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Après trois années à se faire très discret, le Gatinois Guy Perreault remonte sur scène. Le slameur, poète, conteur et chansonnier se pointera au Cabaret La Basoche d’Aylmer, vendredi 17 mars à 20 h, pour ses «retrouvailles» avec le public.

Son nouveau spectacle, intitulé Qu’alors y faire» tenu dans le cadre de la FrancoFête organisée par Impératif français, sera pour Guy Perreault l’occasion de déposer quelques nouvelles compositions, «textes et prétextes à chansons pour déjouer l’air du temps», dit-il.

Car le temps file, mais le monde, lui, stagne, la Terre perd la boule et l’époque a triste mine, suggère-t-il.

Le titre, le lecteur alerte l’aura sans doute pressenti, est un de ces jeux de mots qu’affectionne Guy Perreault, et dont il a le secret.

L’idée du spectacle est partie d’un constat : «La planète se réchauffe, alors... ‘calorifère’?» lance le poète.

Il a alors entrepris d’articuler son spectacle autour d’une chanson qu’il avait composée en 1990, et dans laquelle il «dénonçait déjà tous les problèmes que la Terre connaît : le climat, la pollution, la consommation». Cette ritournelle, Moi la Terre, avait d’ailleurs été primée par la SOCAN (Société canadienne des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique).

«Je me suis demandé quelle couleur pouvait avoir cette chanson en 2023, partage Guy Perreault. J’ai l’impression qu’on en est au même point [de laisser-faire écologique]. Je m’astreins à un certain réalisme, mais je me pose la question : après les accords de paris et [autre] Protocole de Kyoto, après les COP 27, 28 ou 58 – dans 20 ans, on va sans doute être au même point, sinon pire... il n’y a peut-être plus rien à y faire, sinon en rire...»

Cette idée en forme de question, cette «recette», il l’a ensuite appliquée à d’autres textes, slamés ou chantés, qui avaient pris de la bouteille, et qui, comme le bon vin, lui semblaient n’avoir pas trop mal vieilli.

C’est par exemple le cas de Déchaînons les vieux, que Perreault chantait déjà en 1980. La société continue de vieillir, et la crise pandémique dans les CHSLD, cette «interruption brutale de la vie telle que nous la connaissions», nous a fait réaliser «qu’ils sont aujourd’hui de plus en plus enchaînés». Pour eux, «la situation s’est dégradée, elle aussi. C’est le même constat. Alors.... qu’alors y faire?» grince l’artiste de 69 ans.

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Un autre ingrédient s’est ajouté : la religion, qui «passe au cash» dans un autre texte. «Les pensionnats autochtones, [voilà] un autre sujet qui m’a interpellé. Ça fait longtemps que la religion joue dans les culottes des enfants. J’ai un peu l’impression de me répéter, mais c’est le même constat [sombre]. Mais qu’alors y faire? Bon, bien, on finit par en rire jaune.»

«Steppettes»

«Bien sûr, le spectacle est émaillé de toutes sortes de ‘steppettes’. Je me fais plaisir. Je me paie la traite et je paie la traite au public», poursuit l’auteur-compositeur-interpoète, qui, à part quelques spectacles de «spoken word» donnés sur la scène slam ou littéraire, a plutôt boudé la chanson, ces dernières années.

Avec Slam Outaouais, «je me suis classé; j’ai refait le Grand Slam à Montréal, où je me suis planté lamentablement, parce qu’il y a beaucoup de jeunes, une relève solide, dans le milieu slam», confesse Perreault, qui en 2011 s’était emparé de la médaille d’or du Grand Slam, la compétition québécoise de slam. Cette victoire lui avait permis d’aller défendre les couleurs de la province à la Coupe du Monde de poésie, tenue l’année suivante à Paris, où il a remporté la deuxième place.

«À 69 ans, j’ai moins d’énergie. La pandémie a fessé fort, constate-t-il. Mes musiciens se sont éparpillés, mes réseaux se sont démantelés. Je me suis demandé si l’idée de repartir sur scène me tentait encore... »

«Des apparitions en slam, bon, OK ça va, mais un spectacle en bonne et due forme? Il a fallu Jean-Paul Perreault, mon homonyme, pour réussir à me sortir de ma léthargie», rigole-t-il en évoquant le président de l’organisme Impératif français, un vieux copain.

Pendant qu’il tripotera sa guitare, Guy Perreault sera accompagné d’un autre vieil ami, le pianiste Jean-Pierre Picard, qui l’accompagnait sur scène à l’époque des «Contes de Perreault».

Ce complice musicien, qui était parti vivre dans l’Ouest canadien, est récemment revenu en Outaouais. Perreault n’ayant pas réussi à «rapailler» à temps ses anciens musiciens, dont certains sont aujourd’hui à Montréal, le duo a monté le spectacle dans les 6 semaines qui leur étaient imparties.

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Bondé

Les billets pour leur show à La Basoche se sont envolés si vite, qu’on a décidé cette semaine d’enlever toutes les tables. Exit, donc, la formule cabaret: on reconfigure un peu le mobilier de façon à accueillir davantage de monde, en cordant des rangées de chaises (le public ne sera donc pas debout, tel qu’indiqué dans la version précédente de ce texte).

«La salle est pleine. Le public va être cordé un peu... Je suis un peu porté par la surprise, mais je constate que les gens ont soif de» ce répertoire qui marie avec bonheur «l’humour et l’esprit». J’ai bien fait de rester vivant sur les scènes d’expression orale, les rendez-vous littéraires et poétiques», ricane-t-il.

«Ma fille va être là, avec mes petits enfants. Je vais leur faire une chanson. Elle s’appelle Ne fais pas comme moi. Ça dit que t’es bien mieux de devenir comptable ou avocat que poète, ha! ha! ha!» s’esclaffe-t-il, réjoui de «la chanter pour la génération suivante». À la ville, l’homme est traducteur.

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Guy Perreault s’est fait remarquer en 1981 lorsqu’il a remporté le premier prix du Festival de la chanson de Granby, dans la catégorie auteur-compositeur-interprète.

Le chansonnier a signé deux albums, Terra Nostra (1996) et Shalom (2004), un live tiré d’un spectacle éponyme, et publié un recueil de poésie Tu prendras parti et je prendrai… par là (2007; Écrits des Hautes-Terres). Il s’est produit jusqu’en France et en Suisse.

En 2013, lors de la 14e édition du Gala des Culturiades en Outaouais, on lui remettait l’un des deux Prix d’Excellence.

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Billets (13$ ; 19$ à la porte) : Le point de vente

Renseignements : FrancoFête

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