Un regard moins colonial au Diefenbunker, dans deux nouvelles expositions permanentes

L'exposition «An Inuit Story: The DEW Line», consacrée aux effets de la Guerre Froide sur les populations de l'Arctique, est l'une des deux nouvelles expos permanentes que présente le Diefenbunker. Le Musée canadien de la Guerre Froide fête ses 25 ans d'existence, cette année.

Le Diefenbunker, ou Musée de la Guerre Froide, à Ottawa, accueille en ses murs souterrains deux nouvelles expositions permanentes, pour découvrir l’histoire de cette période conflictuelle qui opposa le bloc soviétique au monde occidental.


Si le titre de la première exposition, Canada and the Cold War, ne surprend pas, celui de la seconde, An Inuit Story: The DEW Line, indique clairement que le Diefenbunker s’éloignera des sentiers battus, en creusant un thème qui n’avait pas été abordé dans ses corridors : la réalité des Inuits.

«Ces deux magnifiques expositions permanentes constituent une étape important pour le Diefenbunker», estime le commissaire des lieux, Sean Campbell.



Canada and the Cold War a d’ailleurs été entièrement repensée, signale-t-il. «Nous sommes fiers d’améliorer notre inclusion de récits et perspectives jusqu’ici sous-représentés et d’offrir aux visiteurs des expériences engageantes et interactives.»

Ainsi, An Inuit Story: The DEW Line constituera «la première exposition en son genre» au Diefenbunker, qui entend consacrer une galerie entière aux voix et aux points de vue inuits, et ce de façon permanente, indique M. Campbell.

Les témoignages seront présentés non seulement en anglais, mais aussi en français et en inuktitut. Les visiteurs découvriront en images les conséquences à long terme qu’a eues la Ligne DEW (la «DEW Line», pour Distant Early Warning, qu’on peut traduire par «ligne avancée d’alerte précoce») sur les peuples de l’Arctique.

Les principaux effets néfastes sont la relocalisation forcée des communautés indigènes et la gestion des déchets toxiques, mentionne le Diefenbunker, à propos de cette exposition créée en collaboration avec le Gouvernement du Nunavut.



L'inauguration des nouvelles exposition permanentes du Diefenbunker a eu lieu le 3 mars dernier. Ci-dessus, de gauche à droite, lors de la cérémonie de coupe du ruban: Deborah Kigjugalik Webster, conservatrice des collections patrimoniales du Gouvernement du Nunavut ; la présidente du conseil d'administration du Diefenbunker Susan MacLeod; le conservateur du musée Sean Campbell; et la directrice générale des lieux, Christine McGuire.

La commissaire des collections patrimoniales du Gouvernement du Nunavut, Deborah Kigjugalik Webster, a d’ailleurs partagé l’espoir que «les visiteurs réaliseront à quel point les sites traversés par la Ligne DEW ont eu un impact sur notre culture et notre peuple».

«Au Canada, la Guerre Froide s’est [aussi] déroulée sur notre territoire, elle a directement concerné nos communautés, [qui sont] habituellement oubliées des livres d’histoire».

Canada and the Cold War s’étend sur cinq salles. Elle cherche à scruter la façon par laquelle les simples gens, aussi bien que les stratégies gouvernementales, ont marqué le Canada durant cette période charnière de l’histoire du pays.

Cette exposition «globale» («comprehensive») occupe notamment un des espaces de galerie où était auparavant présenté du contenu que le Diefenbunker jugeait «dépassé», et qu’il a souhaité voir réactualisé. Ce contenu vétuste a donc tété «remplacé» par des points de vue «moderne («fresh») et pertinents». On comprend par la bande qu’il s’agit d’un regard décolonisé, plus contemporains.

Ainsi retouchée, la narration muséale se veut plus «dynamiques». Les documents visuels tirés des voûtes du Diefenbunker sont agrémentés de documents audiovisuels, d’éléments plus tactiles et d’activités.

«Canada and the Cold War constitue une ressource historique importante, qui saura mettre en lien les visiteurs avec un éventail de points de vue divers», estime Sean Campbell.



L'exposition permanente «Canada and the Cold War» du Diefenbunker a été repensée pour offrir une vision moins coloniale que dans le passé.

«Notre exposition renouvelée encourage la pensée critique, en ce qui a trait à l’héritage de notre histoire récente, un héritage qui se fait encore sentir aujourd’hui», explique le conservateur du Diefenbunker.

Ensemble, poursuit-il, ces deux expositions constituent «une plate-forme importante pour comprendre notre passé et envisager un futur plus pacifique».

Elles «donneront aux générations futures une meilleure compréhension de notre passé, et de ce que c’était que de vivre durant la Guerre Froide», a indiqué la ministre ontarienne Filomena Tassi, responsable de l’Agence fédérale de développement économique pour le Sud de l’Ontario, à l’occasion de leur inauguration, le 3 mars dernier.

25e anniversaire

Ces deux expos permanentes servent de fer de lance aux festivités qui seront organisées au fil de l’année 2023 afin de souligner le 25e anniversaire du Diefenbunker.

L’ancien bunker (une commande de l’ex-premier ministre John Diefenbaker, en 1959) a été converti en institution muséale et site historique il y a un quart de siècle, cette année.

Le Musée ­canadien de la Guerre froide (alias le Diefenbunker)

Ajouts récents

Plusieurs initiatives se sont récemment ajoutées à l’offre du musée.

Le Diefenbunker chapeaute par exemple une expérience de réalité virtuelle simulant un état d’urgence, et les préparatifs à finaliser avant de pouvoir se réfugier dans le bunker.

Un sentier interprétatif au aussi été aménagé au niveau du sol. Au fil d’un parcours ludique, le visiteur est invité à colliger des informations sur les secrets du bunker au-dessus duquel il se trouve.



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Billets et réservations : diefenbunker.ca