil. La Ville veut à tout prix éviter de se retrouver sous tutelle.

Pour faire avancer les choses, la mairesse a mis énormément de pression politique sur le conseil municipal. Trop. Dès le départ, le comité exécutif a tenté d’imposer le choix du site de Guertin. En sous-estimant grossièrement la levée de boucliers qui allait suivre, autant parmi les élus que dans la communauté. Les élus se sont ensuite rabattus sur le site des Hautes-Plaines qui suscite aussi une levée de boucliers…

Comment s’en sortir?

Peut-être qu’on devrait commencer par débattre en public des avantages et des désavantages des 5 sites potentiels pour le futur QG de police. Ça n’a pas été fait. Les élus ont beaucoup discuté du site Guertin, puis du site des Hautes-Plaines. Mais très peu du parc des Draveurs, un plan B envisageable, selon moi. Ni du terrain de soccer sur Saint-Rédempteur, seul terrain potentiel qui n’implique pas de changement de zonage.

La mairesse réclamait un vote final sur le choix du site dès novembre dernier. Puis l’objectif a été reporté. Aux dernières nouvelles, elle espérait obtenir une décision finale mardi prochain. Je ne vois pas comment elle ralliera son monde en si peu de temps. Le conseil est divisé comme jamais. Certains élus réclament de véritables consultations, d’autres qu’on reprenne à zéro l’analyse des sites potentiels.

On ne gagne jamais rien à vouloir sauter des étapes dans le domaine public. Rappelez-vous la saga de l’aréna Guertin. Dans ce dossier aussi, des élus ont cherché à sauter des étapes pour économiser des coûts. Ça a fini par prendre plus de temps, et par coûter plus cher…